Covid-19

L'exécutif prépare le terrain à des mesures plus strictes, le confinement toujours sur la table

  • Publié le 28 janvier 2021 à 15:14
  • Actualisé le 28 janvier 2021 à 15:35

Le gouvernement, qui consulte jeudi et vendredi partis et syndicats, veut préparer le terrain et les esprits à des mesures sanitaires plus strictes, dont un possible troisième confinement, après avoir acté que le couvre-feu à 18 h "ne freine pas suffisamment" l'épidémie de Covid-19.

Après plusieurs jours de réflexion au sommet de l'Etat, et alors que les variants plus contagieux du virus font craindre une nouvelle dégradation de la situation sanitaire, des décisions seront prises "en fin de semaine", a confirmé sur France Inter le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.

Parmi les pistes qu'il a annoncées la veille, l'éventail va du "maintien du cadre actuel", jugé "peu probable", jusqu'à "un confinement très serré". Entre ces deux bornes, sont évoqués la possibilité d'un couvre-feu couplé à un confinement seulement le week-end ou encore l'allongement des vacances de février avec l'interdiction des déplacements inter-régionaux, selon une source gouvernementale.

"Il est évidemment possible de réfléchir à allonger les vacances d'un côté ou de l'autre. Mais notre objectif est que les enfants puissent continuer à apprendre", a confirmé Gabriel Attal, alors que le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer milite plutôt pour "préserver les calendriers autant qu'on peut".

- "Pédagogie" -

Des discussions sont également en cours sur un éventuel durcissement du protocole sanitaire dans les commerces, notamment les grandes surfaces alimentaires, a indiqué le président de l'enseigne Système U, Dominique Schelcher. Avant de nouvelles annonces, le Premier ministre Jean Castex doit mener jeudi et vendredi une série de consultations avec les présidents de groupes politiques au Parlement, les associations d'élus et les partenaires sociaux. Une initiative qui ne convainc pas les oppositions, toujours critiques : "le concertation commence après qu'en réalité les décisions aient été prises", a tweeté le numéro un du PS Olivier Faure.

De son côté, le ministre de la Santé, Olivier Véran, prend la parole à 14h pour faire le point sur la situation sanitaire, et "partager la base des données scientifiques sur laquelle on va prendre nos décisions", selon une source au ministère, qui parle d'un "temps de pédagogie".

Alors qu'un nouveau confinement était présenté en fin de semaine dernière comme probable, voire inéluctable, le gouvernement a temporisé, disant vouloir attendre les résultats du couvre-feu à 18h avec deux semaines de recul, soit ce week-end, et des données sur la propagation des variants anglais et sud-africain plus contagieux.

L'exécutif cherche un "point d'équilibre", avec la nécessité de "protéger les Français" sans toutefois "mettre le pays sous cloche", a expliqué le patron des députés LREM Christophe Castaner. Le tout sur fond d'interrogations sur un ras-le-bol de la population face aux restrictions sanitaires, alors que les cafés, restaurants et lieux culturels n'ont jamais rouvert depuis leur fermeture fin octobre.

Chaque jour apparaissent de nouveaux indicateurs de dégradation économique: ainsi, la construction de logements a baissé de 6,9% en 2020 et la tendance s'annonce encore pire pour les mois à venir, montrent jeudi des chiffres officiels du gouvernement. La veille, les chiffres de l'emploi ont montré que le nombre de chômeurs a augmenté de 7,5% en 2020 par rapport à l'année précédente.

- "Urgent" -

Mercredi, Jean Castex s'est interrogé de manière très prudente lors d'un appel au youtubeur Gaspard Guermonprez sur la possibilité de faire entrer les étudiants "dans les exceptions" en cas de reconfinement, pour satisfaire la promesse d'Emmanuel Macron d'un retour un jour par semaine à l'université, après trois mois de fermeture des amphis qui ont isolé les jeunes.

Mais le gouvernement a aussi acté le fait que le couvre-feu à 18h, en vigueur depuis le 16 janvier, "ne freine pas suffisamment" la propagation du virus. De plus, un cas de Covid-19 sur dix en France pourrait désormais être dû au variant anglais, plus contagieux, soit trois fois plus que durant la première semaine de janvier, a annoncé Gabriel Attal.

Mardi, des médecins de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) estimaient que cette progression auguraient d'une hausse "très significative" du nombre de malades. Or, la charge hospitalière est déjà élevée et s'est accrue en janvier. Au total, plus de 27.000 patients Covid-19 étaient hospitalisés mercredi en France, dont plus de 3.100 en réanimation, un chiffre également en hausse.

"Il me parait urgent, et on n'a pas le temps d'attendre, de renforcer les mesures de distanciation sociale", a résumé l'épidémiologiste et directrice de recherches à l'Inserm Dominique Costagliola, lors d'un point de situation devant l'Académie des sciences.

Avec 351 nouveaux décès à l'hôpital en 24h, 74.456 personnes atteintes par le Covid-19 sont mortes en France depuis le début de l'épidémie, dont 52.218 à l'hôpital, le reste dans les Ehpad.

AFP

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