Politique de l'habitat

Le "Plan Logement Outre-mer" au secours d'un BTP en crise

  • Publié le 4 décembre 2019 à 03:00
  • Actualisé le 4 décembre 2019 à 07:48

La ministre des Outre-mer, Annick Girardin et le ministre chargé de la Ville et du Logement, Julien Denormandie, ont signé ce lundi 2 décembre 2019 le " Plan Logement Outre-mer 2019 - 2022 ". Ce plan vise à refondre la politique d'accession sociale à la propriété, à encourager la construction et à dynamiser la réhabilitation du parc social et privé vieillissant. Un plan attendu à La Réunion où la problématique du logement est prégnante, et surtout pour le secteur du BTP plus que jamais menacé d'une nouvelle crise de l'emploi, 10 ans après celle de 2009 - 2010 où le secteur avait perdu près de 10 000 emplois (Photo rb/www.ipreunion.com)

La construction de logements à la peine à La Réunion

C’est une triste réalité sur l’île où les besoins de logements sont très importants. On recense en effet près de 28 000 demandes de logement social en attente, alors que 80% des Réunionnais est éligible à ce type d’habitat. 18 à 20% de la population vit par ailleurs dans un habitat indigne.

Le rythme de construction de nouveaux logements quant à lui peine à suivre la cadence.  Alors que La Réunion a besoin de près de 8000 logements par an pour répondre à la demande et à la croissance démographique du territoire, selon les dernières données INSEE, 6760 logements ont été autorisés à la construction entre octobre 2018 et septembre 2019.

On note également une sous-consommation de la ligne budgétaire unique, censée soutenir la production de logements sociaux. En 2018, 22 millions d’euros de la LBU n’ont pas été consommés. Ce chiffre devrait être compris entre 22 et 25 millions d’euros pour 2019.

Le secteur du BTP inquiet : 5000 emplois menacés

" Nous arrivons à la fin d’un cycle ". Ces mots du président de Région, Didier Robert, sonnent comme une véritable alerte pour le secteur du BTP, confronté à une baisse d’activité sur le chantier de la nouvelle route du littoral. Parallèlement, le plan très haut débit est lui aussi arrivé à son terme, entraînant encore un ralentissement dans le secteur.

Malgré les investissements des différentes collectivités pour soutenir la commande publique, le compte n’y est pas et le secteur est en danger comme l’ont rappelé la Fédération Nationale des Travaux Publics et la Fédération Française du Bâtiment dans un récent communiqué : " la FRBTP est d’autant plus inquiète aujourd’hui que le maintien dans l’emploi des salariés du BTP n’est plus soutenable pour les entreprises, laissant présager une suppression de 4000 à 5000 emplois et la mise en faillite de nombreuses structures ", déploraient-ils.

Une situation qui rappelle la crise de 2009 – 2010 qui avait entraîné la suppression de 10 000 emplois et la fermeture de plusieurs entreprises du secteur.

C’est dans ce contexte que la Fédération Nationale des Travaux Publics et la Fédération Française du Bâtiment ont demandé à la ministre des Outre-mer d’inscrire pour deux ans le BTP dans le dispositif de compétitivité renforcée Outre-mer. Ce dispositif prévoit des exonérations de charges patronales pour les entreprises appartenant à certains secteurs d’activités. " Cet appui permettra à l’appareil de production du BTP d’être en mesure de répondre à l’activité que générera le nouveau Plan Logement Outre-mer dès 2021 ", peut-on lire dans le communiqué. Rappelons en effet qu’un logement construit chaque année équivaut à 3 emplois crées.

Le Plan Logement Outre-mer comme bouffée d’air

Fruit des réflexions du Livre bleu des assises des Outre-mer et de la conférence logement Outre-mer, ce Plan Logement est " la réponse concrète du gouvernement à des besoins réels dans nos territoires ", souligne Annick Girardin. Ce plan s’articule autour de 4 axes et 77 mesures.

Il confirme tout d’abord le rétablissement de l’aide à l’accession sociale à compter de 2020. Il soutient par ailleurs la création d’offices fonciers solidaires, qui, en dissociant la propriété bâti du foncier, devraient diminuer fortement le coût d’accession aux logements pour les ménages les plus modestes.

Ce plan vise également à encourager la construction via l’adaptation des règlementations et normes existantes aux réalités des Outre-mer, et à favoriser la construction de logements sociaux en maintenant la Ligne Budgétaire Unique à un niveau supérieur à 200 millions d’euros.

Le troisième axe porte sur la dynamisation du parc social et privé vieillissant, via l’extension de crédits d’impôt au bénéfice des opérations de réhabilitation et de démolition du parc social, et l’extension de la prime énergétique à la rénovation énergétique aux propriétaires occupants modeste dès 2020 puis aux propriétaires bailleurs à compter de 2021. Ce plan prévoit également d’encourager l’utilisation de matériaux de construction locaux.

Un Plan d’investissement de un milliard et demi d’euros avec Action Logement

À cette occasion, les deux ministres ont également signé avec Action Logement le Plan d’investissement volontaire consacré aux territoires ultra-marins. En plus des dispositifs du PIV national qui s’appliquent outre-mer, il prévoit 1,5 milliard d’euros pour améliorer le parc privé, poursuivre la production et la réhabilitation du parc social et développer le logement intermédiaire dans les territoires d’Outre-mer. En ce qui concerne La Réunion, ce plan veut encourager la construction de logements locatifs intermédiaires et la création de structures collectives d’hébergement.

Reste à savoir si ces mesures auront une action concrète  sur un secteur particulièrement en crise

www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

 

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