Des amendes pour les autres

Tentative de vol au musée du Quai Branly : le Réunionnais relaxé

  • Publié le 14 octobre 2020 à 16:48
  • Actualisé le 14 octobre 2020 à 16:54

Le Réunionnais qui figurait parmi les prévenus au procès pour tentative de vol au musée du Quai Branly a été relaxé, selon une information de Réunion 1ère. L'activiste congolais Emery Mwazulu Diyabanza, lui, a été condamné à 1000 euros d'amende. Initialement poursuivi pour " tentative de vol ", il a finalement été condamné par le tribunal correctionnel de Paris pour " vol aggravé ". Les trois autres militants jugés avec lui ont été condamnés à des peines d'amende avec sursis de 250, 750 et 1000 euros.

Le militant congolais Emery Mwazulu Diyabanza a été condamné mercredi 14 octobre à 1 000 € d’amende pour avoir tenté de s’emparer en juin dernier au musée du quai Branly d’un poteau funéraire d’origine tchadienne pour dénoncer le " pillage " culturel de l’Afrique.

Initialement poursuivi pour " tentative de vol ", il a finalement été condamné par le tribunal correctionnel de Paris pour " vol aggravé ". Trois autres militants jugés avec lui ont été condamnés à des peines d’amende avec sursis de 250, 750 et 1 000 €, un quatrième relaxé. Il s'agit du Réunionnais qui figurait parmi les prévenus, selon une information de Réunion 1ère qui ajoute que "Romain C., étudiant et militant depuis 4 ans, est originaire de Saint-Pierre. Le jeune homme de 27 ans aujourd'hui relaxé s'oriente vers une spécialisation en droit international".

L’activiste congolais quant à lui a annoncé qu’il allait faire appel.

- Agiter au maximum les réseaux sociaux -

Arrêtés le 12 juin dans le musée parisien, les cinq prévenus étaient poursuivis devant le tribunal correctionnel pour " tentative de vol en réunion d’un objet mobilier classé ".

Pas de quoi toutefois effrayer leur meneur, l’activiste congolais Emery Mwazulu Diyabanza, qui a continué ses coups d’éclat. Le 30 juillet, il était arrêté à Marseille après s’être emparé, seul, d’un objet en ivoire au Musée des arts africains, océaniens et amérindiens. Le 10 septembre, avec trois acolytes, il a cette fois tenté d’emporter une sculpture du Congo à l’Afrika Museum de Berg en Dal (Pays-Bas), où il a été arrêté puis relâché après huit heures de garde à vue.

" Il fallait aborder le procès (à Paris) avec un esprit combatif, même si c’est risqué ", a expliqué à l’AFP Emery Mwazulu Diyabanza. " Nous n’avions aucune intention de voler cette œuvre, mais nous continuerons tant que l’injustice du pillage de l’Afrique n’aura pas été réparée ".

À chaque fois, le militant panafricain de 41 ans filme puis publie en ligne la vidéo de ses actions. Une " diplomatie directe " dont l’objectif assumé est d’agiter au maximum les réseaux sociaux. Sur celle du Quai Branly, on le voit desceller un poteau funéraire Sara (Tchad) du XIXe siècle et l’emporter dans les couloirs. Il hurle alors : " On les ramène à la maison ".

Regardez :

Emery Mwazulu Diyabanza est né à Kinshasa (République démocratique du Congo, RDC) et, de ses propres dires, vit de la vente d’objets électroniques en ligne. Il partage son temps entre Champigny-sur-Marne, en banlieue parisienne, et Lomé au Togo.

Coiffé d’un béret noir en hommage aux Black Panthers américains, la carte de l’Afrique en pendentif, le militant assure avoir été mis " au cachot " après la présidentielle de 2011 en RDC où il aurait frôlé a mort. Avec le mouvement Unité, dignité et courage (UDC) qu’il a fondé en 2014, il milite pour la restitution des œuvres, contre le franc CFA, ou encore les " biens mal acquis ".

Le militant revendique " plus de 700 000 membres " éparpillés en Europe et en Afrique, mais son compte Facebook compte un peu moins de 30 000 abonnés. Outre ses coups de force, il a porté plainte le 30 juin pour " vol et recel " contre l’État français, qui avait " fermement condamné " ces actes par la voix de son ministre de la Culture d’alors, Frank Riester.

Le musée du Quai Branly, qui dispose d’une très importante collection d’arts premiers africains, s’est constitué partie civile, a précisé à l’AFP son président Emmanuel Kasarhérou. " La question des restitutions " mérite " un débat sérieux " qui " s’accommode mal de coups médiatiques ", a-t-il asséné. Le musée s’est engagé " à documenter la provenance et l’origine de ses collections ", a ajouté M. Kasarhérou, " sur la base de ces travaux, nous pourrons avancer ".

- "Amuser la galerie" -

Sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, la France s’est engagée à rendre définitivement dans les prochains mois un sabre historique au Sénégal et 26 objets pillés par des troupes coloniales françaises en 1892 au Bénin. Ces décisions font suite au rapport de deux universitaires, commandé par l’exécutif en 2018, qui recensait quelque 90 000 œuvres africaines dans les musées français et posait les jalons d’une restitution.
Il préconisait plutôt la " circulation " des œuvres, qui n’ont pas toujours été pillées ou volées, mais a ravivé un débat controversé.

" Macron reconnaît le pillage mais c’est lui qui décide de la quantité d’œuvres restituées et s’il doit y avoir transfert de propriété ou non, c’est une insulte à notre égard ", s’insurge Emery Mwazulu Diyabanza.

" À part amuser la galerie, à quoi sert ce genre d’action ? Que vont-ils faire de ces œuvres s’ils les emmènent ? ", a réagi auprès de l’AFP le directeur du programme Musées à l’Agence nationale béninoise de promotion des patrimoines et de développement du tourisme (ANPT), Alain Godonou.

" Les discussions entre la France et le Bénin avancent très bien ", ajoute cet ancien responsable de l’Unesco. " Nous sommes en train de tout mettre en place pour accueillir ces œuvres – plusieurs musées sont en cours de réhabilitation – et c’est cela qui compte si nous voulons être crédibles ".

www.ipreunion.com avec AFP

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