Plage de l'Ermitage

Quand le rassemblement contre la pêche des requins se transforme en grand débat

  • Publié le 2 mai 2015 à 16:24

Un rassemblement contre la pêche des requins a eu lieu ce samedi 2 mai 2015 sur la plage de l'Ermitage. Créée suite à un appel sur Facebook, cette mobilisation citoyenne n'a rassemblé qu'une quarantaine de personnes, notamment des étudiants, des lycéens, des militants associatifs et des plongeurs. Vu l'absence d'organisateurs, le rassemblement s'est peu à peu transformé en forum autour de la crise de la requin. En effet, des usagers de la mer - partisans d'une capture intensive des squales - s'étaient invités à la manifestation.

Afin de synthétiser les avis et les opinions qui ont fusé de part et d'autre, retrouvez ci-dessous une interview croisée de deux personnes qui étaient présentes sur la plage de l'Ermitage. Emmanuelle, 22 ans, est auxiliaire de vie sociale et contre la pêche intensive des requins. Jérémy, 34 ans, est entraîneur de basket-ball et pour une reprise de l'effort de pêche.

Comment trouvez-vous ce rassemblement organisé ce samedi après-midi ?

Emmanuelle : Je trouve que c'est bien que les personnes qui sont pour la protection de la biodiversité manifestent, se retrouvent, discutent et échangent. Il y a cependant un petit bémol : 1 000 personnes étaient prévues et nous sommes une cinquantaine. On voit l'importance qu'a le débat requin et leur protection pour les gens. Ce qui est bien dommage.

Jérémy : Je trouve ça d'une indécence phénoménale d'organiser un rassemblement pour la protection des requins à une date aussi proche d'une attaque fatale à un marmaille. Il faut savoir que nous ne demandons pas l'extermination des requins, mais seulement un rééquilibre de la biodiversité comme eux. Sauf qu'ils ne veulent pas mettre en place les mesures nécessaires pour rétablir la biodiversité à La Réunion. Il faut réintégrer les requins de récifs, et pour cela il faut réguler les requins bouledogue et tigre. Il n'y a que de cette façon que l'on pourra retrouver la sérénité sur l'île, le tourisme et l'accès à l'océan comme il y a quelques années.

Dans ce débat, certains disent que les Réunionnais sont pour laisser les requins où ils sont, d'autres assurent que les Réunionnais sont pour la pêche. Où est la vérité ?

Emmanuelle : Pour avoir fait un sondage autour de moi sur une centaine de personnes, il n'y en a que deux qui sont pour ce massacre. Je demande à mes grands-parents, mes parents, mon entourage, mes collègues de travail… Ils sont contre car ils trouvent que ce n'est pas normal qu'on tue des requins. Même s'il y a eu des attaques, on comprend la colère des gens. C'est normal : ça pourrait être notre enfant, notre frère, notre cousin, n'importe qui. On comprend que ça suscite beaucoup d'émotions. Mais ce n'est pas normal de tuer des requins comme ça. C'est un massacre, c'est tuer un animal que l'on connaît peu et sur qui on ne fait pas assez d'études. On se permet de le tuer en disant qu'il n'est pas à sa place. Le requin est dans son milieu et nous empiétons sur son territoire. Je ne dis pas que les attaques sont normales, mais elles auraient pu être limitées grâce à des mesures de prévention.

Jérémy : L'avis est partagé. Mais oui, les Réunionnais ont toujours pêché le requin. Les Réunionnais ont toujours commercialisé le requin. C'est comme ça depuis des siècles. Mais depuis l'apparition de la ciguatera, enfin cette "ciguatéou" car elle n'existe pas vraiment à La Réunion. Le requin est tout en haut de la chaîne alimentaire et s'il était atteint de ciguatera à La Réunion toute son alimentation - et la chaîne alimentaire qui en découle - en serait atteinte. Mais en effet, le peuple réunionnais est divisé. Certains défendent les requins, d'autres veulent la pêche. Mais quand je vois le nombre de manifestants qu'il y a aujourd'hui, comparé aux rassemblements de gens qui veulent de vraies solutions, on voit bien la différence.

