Jérémy Florès et Johanne Defay bien placés pour les Jeux Olympiques de 2020

Surf : envers et contre la cirse requin, La Réunion espère être aux JO de Tokyo

  • Publié le 25 février 2019 à 03:00
  • Actualisé le 25 février 2019 à 15:39

Pour la première fois, le surf fera son entrée aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2020 et est bien pressenti pour s'ajouter à la liste des 28 sports programmés pour Paris 2024. A La Réunion, la nouvelle est plus que bien accueillie. Malgré la crise requin qui dure depuis 2011, malgré les années d'interdiction, malgré une concurrence de plus en plus compliquée, le surf réunionnais y croit encore et compte bien prendre la vague. Dans les champions, Jérémy Florès et Johanne Defay sont les mieux placés pour être sélectionnés aux Olympiades. Mais après eux, la flamme sera difficile à transmettre... (Photo Johanne Defay et Jeremy Flores en 2016 photo d'archive RB imazpress )

"Une belle victoire ! Le surf aux Jeux Olympiques est à l’ordre du jour depuis longtemps, cela fait presque cinq ans que nous bataillons pour y arriver. C’est une reconnaissance," confie Eric Sparton le président de la Ligue réunionnaise de surf.

Dans un an, ils seront 40 surfeurs, 20 hommes et 20 femmes à participer à la toute première compétition de surf olympique au Japon, à Chiba. "C’est l’élite de l’élite. Nous avons deux Réunionnais bien placés, Jérémy Florès et Johanne Defay," poursuit Eric Sparton.

Depuis cinq saisons, Johanne Defay a gagné sa place au sein des meilleures. La numéro un tricolore brille et pour son entraîneur, Simon Paillard, sa place est presque assurée : "aucune Française n’est en mesure de prendre sa place. Pour Jérémy, cela peut-être plus compliqué. La concurrence est bien plus importante, ils peuvent être trois pour deux places," explique-t-il.

Deux Réunionnais qualifiés, nous pouvons en rêver, mais quels impacts ces Jeux peuvent avoir pour l’île, engluée dans la crise requin depuis 2011 ? "Cela va nous rebooster !," s’exclame le président de la Ligue qui y croit dur comme fer.

Pour Simon Paillard, c’est une autre histoire. "Je ne pense pas…, estime-t-il. Cela fait cinq ans que Johanne est sur le tour (World Tour - WT ndlr), elle a déjà gagné trois étapes, au début c’est ce qu’on se disait : "elle brille au premier niveau, ça va faire du bien à l’île !" et puis rien… Rien du tout, rien n’a changé."

D'ailleurs, depuis que le surf apparaît comme une discipline olympique, "Johanne apparaît sous le drapeau tricolore, pas réunionnais. C’est une grosse différence. Sur le World Tour il y a deux ans, on parlait d’elle comme Réunionnaise, ce n’est plus le cas. Il n’y aura pas de Réunionnais au JO, il y aura des Français. C’est comme ça," résume l’entraîneur.

Une génération de perdue

Et après ces champions, qui pour reprendre la flamme ? Tout le problème est là... "Nous avons encore des champions, corrige Eric Sparton : Jorgann Couzinet,  Alice Lemoigne… Mais nous sommes sur nos acquis…" Et même pour Jorgann Couzinet, sa préparation se fait en métropole.

Aujourd’hui, le nombre de licenciés est tombé à moins de 500. Ils étaient près de 1.600 en 2011, avant la Crise Requin.

"La crise requin a impacté la nouvelle génération. Elle nous a fait perdre toutes les petites catégories, cadet, junior. Nous aurons un gros trou générationnel," souffle le président de la Ligue. Avant la résurgence des attaques de squales, les écoles privées ou les clubs repéraient des élèves à fort potentiel. Ils les montaient à un niveau intermédiaire et la Ligue détectait les talents et les récupérait pour les amener vers des partenaires d’entraînement pour intégrer le pôle. "Mais toute la chaîne s’est effondrée. Les clubs survivent… Les jeunes pratiquent moins. Nous avons créer une génération de petits qui ne connaissent que les vigies*," déplore Eric Sparton.

Une forte concurrence avec la métropole

Pour le président de la Ligue réunionnaise de surf, "le gros problème reste nos permanences d’entraînement. Nous n’en avons pas assez…" Dépendants des vigies, les jeunes sportifs s’entraînent peu. Elles ne sont opérationnelles que de 9 à 15 heures et si les vagues sont trop fortes, le dispositif, inefficace en eaux troubles, ne fonctionne pas. Impossible de former des athlètes de haut-niveau dans ces conditions.

"Avant la crise, les jeunes s’entraînaient tout le temps, se souvient Eric Sparton. À 6 heures du matin avant de partir à l’école, entre midi et deux, le soir en rentrant… Aujourd’hui c’est impossible, ils attendent d’être en vigie." Les zones où le dispositif est actif sont acctuellement au nombre de cinq : Boucan, Petit Boucan, les Aigrettes, les Brisants et l’Hermitage.

Dur dur, d’autant plus que la concurrence est de plus en plus rude. "Avant, les métropolitains nous courraient derrière, maintenant nous bataillons pour rester à leur niveau," regrette le président de la Ligue, ajoutant : "dans l’Hexagone, les métropolitains surfent énormément, beaucoup plus que nous. Avec des combinaisons ils peuvent pratiquer toute l’année. Ici, nous sommes limités."

La reconstruction

Mais Eric Sparton reste optimiste. Le surf à La Réunion ne peut que remonter la pente. "J’y crois, je suis motivé et je ne vais rien lâcher ! Nous sommes partis d’une page blanche où la discipline était interdite. Nous avançons petit à petit. Peut-être pas assez vite, mais nous avançons," estime-t-il. L'entraîneur de Johanne Defay tient le même discours : "On espère tous que la crise est passagère et quelle va s'arrêter un jour. Toutes les semaines nous apprenons qu'il existe de nouveaux dispositifs, testés à Etang-Salé, Saint-Paul..."

Lire aussi => Saint-Paul et Etang-Salé : des ondes électromagnétiques pour repousser les requins

Il faut du temps pour redémarrer. Première victoire pour le surf réunionnais, les services de l’Etat ont accepté que les écoles privées et les écoles associatives soient incluses dans le dispositif VRR. "Une avancée incroyable ! Nous pouvons faire redémarrer le surf," s’enthousiasme Eric Sparton.

Autre bonne nouvelle, le spot de Trois-Bassins sera bientôt ajouté à la liste des spots disposant du dispositif Vigie. "Roche-Noire et Trois-Bassins sont des sites idéaux pour l’initiation, explique Eric Sparton. Le maire de Trois-Bassins travaille avec toute son équipe, nous avançons ensemble, dans le même sens."

nt/www.ipreunion.com

* La vigie requin renforcé (VRR) est un protocole d’observation des spots de surf. Il fonctionne à l’aide de caméras sous-marines, de bateaux de plongeurs à l’eau. Des hommes à terre surveillent le flux vidéo et donnent l’alerte en cas de présence de squale. Les zones où le dispositif VRR est actif sont au nombre de cinq : Boucan, Petit Boucan, les Aigrettes, les Brisants et l’Hermitage.

 

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1 Commentaires
jiji
jiji
5 ans

La "cirse requins".... c'est un nouveau syndicat ? LOL