Découverte

Un nouveau marqueur d'athérosclérose développé par l'Université de La Réunion

  • Publié le 14 juin 2019 à 14:32

" Nous avons le plaisir de vous communiquer le lancement d'un nouveau traceur radioactif développé par une équipe de chercheurs de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et de l'Université de La Réunion. Celui se destine à repérer les plaques d'athérome présentes dans la paroi des artères et pouvant entraîner un risque d'accident cardiovasculaire " a déclaré dans un communiqué l'Université de La Réunion. Le communiqué complet est à retrouver ci-dessous. (Photo d'illustration RB/www.ipreunion.com)

Une équipe de chercheurs de l’Inserm et de l’université de La Réunion propose un nouveau traceur radioactif pour repérer les plaques d’athérome présentes dans la paroi des artères et pouvant entraîner un risque d’accident cardiovasculaire. Testée chez la souris et ex vivo chez l’humain, cette molécule appelée Darapladib se fixe spécifiquement à une enzyme surexprimée dans ces plaques et permet ainsi de localiser ces dernières par imagerie. Cette étude, parue dans ACS Medicinal Chemistry Letters, ouvre de nouvelles perspectives dans l’élaboration d’outils de prévention clinique des accidents cardiovasculaires.

Les plaques d’athérome représentent un risque majeur d’accident cardiovasculaire. Il s’agit d’amas essentiellement composés de lipides qui se fixent dans la paroi des artères et obstruent partiellement la circulation sanguine, on parle alors d’athérosclérose. Ces plaques peuvent aussi se rompre et boucher l’artère à distance, entraînant par exemple, selon l’artère concernée, un accident cardiaque ou un accident vasculaire cérébral. Actuellement, le dépistage des plaques au niveau de la carotide se fait par échographie : si l’artère est obstruée à plus de 70 %, le patient est généralement opéré pour retirer le segment obstrué. Néanmoins ce critère présentant des limites, le développement d’outils complémentaires est un enjeu pour les cliniciens.

Des chercheurs de l’Inserm et de l’université de La Réunion travaillent sur l’un de ces outils potentiels : le Darapladib. Initialement, cette molécule avait été développée pour réduire le risque d’infarctus du myocarde et de mort cardiovasculaire. En exploitant sa capacité à reconnaître spécifiquement l'enzyme Lp-PLA2 − fortement surexprimée dans les plaques d’athéromes instables − les chercheurs espéraient réussir à ralentir voire inverser le processus de formation des plaques d’athérome. Cependant la molécule n’a pas eu l’effet thérapeutique escompté. " Cela ne remet pas en cause sa très forte affinité pour la Lp-PLA2, explique Olivier Meilhac, directeur de recherche Inserm responsable de l’étude, s’en servir comme traceur au niveau de la carotide pourrait permettre de repérer des plaques à risques pour aider à prendre la décision d’opérer ou non. "

Pour en faire un traceur visible par imagerie nucléaire (tomographie par émission de positons ou TEP), l’équipe de recherche a dû transformer la molécule originelle en molécule radioactive. C’est en effet le signal radioactif qui est détecté par la machine et qui permet d’observer les sites de fixation du Darapladib dans l’organisme. Cette nouvelle application pour ce médicament obsolète a fait l'objet d'un brevet déposé par Inserm Transfert et l'université de La Réunion.

Les chercheurs ont ensuite testé leur Darapladib marqué radioactivement au fluor-18 en le comparant à du glucose radioactif (18F-FDG) utilisé en routine pour suivre les cellules cancéreuses. Ils ont injecté l’un ou l’autre de ces produits par voie sanguine chez des souris atteintes d’athérosclérose puis ont observé les vaisseaux touchés par TEP. Ils ont constaté une concentration importante de Darapladib au niveau des plaques alors que le signal du 18F-FDG était faible.

Puis ils ont incubé ces produits avec des fragments de carotides humaines présentant des plaques d’athéromes provenant d’interventions chirurgicales et ont observé les mêmes résultats.

Grâce à de futurs essais précliniques et cliniques, il va maintenant falloir confirmer l’intérêt de diagnostic clinique du Darapladib et vérifier si la concentration de sa cible, la Lp-PLA2, au niveau de certaines plaques est véritablement associée au risque de rupture. "

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