Quelle est votre réaction face à cette mobilisation des jeunes ces derniers temps, qu'ils soient pour ou contre la pêche ?

Emmanuelle : C'est très bien que ceux qui sont contre manifestent. Malheureusement, on voit que notre mouvement n'a pas beaucoup d'ampleur pour je ne sais quelle raison. Je trouve dommage aussi que les médias ne relatent qu'un seul parti pris : "Tuons les requins, tuons les requins !" On n'entend que ça à la télévision, en métropole ou dans les réseaux sociaux depuis le commencement de la crise requin. Mais si on regarde bien, il n'y a qu'une minorité de la population qui est pour. Ceux qu'on entend font partie d'une minorité. Ce n'est pas l'avis de toute la population réunionnaise et l'avis de ceux qui sont contre est aussi important.

Jérémy : Les jeunes qui vont rejoindre des associations pseudo-écologiques - car ce ne sont pas de vrais écologistes - je n'en pense pas grand chose. Par contre, je suis heureux des jeunes qui sont venus soutenir la famille d'Elio et qui rejoignent les mouvements comme OPR, Protégez nos enfants et j'en passe. Et on est très contents de les avoir à nos côtés.

La manifestation de ce samedi s'est transformée en grand débat. Qu'en pensez-vous ?

Emmanuelle : Des petits groupes se sont formés avec pour certains des échanges d'idées constructives : on parle des mesures mises en place, notamment celles qui ont été installées en Australie où le surf est très développé. Ils ont réfléchi posément et ont mis des choses places en prenant en compte la biodiversité locale. Ici, ça discute beaucoup : je trouve ça bien. Mais il n'y a pas assez de monde.

Jérémy : Ça s'est surtout transformé en grand n'importe quoi. On ne pourra pas tomber d'accord sur les idées. Ils ne veulent aucune pêche de requins. Ils sont un peu outrés quand M. Savalli sort un requin tigre après une attaque et offre à la population réunionnaise de quoi manger. Par contre, ils ne sont pas choqués quand un touriste arrive le vendredi soir à l'aéroport pour ensuite partir samedi matin à la pêche à l'espadon avec un bateau professionnel, prendre une photo avec la prise et ne même pas repartir avec le poisson. Là, ce n'est pas de la pêche punitive, mais un massacre gratuit.

www.ipreunion.com

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3 Commentaires
Crips
Crips
8 ans

Il faudrait dire à ce Jérémy qui prétend que la peche aux requins se pratique sur l ile depuis des siècles , et bien lui rappeler que l ile est habitée de manière régulière depuis la fin du 17 eme siècle soit 3 siècles au maximum...

aterla
aterla
8 ans

Les requins ont toujours été péchés et mangés. Ils ne sont pas en voie de disparition. Dans ceux qui sont contre leur pêche on peut trouver :

- des pêcheurs subventionnés pour faire des prélèvements
- des scientifiques subventionnés pour une étude de plusieurs années
- des personnes qui croient trouver une justice quand une communauté parfois pas très bien intégrée (zoreiland) est victime là où elle s'amuse.
- des bonnes volontés mal guidées.

tafiole way of life
tafiole way of life
8 ans

les surfeurs ressemblent trait pour trait avec leur argumentaire au beauf de cabu , celui de la 2eme generation avec une queue de cheval:

Ce sont les memes qui vont raconter que parce qu'ils mangent de la viande rouge ils adorent la corrida ou l'humain, abrité derrière les picadors qui font office de vigie connait l'instant de verité face la mort grace à la lumière que le toro apporte. Et si le torero s'y prend comme un manche en abattant la bête en plantant 15 fois la lame , c'est parce qu'il a pas le feeling a cause d'un chagrin d'amour. pfff lamentable!

C'est une juste punition la derniere sortie surf aux roches noires vue à la télé. On aurait dit la banque de france avec les camera sous marines, les vigiles, jet et zodiac: surfer comme des taulards, alors que les hommes libres cherissent la mer et la pratiquent en harmonie avec elle.