Captures, pêches, marquages...

Crise requin : des moyens, des actions mais l'océan est toujours interdit

  • Publié le 12 novembre 2018 à 13:40
  • Actualisé le 12 novembre 2018 à 13:43

La Réunion traverse depuis sept ans une "crise requin" marquée par 21 attaques de squales dont neuf mortelles. Entre les hommages et les bras de fer, le programme réunionnais de pêche préventive du Centre de Ressource et d'Appui (CRA) sur le risque requin se poursuit : requin tigre prélevé par-ci, requin bouledogue pêché par-là... Les captures se succèdent mais pour quels résultats ? Depuis le 26 juillet 2013, il est interdit de se baigner dans l'océan... à l'exception du lagon et des zone protégées par des filets... et rien n'annonce une amélioration.

Depuis le début des actions de pêche préventive du CRA fin mars 2018, 40 requins tigres et 12 bouledogues ont été prélevés. Ils s’ajoutent aux centaines de squales – aucun chiffre précis n’est donné par les autorités - pêchés dans les programmes précédents... Qu’est-ce qui a changé ?

Pour les Réunionnais, pas grand chose finalement, l’océan demeure toujours interdit depuis un arrêté prefectoral du 26 juillet 2013.
Interdit de se baigner. Interdit de nager. Interdit de surfer. Interdit de…

Alors faut-il pêcher plus ?

"Notre rôle est d’intercepter les requins qui s’approcheraient trop près des zones d’activités nautiques : nous n’avons pas d’objectif quantitatif sur les pêches de requin. Ce sont des pêches de préventions. Pas de régulation ciblée," répond le directeur du CRA Olivier Bielen.

Jean-François Nativel d’Océan Prévention Requin (OPR) estime que la question est mal posée. Selon lui, il faudrait plutôt se demander : "à combien de morts nous serions aujourd’hui si nous n’avions pas enlevé ces 350 prédateurs de 300 kg ? Sachant que des gens ne respectent pas l'interdiction de se baigner…"

"La dernière attaque remonte à avril 2017… donc nous sommes à plus de 18 mois sans attaque," assène Eric Chateauminois, directeur adjoint du CRA. Prudent, il ajoute : "Le programme de pêche diminue le risque. Il n’est qu’un outil parmi tant d’autres : vigie requin, filet de baignade…"

Bien, bien mais nous ne savons toujours pas pourquoi l'Océan nous reste interdit…

En revanche, nous savons que le CRA travaille et remplit bien ses missions. Même si depuis quelques temps il ne communique plus vraiment sur les réseaux sociaux, nous avons sur son site une jolie carte de géolocalisation "qui participe à la prévention des usagers de la mer. C’est aussi un effort de transparence," explique Olivier Bielen. Le CRA capture, prélève, relâche, marque les poissons, gros ou petits... oui, et après ?

Nous savons également qu’Annick Girardin, ministre des Outre-mer a clamé lors de sa visite sur l’île en octobre 2017 : "On doit permettre aux Réunionnais d'avoir accès à l'océan". Certes...

Quelques mois plus tard, le 16 février 2018 la ministre déclarait le doublement des financements du plan d’actions sur le risque requins. Le budget est passé à 2 millions d’euros… Amélioration de la sécurité des zones surveillées existantes pour la baignade, pêche de prévention, déploiement du dispositif " vigie requins ", renforcement des moyens humains et financiers du CRA... Oui, et donc ?

Et la fin de l’interdiction de baigner ? Plein de donne volonté, nous appelons la Préfecture… Ils sont très gentils mais au mot "requin", ils nous disent d'envoyer un mail qu’ils transmettront aux autorités compétentes, c'est-à-dire le CRA... Lequel nous a répondu : "c’est la Préfecture qui donne le La, nous n’avons pas de visibilité par rapport à cela." C’est le requin qui se mord la queue.

Et nous, sans doute un peu bêtes, nous ne savons toujours rien.

Rien de rien.

Nous tournons dans notre bocal comme un poisson rouge... en face de l'océan interdit...

nt/www.ipreunion.com

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2 Commentaires
Spoutnik
Spoutnik
5 ans

Il faut modifier la réserve marine et faciliter le travail des pêcheurs de cap requin et supprimer l'arrêté ciguatera

Maloki
Maloki
5 ans

Ah enfin !!! la presse commence à comprendre que cette crise requin est un véritable mascarade