[LIVE] Grève des robes noires

Les avocats répondent aux procureurs :"l'Etat prépare le massacre des avocats"

  • Publié le 25 février 2020 à 15:47
  • Actualisé le 25 février 2020 à 16:00

Le procureur général Denis Chausserie-Laprée et le procureur de Saint-Denis Éric Tuffery ont tenu une conférence ce lundi 24 février 2020 durant laquelle ils ont voulu lancer une alerte concernant la grève des avocats. Le mouvement qui dure depuis le mois de janvier met en péril selon eux le bon fonctionnement de la justice. Tous deux estiment que cette grève remettait également en cause la séparation des pouvoirs et ont prévenu que les délais de jugement risquaient d'être considérablement augmentés. De nombreux procès sont en effet reportés. Les avocats n'ont pas attendu pour répondre et ce mardi 25 février, ils organisent à leur tour une conférence afin de donner leur point de vue sur le mouvement en cours en réponse à la réforme des retraites. "L'Etat prépare le massacre des avocats" disent-ils avant d'ajouter "lorsque 70 000 avocats sont en grève dans toute la France, ce n'est pour rien". Suivez notre direct

Suivez la conférence de presse en direct avec nos journalistes présents à la Maison des avocats

  • Ce live est désormais fini

    Merci à toutes et tous de l'avoir suivi.

    Le mouvement de grève des avocats va donc se poursuivre, nous vous tiendrons informé(e)s de la suite.

    Bonne journée à toutes et tous.

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    Le mouvement appelé à se poursuivre

    Les deux bâtonniers appellent à poursuivre le mouvement tant que le gouvernement ne les écoutera pas. "Aucun pas en avant n'a été fait" maintient Guillaume de Géry.

    Des réunions doivent se tenir à Saint-Denis et Saint-Pierre pour discuter des prochaines mobilisations à venir.

  • "Choqués"

    Le bâtonnier Guillaume de Géry s'est dit "choqué" que le procueur général ait lu en conférence de presse, une partie du courrier qu'il avait envoyé à l'avocat. "Il s'agissait d'un courrier confidentiel, dès lors pourquoi l'avoir lu devant la presse ? Nous sommes plusieurs à être choqués. Les procureurs demandent du respect, c'est aussi ce que nous demandons"

  •  "Nous défendons la veuve et l'orphelin"

    "Les avocats sont des gens sérieux, nous avons serment de défendre la veuve et l'orphelin, nous nous y tenons. Et c'est parce que nous voulons toujours nous tenir à cela que nous ne pouvons pas accepter que les cabinets d'avocats soient menacés de disparition (par la réforme des retraites - ndlr)" lance Norman Omajee, bâtonnier du barreau de Saint-Pierre.

    "Nous sommes essentiels aux rouages judiciaires. Je ne rentrerais dans l'escalade verbale. Il est essentiel que  nius soyons en mesure de poursuivre notre tâche d'auxiliaires de justice" ajoute le bâtonnier

    "Vous vous rendez compte que de simples demandes de rnoie suffisent à metrre à mal le bon fonctionnement de la jsutice, c'est incroyable, soyons sérieux !" s'exclame le juriste

  • Paroles d'avocats

    - "Les propos du procureur général et du procureur ont profondemment heurté les avocats" (allusion à la mise en garde des magistrats du parquet reprocahnt aux avocats d'enrayer sciemment le processus judiciaire)

    - "Lors de l'audience solennelle, le procureur général a demandé que cinq camions de police soient stationnés aux abords du tribunal

    - En réponse aux procureurs qui ont demandé à être respectés au cours de leur conférence de presse de lundi, un avocat commente "vous avez ce que vous voulez, nous vous rspeftons. Nous ne vous aimons pas, nous aimons la justice pas ceux qui aiment les statistiques"

    - "Notre mouvement de grève vise le gouvernement pas les magistrats"

