Conseil régional : tout le monde n'a pas la carrure du Père Noël

Le fret financé par la Région, le "cadeau" payé par vous-même

  • Publié le 7 décembre 2018 à 02:59
  • Actualisé le 7 décembre 2018 à 05:50

Un gilet jaune en guise de houppelande ne suffit pas au Président de Région à enfiler l'habit du Père Noël. Pourtant, à première vue, si un casting était lancé pour le rôle, Didier Robert pourrait s'essayer au rôle de jeune premier, hooho ! C'est que le bonhomme - sans barbe blanche mais il existe des postiches très seyants - est plutôt porté sur les cadeaux bien enrubannés. Ne vient-il pas d'annoncer que La Région " financera en partie la prise en charge des surcoûts du fret pour les produits et les marchandises entre la métropole et La Réunion " ? Si ça n'est pas gentil, ça ? Pas de doute, c'est Noël. Reste à savoir qui va réellement payer la facture, une fois la fête finie et les lampions éteints.

Prendre en charge une partie du coût du fret, c'est louable. Qui aurait le mauvais goût de reprocher au Président de Région d'apporter l'obole de la Pyramide inversée pour faire baisser les prix dans les rayons des magasins ? Sauf que si les prix baissent sur les étiquettes, le portefeuille des Réunionnais n’en sera pas mieux rempli. Pour une raison très simple : c’est que l'argent de la Région est de l'argent public. Et l'argent public vient d'où... si ce n'est des impôts ? Et donc de la poche des Réunionnais. Ce sont donc les Réunionnais qui mettent au pot pour que La Région joue les bienfaitrices et son président au Père Noël.

Les prix baisseront-ils pour autant ?

Rien n'est moins sûr. Puisque c’est la collectivité qui paie et non pas le client, les entreprises de fret pourraient être tentées d’augmenter le coût de leurs prestations au prorata de la subvention régionale. Et pourquoi les magasins baisseraient-ils leurs prix ? Le coût du fret ne les concerne pas, cela concerne le fournisseur autrement dit les fabricants et autres producteurs. Pas les magasins. Les étiquettes ne sont pas prêtes de valser sur l'air de Jingle Bells...

Les prix de l'aérien n'ont pas baissé malgré les subventions

La continuité territoriale, mise en place par Didier Robert en 2015, c’est un peu le même scénario. Certes, les Réunionnais peuvent profiter, sous condition de ressources, d’une prise en charge de 300 euros ou de 450 euros pour se rendre en métropole, ou venir à La Réunion s'ils sont installés en métropole.

Mais il y a un couac : depuis la mise en place de ce " cadeau ", les tarifs des compagnies aériennes pendant les vacances scolaires se sont envolés. Alors même que la concurrence s’est intensifiée, avec le développement des navettes Corsair sur La Réunion et l'arrivée de French Bee. Logiquement, la concurrence a pour effet de faire baisser les prix. Eh bien non. La compagnie régionale, pourtant largement subventionnée, n'est pas toujours la mieux disante sur la liaison Réunion-Métropole.

Le cadeau de la continuité territoriale profite surtout aux compagnies aériennes, tandis que les Réunionnais le financent généreusement sur leurs impôts. Ce qui rentre dans la poche droite ressort par la poche gauche. 40 millions d’euros, budget annoncé par La Région au titre de la continuité territoriale 2018, divisés par 500 000 foyers fiscaux, c’est 80 euros d’impôts pour tous, que l’on voyage ou pas, que l’on soit éligible ou pas. Un cadeau... coûteux. Mais pas pour le donateur. Car ces 80 euros d'argent public sortent directement de la poche du contribuable réunionnais. 

Donner d'une main, reprendre de l'autre

Le Président de Région se dit aussi prêt à ouvrir le débat sur l’octroi de mer. Sans effet d’annonces budgétaires pour l’instant. Cet octroi de mer, dont les taux sont fixés par la Région, a pour mission de protéger la production locale, ce qui n’est déjà pas rien, mais aussi de contribuer au budget de fonctionnement des communes.

Si l’octroi de mer est revu, voire supprimé, où les communes trouveront-elles les moyens de leur fonctionnement ? Encore une fois la seule solution sera de recourir à l’impôt pour compenser ce "cadeau". A la Région, le Père Noël donne d'une main et reprend de l'autre. 

Octroi de mer, taxe d’habitation, taxe foncière ou quel que soit le nom que l'on donne à l'impôt, c’est toujours une taxe qui va chercher l’argent dans les poches des contribuables réunionnais. A ce petit jeu là, on n'est pas prêt de sortir du cercle vicieux qui plombe le pouvoir d'achat des Réunionnais.

En conclusion, ce généreux Didier Robert, qui aime tant faire des cadeaux à ses électeurs, commet toujours la même erreur : donner d’une main et reprendre de l’autre. N'est pas Père Noël qui veut.

ml/www.ipreunion.com

guest
2 Commentaires
lamok
lamok
5 ans

@ Eric ne soit pas aussi pessimiste! visualiser en court terme n'est pas réaliste, faut voir plus loin c'est un combat, certes qui sera difficile, le combat des GJ sera et restera légitime pour le peuple, surtout pour la base ne comprend jamais seulement les nantis et ceux calqués dans leur zone de confort ! le bloquer l'économie était nécessaire pour avoir une écoute pour ces gens! faut arrêter d'être nombrilisme ! les GJ sont des vrais lanceurs d'alertes des dysfonctionnements de notre société actuelle, de manières certes pas parfait mais LÉGITIME et pas vous et moi seul !

Eric
Eric
5 ans

La ligne éditiorale anti Didier Robert est assez énervante. Quelle est votre solution, réaliste pour faire baisser les prix ? Cette prise en charge du frete sera assurée par l'Europe (qu'on aime détester), l'état et la région.
Oui il faudra cependant sanctionner les entreprises qui s'engraissent. Robert n'a jamais dit qu'il était le père noel. Le problème est que les gilets jaunes ce sont accaparés un pouvoir immense dont ils n'ont pas la légitimité : bloquer l'économie d'un île. Les politiques courbent l'échine pour satisfaire leurs revendications qui, pour certaines, sont irréalistes à court terme.