La Formule 1 dans un coin de la tête

Reshad de Gerus : le grand espoir péi du sport automobile

  • Publié le 19 juillet 2020 à 12:33

Vice-champion de France de Formule 4 en 2019, Reshad de Gerus (17 ans) roule cette année à l'étage supérieur : en Formula Renault Eurocup, le championnat européen de Formule 3. Retardée par la pandémie, le début de la saison n'a pas été des plus simples pour le pilote réunionnais. Embêté tout le week-end par des soucis techniques sur sa monoplace, il a terminé 14ème et 13ème des deux courses inaugurales. Une entrée en matière compliquée qui fait partie de l'apprentissage et n'entame en rien ses ambitions. (Photo DR)

Après des essais concluants à Abu Dhabi (Émirats arabes unis), Barcelone (Espagne) et au Castellet (Var) fin 2019, Reshad de Gerus entrevoyait une transition idéale entre la Formule 4 et la Formule 3. Mais ça, c'était avant que le coronavirus mette le monde à l'arrêt, lui impose un retour à La Réunion et du repos forcé, loin des circuits. “Je gardais le contact avec mon team régulièrement et on attendait qu’une chose : savoir quand on pourrait de nouveau rouler.

- Pas le temps de s'acclimater -

Cette reprise tant attendue a eu lieu la semaine du 6 juillet dernier, et pour sa première en Formule Renault Eurocup, le pilote réunionnais a eu le droit à un bizutage en bonne et due forme. Sur le mythique circuit italien de Monza, Reshad de Gerus a enchaîné les péripéties, l’empêchant d’exprimer d’entrée son potentiel.

Le coronavirus ayant contraint les écuries à annuler les essais du début d’année, puis l’organisation à reporter le début de la saison, les pilotes ont bénéficié de quelques jours pour se remettre dans le bain. “On avait deux jours d’essai, lundi et mardi, pour rattraper un peu ce qu’on avait perdu. Je n’ai pas pu rouler lundi après-midi à cause de soucis techniques sur ma voiture. Le mardi matin ça s’était plutôt bien passé, je m’étais bien adapté. Et le mardi après-midi j’ai eu encore quelques soucis”, relate la jeune pilote. 

Sont ensuite venus les essais libres, là aussi tronqués par des ennuis techniques, puis les rédhibitoires qualifications pour établir l’ordre de départ. “C’était vraiment compliqué, je manquais de rythme…” Le Réunionnais ne s'est pas pour autant démonté lors des courses et s'est démené pour terminer 14ème et 13ème. Pas le meilleur cadeau d'anniversaire, quelques jours après avoir fêter ses 17 ans, mais des résultats à relativiser au vu des circonstances. 

- Une ambition intacte -

C’est de l’expérience prise”, dit-il, les yeux déjà rivés sur le prochain week-end de course, les 25 et 26 juillet, sur le circuit d’Imola (Italie). Surtout, Reshad de Gerus ne doute pas de son potentiel et ne démord pas de ses ambitions. “Cette saison, le but est vraiment d’acquérir de l’expérience et de monter en puissance au fur et à mesure. Après, je veux jouer les avant-postes pendant la saison et gagner le championnat rookie (pilotes de 1ère année).”

Après cette saison, le Réunionnais espère obtenir un baquet dans le championnat du monde de Formule 3, la compétition sanctionnée et créée par la Fédération Internationale de l'Automobile en 2019. Un échelon encore au-dessus, à partir duquel les meilleurs peuvent légitimement commencer à convoiter une place en Formule 1. Le rêve tout pilote, qui n'est pour l'instant que dans un coin de la tête de Reshad de Gerus.

“C’est très difficile de planifier, il faut attendre à chaque fois les fins de championnats pour savoir ce qu’il va se passer les années suivantes.” La faute notamment au prix, environ 500.000 euros, pour effectuer une saison à ce niveau-là. “Plus on monte de catégorie, plus ça coûte cher. Sans mes sponsors, je ne roulerai pas”, explique-t-il, sans détour. “Il faut toujours en trouver des nouveaux, chaque année. Et vu les conditions, ce n’est pas simple. Ce sont aussi les résultats qui font que les sponsors viennent et me suivent. Il faut performer !”

- La Réunion avant tout -

S'il se met la pression, c'est que Reshad de Gerus ne roule pas que pour lui, son père ancien pilote de rallye, ou ses proches. Il veut être le porte-drapeau des Outre-mer et de son île, dans un sport où les Dom se sont historiquement fait rares. “Je suis Français, mais je suis d’abord Réunionnais. Je suis le seul à ce niveau-là à l’heure actuelle. C’est vraiment un fierté pour moi de représenter La Réunion. Sur mon casque j’ai 974 marqué, sur ma voiture il y a La Réunion…”

De sa réussite les prochaines années pourrait dépendre une nouvelle dynamique pour les sports automobiles à sur l'île. “Je trouve qu’il y a de moins en moins de monde sur les spéciales de rallye. En karting, c’est pareil, il y a un peu moins de monde qu’avant. Je ne sais pas comment faire pour que ce soit plus développé. C’est un sport qui coûte cher, il faut avoir un minimum de budget”, lamente-t-il avant d'émettre des raisons d'espérer.

“Après le déconfinement, j’ai fait beaucoup de kart et j’ai vu qu’il y avait pas mal de jeunes. C’est eux qu’il faut attirer. Les Réunionnais adorent les voitures, donc pourquoi n’aimeraient-ils faire du kart ou du rallye ?” 

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