    - "Amusant ce soudain intéret du procureur général pour ce père qui ne pourrait pas voir son enfant. Lorsque ce cas se pose le père ne viet pas voir le procureur général, il vient voir un avocat. Ce dernier engage une procédure qui va souvent durer plusieurs mois; Ce n'est pas la faute des magistrats, ils manquent cruellement de moyens. Le président du tribunal judiciaire a lourdement insisté sur ce fait lors de l'audience solennelle. Alors il ne faut pas dire que les retards et la lourdeur de la justice sont de la fautee des avocats

  • Guillaume de Géry, bâtonnier de Saint-Denis s'insurge : "qui accepterait que ses cotisations retraite soit doublé" "Il n'y a eu aucune proposition de la part du gouvernement"

  • Au fil de la conférence de presse

    - "Nous n'avons pas pour clients les entreprises du CAC 40, nous défendons des justiciables souvent socialement défavorisés"

    - "Nous ne pratiquons pas une justice pour les riches et une justice pour les justicables relevant de l'aide juridictionnelle, nous demandons le renvoi de toutes les affaires"

    - "L'Etat prépare le massacre des avocats"

    - "Les avocats sont les premiers à souffrir ce cette grève

  • Au cours de la conférence de presse, Maître Chopin, avocat au barreau de Saint-Deni,  remet à la presse la lettre ouverte ci-dessous

    "Les titres d'avocats et procureurs sont supprimés : leurs fonctions seront exercées par des défenseurs officieux". N'ayez crainte, ou ne vous réjouissez pas trop vite, c'est selon. Ces termes sont ceux par lesquels la Révolution Française a supprimé les avocats en France puis à la Réunion en 1791: tout citoyen pouvait dès lors être défenseur officieux même sans aucune connaissance en droit.

    Sans avocat, la justice fut bafouée sous la Terreur malgré le courage d'anciens avocats devenus défenseurs officieux. Sans avocat, point de Justice. En France métropolitaine, les avocats furent donc rétablis en 1811 mais il fallut attendre 1841 pour qu'un Barreau soit constitué à la Réunion, composé de seulement dix-neuf avocats avec pour premier Bâtonnier Delabarre de Nanteuil.

    Déjà, les avocats effectuaient des consultations gratuites, bien avant l'instauration de l'aide juridictionnelle. Ils furent de tous les combats, défendant chaque justiciable, quelle que soit sa condition ou son origine. Parmi les plus célèbres, Furcy, Houat ou encore Sitarane trouvèrent des avocats pour les assister devant les tribunaux. Les avocats ont défendu et assisté chaque Réunionnais devant le conseil de prud'hommes, le juge aux affaires familiales, le tribunal correctionnel, le tribunal commercial ou encore le tout nouveau tribunal judiciaire, pour ne citer qu'une partie des juridictions existantes.

    Aujourd'hui, les Barreaux de Saint-Denis et de Saint-Pierre regroupent plus de 300 avocats et avocates. Le gouvernement n'a pas, espérons-le, l'intention de supprimer la profession d'avocat comme au 18e siècle, mais il oeuvre à la réduction drastique de ses effectifs en augmentant les cotisations retraite. Surtout, ne croyez pas que les avocats se battent corps et âme pour préserver un régime de retraite particulièrement favorable.

    Le régime autonome actuel est rude, avec un âge pivot à 67 ans, des cotisations déjà élevées et des pensions de retraite faibles. Mais ce régime est autonome : nous le gérons nous-mêmes et reversons environ 100 millions d'euros chaque année au régime général. L'autonomie de notre régime est un des piliers de notre indépendance.

