Après l'évacuation des plages entre l'Ermitage et Trou d'eau

Requins : une fausse alerte après une vraie tragédie

  • Publié le 17 février 2015 à 10:37

Dimanche dernier, en milieu de matinée, les eaux des plages de l'Ermitage et de la Saline ont été évacuées par les maîtres nageurs sauveteurs et les gendarmes, le drapeau rouge hissé, suite à l'observation d'un requin au niveau de la fausse passe de la Saline les bains, face au centre Jacques Tessier. Le témoignage à l'origine de ce vaste mouvement de sécurisation faisait état d'un requin juvénile... Reste que de ce signalement, on n'a retenu que le terme "requin", déclenché une alarme générale, interrompu toute activité, sur et dans les eaux, entre Trou d'eau et Planche Alizée.

Un branle-bas de combat quelque peu extraordinaire au regard de la réalité des faits : un requin juvénile, supposément un bouledogue, l'information n'était pas alors recoupée, un plan d'eau au plus bas du fait de la marée, et donc fort peu propice à l'évolution d'animaux de grosse taille.  

Car il convient de le rappeler notre "lagon" n'en est pas un, le terme est utilisé de façon abusive, on ne peut y naviguer, y plonger, même à marée haute, car dans cette dépression d’arrière récif la profondeur à mer basse, n'excède pas un mètre ou un mètre cinquante au grand maximum. Il suffit de voir affleurer les patates de corail et le platier récifal pour s'en convaincre. Le risque de rencontrer un requin dangereux par sa taille, à marée basse, est donc très hypothétique.

On sait par ailleurs que de telles rencontres ne sont incidemment possibles que dans le cas de grandes marées, de fortes houles, cycloniques par exemple, auquel cas, expliquent les avis les plus autorisés de la place, dont Roland Troadec (Vie Océane), les requins sont piégés, en situation difficile, stressés, désireux de fuir avant toute autre chose. En tel cas, plutôt rares, ils n'affecteraient ni comportement de chasse, ni comportement territorial. Quoi qu'il en soit, on n'a jamais enregistré d'accident avec un requin, à La Réunion, dans la dépression post-récifale, que l'on nomme "lagon".

Dimanche dernier, quand l'alerte a été donnée, en sus d'être à marée basse, la zone n'avait pas été soumise à des conditions de forte houle et aucun requin, adulte ou de taille suffisante à être dangereux, ne s'y trouvait piégé.

En conséquence, la zone a été évacuée, toutes les activités nautiques interrompues, sinon pour rien, du moins de façon très excessivement préventive. Car enfin, des requins juvéniles, on en trouve un peu partout si l'on en croit les témoignages fréquemment rapportés, de même que des raies, parfois de taille respectable, sans qu'il en découle le moindre risque.

L'opportunité de cette évacuation dominicale est donc contestable.

D'autant que la veille un accident véritable et tragique avait été déploré à Etang-Salé. Il serait plus que regrettable de voir de tels épisodes se succéder, car la crédibilité des alertes serait gravement mise en cause, tout comme celles des autorités qui les décrètent et les font appliquer. D'ailleurs, dimanche dernier, la population n'a pas mis longtemps à passer outre l'interdiction pour retourner à l'eau.

Au-delà, un excès de prévention inutile, voire déplacé, ne compensera jamais quatre années de carences et d'atermoiements en matière de sécurité des personnes en zone balnéaire face au risque requin ; sans parler des six victimes décédées, des autres handicapées, et du désastre économique induit par cette "crise" si mal traitée.

Philippe Le Claire pour Imaz Press Réunion

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4 Commentaires
Angel Bishop
Angel Bishop
9 ans

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Capitaine Had Hoc
Capitaine Had Hoc
9 ans

Personne n'a évoqué une pêche de masse ou intensive, et l'Etat renvoie la patate chaude aux communes faute d'être foutu d'agir efficacement, hors calcul politique et révérence à l'extrême gauche déguisée en écologistes. En revanche, des gens très raisonnables, qui ne prétendent pas contrôler la nature mais assurer la sécurité des personnes en zones balnéaires, déclinent depuis des années maintenant un éventail de solutions crédibles : un effort de pêche durable sur le stock de requins ciblé, des lignes de drum lines, des dispositifs de sécurisations tels que filets, et vigies... sans oublier la prise en cause par les collectivités des paramètres constitutifs d'un environnement favorable aux requins de type bouledogue : pollution par les eaux de ruissellement - le Robert de Saint-Leu devrait se sentir visé - pollution par les rejets de stations en mer et j'en passe. Un effort de longue haleine mais efficace à terme. Enfin, depuis des milliers d'années, les requins n'ont pas évolué et ils ne le feront pas. L'Homme seul est capable par sa "culture", de s'adapter à la nature en l'utilisant à son avantage. Et comme la norme dans nos eaux n'est pas à la prolifération incontrôlée des requins, il faudra bien trouver moyen de revenir à l'équilibre qui prévalait précédemment, et ce n'est pas en interdisant l'océan que l'on y parviendra, pas plus qu'en décrétant qu'un homme égale un requin, ou que ces prédateurs sont "chez eux" dans ces eaux quand nous en serions proscrits.

Depain , depuis son mobile
Depain , depuis son mobile
9 ans

Et alors mr leclaire, que suggérez vous ? Personne n'évoque même la simple possibilité si difficile à admettre que l'état ne peut contrôler la nature! Quand je lis des solutions simplistes comme la pêche de masse et intensive, qui peut croire que ça protégera les usagers et surtout que cela soit sans conséquences à long terme pour les hommes? Le comportement de requins bouledogue semblent avoir évolué, il ne nous reste qu'à nous adapter, la nature ne le fera pas pour nous.

N\'a ou
N\'a ou
9 ans

l'attitude des MNS Est très discutable ,a l'annonce du Drapeau rouge il n'était pas hissé quant à l'alerte. Un Tout petit porte voix .... Des nageurs sont restés da