Un "scandale" pour les syndicats

Finances publiques : un point d'accueil sur deux pourrait disparaître à La Réunion

  • Publié le 28 juin 2019 à 13:46
  • Actualisé le 28 juin 2019 à 13:53

Alors que les contours de la réforme de la direction des finances publiques (DGFIP) se précisent, le syndicat Solidaires Finances Publiques alertait ce vendredi 28 juin 2019 sur les dangers de cette dernière. Ils dénoncent notamment une " opération de communication " du gouvernement, qui maquillerait la suppression de plus de 300 postes avec l'instauration de " points de contact " un peu partout dans l'île, qui casseraient la chaîne de l'administration et pourraient desservir les contribuables plutôt que les aider dans leurs démarches. (Photo photo AS pour imazpress)

" Nous avons appris que des réunions se sont tenues dans le plus grand secret, avec un nombre de participants très restreints, de quatre à cinq personnes, pour décider de l’avenir des finances publiques réunionnaises. C’est proprement scandaleux " s’est indigné Pascal Valiamin, délégué régional de Solidaires.

Concrètement, ce que propose le gouvernement aujourd’hui serait la suppression des Trésoreries, et de la moitié des Services impôts particuliers (SIP) et des Services impôts entreprises (SIE) partout en France, pour les remplacer par des " points de contact ".

Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Les membres du syndicat n’en savent en réalité pas vraiment plus que ce qu’on a bien voulu leur communiquer.  " D’après les informations dont nous disposons, ces points de contact pourraient être tenus par une seule et unique personne, qui ne serait même pas forcément fonctionnaire des finances publiques, ce qui rentre dans la volonté du gouvernement d'augmenter le nombre de contractuels. D’autres points pourraient être de simples écrans numériques à disposition du public dans les mairies. C’est absurde, cela va supprimer des emplois et augmenter drastiquement le nombre d’erreur dans les déclarations d’impôts ! " s’est insurgée Magali Billard, secrétaire départementale du syndicat.

Aujourd’hui, La Réunion n’est pas encore fixée sur le sort de sa DGFIP, à l’inverse de certains départements qui ont déjà été informés des " cartographies revisitées " de leur territoire. Mais le syndicat ne doute pas que l’île ne sera pas épargnée par la suppression de ses trésoreries.

L'usager, principale victime de la réforme

Pour le syndicat, la principale victime de ce " démantèlement " sera l’usager. Il n’y a qu’à voir le nombre de personnes qui sollicitent les services des Finances publiques chaque année, ne serait-ce que pour la question des impôts. " La fiscalité est une matière compliquée, qui demande des années d’études pour bien l’appréhender. L’usager va maintenant se retrouver seul face à un ordinateur, et on va forcément observer une augmentation des erreurs dans les déclarations ". Le problème avec ces erreurs, c’est que c’est le contribuable qui en paiera le prix, peu importe qu’il soit de bonne foi ou non.

De plus, la démographie de La Réunion est aujourd’hui non seulement en augmentation, mais aussi vieillissante. S’ajoute à cela une fracture numérique plus importante encore qu’en métropole, avec une personne sur quatre n’ayant jamais utilisé internet.

Lire aussi : Un Réunionnais sur quatre ne s'est jamais connecté à internet

Le syndicat accuse le gouvernement de mener aujourd’hui une " opération de communication ". " Ils font croire aux élus locaux qu’ils répondent aujourd’hui à la demande d’un rapprochement avec les territoires isolés grâce à ces points de contact. Mais en réalité, nous allons nous retrouver avec des personnes incompétentes pour répondre à des questions complexes auxquelles ils n’auront pas la réponse. Tout ça est pensé pour passer au " tout internet ", sans prendre en considération la perte des emplois de la moitié des fonctionnaires des finances publiques – soit environ 400 personnes – ou même les erreurs que cela engendrera " conclut Magali Billard.

Des opérations de sensibilisation auprès des élus sont donc prévues pour les alerter sur la réalité de la réforme. Aujourd'hui, pour le syndicat, l'unique réelle solution serait que tout le monde joue le "jeu des impôts". La fraude fiscale est actuellement un problème de taille, malgré une augmentation des contrôles. " En 2018, il est vrai qu'on a observé une légère augmentation des sommes contrôlées. Mais cela ne signifie pas que les contrôles se sont durcis, plutôt que la fraude en elle-même est en augmentation " estime le syndicat.

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Magali Billard parle de la réforme de la DGFIP. Regardez :

as/www.ipreunion.com

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