    Les avocats sont indépendants du pouvoir politique et du pouvoir judiciaire. La ministre de la Justice ou le Parquet ne sont pas des supérieurs hiérarchiques des avocats. Partenaires de la justice, les avocats aident les justiciables à trouver leur chemin dans le labyrinthe de plus en plus vaste des textes de lois. Il n'y a quasiment que les avocats pour jouer ce rôle. L'avocat est essentiel à la démocratie et à la défense des libertés et intérêts de chaque citoyen. Sans avocat, chaque citoyen serait abandonné face à un pouvoir politique dont il est raisonnable de toujours craindre les dérives autoritaires voire liberticides.

    Les portes des tribunaux sont ouvertes et tout un chacun peut venir librement assister à un procès, sauf huis clos. Venez, venez voir et entendre les avocats, jeunes ou anciens, plaider avec talent la cause qu'ils défendent. Les jeunes avocates et avocats vous surprendront par leur compétence juridique et surtout par leur art oratoire, leur volonté de convaincre et la passion qui les anime. Les avocats connaissent leurs clients et les comprennent. Face à la rigidité de la loi, les avocats brandissent l'humanité.

    Ne supprimez pas les avocats !

  • Bonjour tout le monde

    En grève contre la réforme des retraite, les avocats des barreaux de Saint-Denis et de Saint-Pierre tiennent une conférence de presse pour répondre aux attaques des procureurs.

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À propos

La grande grogne des avocats, la grande colère des magistrats

Le procureur général Denis Chausserie-Laprée et le procureur de la République de Saint-Denis Eric Tuffery ont protesté d'une même voix ce lundi 24 février 2020. Ils souhaitaient tous faire une mise au point sur le vaste mouvement de grève des robes noires en lien avec la réforme des retraites, qui laisse pour l'instant le monde de la justice au point mort.

Les deux hommes ont évoqué "les conséquences de cette mobilisation et des inquiétudes qu'elle peut susciter quant au respect des grands principes procéduraux qui garantissent l'indépendance de l'autorité judiciaire".

Lire aussi : Le parquet général grince des dents

C'est à la suite de cette prise de position que les avocats tiennent leur conférence de presse ce jour

Opérations coups de poing

Pas plus tard que ce vendredi 21 février, les avocats de La Réunion ont à nouveau protesté contre la réforme des retraites. Une nouvelle opération coup de poing menée alors que l'audience solennelle du tribunal judiciaire de Saint-Denis se déroulait dans l'après-midi. Ils se sont postés dans les locaux du tribunal avec des masques médicaux pour se protéger contre le "macronavirus", qui tuent le métier d'avocat. Les robes noires étaient prises de quinte de toux dès qu'une personne pénètrait le tribunal pour assister à l'audience solennelle.

Notre journaliste était en live depuis le tribunal, regardez :

Alors que l'audience a débutée, des avocats ont été interdits d'accès à la salle par Eric Tuffery. Ils ont finalement été autorisés à y assister, sans pouvoir entrer. A l'issue de l'audience, les avocats se sont allongés sur le sol du tribunal pour dénoncer "la mort de la justice". Regardez :

Une grève qui dure depuis le 6 janvier

Le 31 janvier, durant une action "justice morte", les robes noires des barreaux de Saint-Denis et Saint-Pierre avaient déjà défilé durant l'audience solennelle de rentrée de la Cour d'appel. Munis de masques blancs, d'un cercueil et de codes du travail, les avocats avaient montré symboliquement leur opposition au projet de réforme des retraites du gouvernement, qui met en péril selon eux la moitié des cabinets d'avocats français par l'effet de cotisations considérablement augmentées.

Si la réforme devait être adoptée en l'état, les avocats craignent que les plus petits cabinets mettent la clé sous la porte. A leurs yeux, cela rendrait la justice plus difficile d'accès. "Moins de cabinets signifie moins d'avocats, des dossiers qui se perdraient dans la nature ou qui mettraient des mois à être repris, un accès à la justice encore plus compliqué avec une raréfaction de l'offre d'avocats…" énumèrait Guillaume de Géry, bâtonnier du barreau de Saint-Denis.

Pour aller plus loin 

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