22 % des jeunes de 17 ans fument tous les jours

Malgré la loi, les mineurs réunionnais n'ont aucun mal à acheter des cigarettes

  • Publié le 12 octobre 2019 à 16:58
  • Actualisé le 12 octobre 2019 à 17:03

L'institut d'enquêtes BVA a mené pour le Comité National Contre le Tabagisme (CNCT) une étude pour déterminer l'efficacité de la loi interdisant la vente de cigarettes aux mineurs. Des "clients mystères", des mineurs âgés de 12 et 17 ans, ont été sélectionnés afin d'évaluer l'effectivité de la mesure aujourd'hui en termes d'obligations d'affichage, d'exigence d'une pièce d'identité et de refus de vente. Les résultats ont clairement démontré une inefficacité flagrante de cette loi : en 2017, en France, 93% des fumeurs quotidiens âgés de 17 ans déclaraient acheter régulièrement leurs cigarettes chez un buraliste. Deux buralistes sur trois vendraient d'ailleurs régulièrement du tabac à des mineurs, et 10% d'entre eux à des enfants de douze ans. Des chiffres accablants, qui n'étonnent pas particulièrement les buralistes réunionnais. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

"On voit régulièrement des adolescents qui essaient d'acheter des cigarettes, et quand on leur demande leur pièce d'identité, ils l'ont comme par hasard oublié chez eux" raconte Nicolas, buraliste à Saint-Denis. Et si, d'après l'étude du CNCT, les grandes villes métropolitaines sont les plus mauvaises élèves en matière de respect de la loi - avec 92% des débitants de tabac qui vendent aux mineurs en Ile-de-France par exemple, le buraliste estime que c'est l'inverse à La Réunion.

"Dans les centres-villes, je pense qu'il est plus compliqué de se procurer des cigarettes en étant mineurs, par contre dans les petites villes ou les lieux-dits, je pense qu'il y a beaucoup plus de laxisme" détaille-t-il. Un laxisme que certains buralistes pousseraient même jusqu'à la vente de cigarettes à l'unité, chose qui est interdite.

Le buraliste avoue cependant qu'il est très simple de contourner les règles. "Si on refuse la vente à un mineur, on peut être sûr qu'un ami plus âgé viendra lui acheter son paquet très peu de temps après" explique-t-il. Le bouche à oreille est aussi une technique plutôt simple pour savoir vers quel buraliste se tourner pour se procurer du tabac.

Concernant la vente à des enfants de douze enfants, Nicolas est cependant très surpris du nombre "plutôt élevé" de buralistes qui s'y adonnent. "Je ne pensais pas que ça existait encore, c'est très jeune, on ne peut pas feindre de ne pas savoir que la personne est mineure" s'étonne-t-il. Il n'a d'ailleurs jamais vu de personnes si jeunes entrer dans son bureau pour en acheter.

Des chiffres alarmants

L'enquête a mis en lumière plusieurs éléments démontrant que la loi de 2009, qui a mis en place l'interdiction de vente de tabac aux mineurs, était largement détournée. Dix ans après l’entrée en vigueur de la mesure, on constate :

  • Une signalétique encore défaillante : plus de 40% des buralistes n’ont pas l’affichette conforme et visible.
  • Une absence de contrôle de la pièce d’identité du mineur: dans moins de 1 cas sur 5 alors que ce contrôle est un élément déterminant pour l’effectivité de la mesure
  • Environ 10% des buralistes acceptent de vendre à des enfants de 12 ans qui étaient tous non-fumeurs et les deux tiers des buralistes vendent aux mineurs à 17 ans (65,2%).
  • Si le jeune est fumeur, la vente intervient dans 93% des cas.
  • Dans les moyennes et grandes villes - métropolitaines, la loi est moins bien respectée

A noter qu'à La Réunion, selon des chiffres de 2014, un quart de la population de 18 à 75 est fumeuse, et qu'à 17 ans, 65 % des garçons et 52 % des jeunes filles ont déjà fumé une cigarette et 22 % des adolescents de 17 ans déclarent fumer du tabac tous les jours. Le tabac compte d'ailleurs parmi les produits jugés les plus facilement accessibles par les lycéens.

Lire aussi : À La Réunion 31,9% des habitants âgés de 18-75 ans sont fumeurs

Le tabac est aussi le produit psychoactif qui cause le plus de décès. En effet,  les décès directement liés au tabagisme représentent 13% de l'ensemble des décès. Par ailleurs, le tabagisme représente la 1ère cause de décès par cancer, et près d'un tiers des décès liés au tabagisme surviennent prématurément. Des chiffres alarmants, que l'Agence régionale de Santé peine à faire baisser.

as / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

 

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1 Commentaires
MovéLang
MovéLang
4 ans

10 euors le paquet de 20 cigarettes, quelle part pour le vendeur ?.1 euro la cigarette au détail, soit 20 euorsle paquet de 20, la même part de 10 euors à partager plus 10 euorsde bonus pour le vendeur.