Risque requins

La science appelée au secours

  • Publié le 24 septembre 2011 à 06:00

Un premier atelier sur le risque requin s'est tenu vendredi 23 septembre 2011 à la DEAL (direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement) en présence de scientifiques et d'acteurs du milieu de la mer. Le lancement prochain de deux études sur les squales et sur l'impact socio-économique du risque requin a été décidé. Mais pour le moment ni les organismes de recherche qui les réaliseront ni leur budget précis ne sont arrêtés.

Après l'accident qui a coûté la vie à Mathieu Schiller lundi 19 septembre, le premier atelier requin était très attendu. Des acteurs du milieu marin et des représentants des pouvoirs publics se sont réunis vendredi 23 septembre à la DEAL (direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement) pour lancer des études scientifiques destinées à pallier le manque de connaissances sur le risque requin à la Réunion.

La mise en oeuvre rapide de deux études a été décidée. La première, menée sur une période de 18 mois, doit mettre en place le marquage et le suivi des requins côtiers. Le but est de les compter et de connaître les différentes espèces présentes aux différentes saisons. Des résultats intermédiaires seront rendus publics avant la publication des résultats finaux qui pourraient être connus d'ici plusieurs années. Cette étude portera aussi sur les facteurs aggravants du risque requin. " On entend un peu tout, nous voulons vérifier les différentes hypothèses ", a indiqué Bertrand Galtier, directeur de la DEAL, peu après la tenue de l'atelier.

Depuis le début de l'année quatre attaques ont été resencées, dont deux mortelles et face au manque cruel de connaissances sur le sujet, les hypothèses sont allées bon train : mise en cause de la réserve marine, de l'aquaculture, des DCP, du lâcher de tortues dans les années 80 et qui attireraient les squales près des côtes... En l'absence totale de données, non seulement, les hypothèses les plus farfelues sont avancées, mais en plus, la prise de décision pour une action d'urgence est très compliquée.

Une seconde étude menée sur neuf mois doit déterminer l'impact socio-économique du risque requin dans l'île, en terme de tourisme notamment. La question des prélèvements préventifs a également été abordée. Le préfet, Michel Lalande, présentera lui-même en début de semaine prochaine les modalités de cette pêche qui devrait aboutir au marquage de requins juvéniles et à la capture de spécimens de plus de 1,5 mètre. Des prélèvements réalisés par des pêcheurs professionnels et encadrés par les forces de l'ordre pourraient aussi avoir lieu dans le périmètre de la réserve marine.

Les cahiers des charges des études ont été validés et des appels à proposition à destination des organismes de recherche de l'île seront lancés prochainement. Ils ont jusqu'à la semaine prochaine pour faire de nouvelles propositions en lien avec ce cahier des charges. Si rien n'est encore officiellement arrêté, l'IRD (Institut de Recherche et Développement) sera très certainement partie prenante et associée à d'autres organismes comme l'Ifremer ou l'ARDA (association réunionnaise pour le développement de l'aquaculture).

Le financement de ces études très coûteuses n'a, lui non plus, pas encore été arrêté. Bertrand Galtier a annoncé à Imaz Press qu'il pourrait atteindre 200 000 euros pris sur le budget du ministère de l'écologie. Si à ce niveau, un appel d'offres devrait être publié, Bertrand Galtier, " n'exclut pas de passer par une convention " avec un organisme public de recherches pour accélérer le processus.

Car la décision de lancer ces études est intervenue quelques jours après la seconde attaque de requin mortelle de l'année, autrement dit, en urgence. Depuis des années, des scientifiques proposent des études sur les requins côtiers de la Réunion, sans que leurs projets ne soient financés. Aujourd'hui, la pression du public et les craintes d'une publicité négative en terme de tourisme poussent les pouvoirs publics à prendre des décisions rapides. Le but est d'éviter de nouveaux accidents mais aussi certainement, ne plus être accusé d'immobilisme face à risque que désormais, plus personne ne prend à la légère.

Marine Veith pour
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