Tribune libre de Michel Dennemont

Eviter le risque de propagation de la peste pulmonaire

  • Publié le 17 octobre 2017 à 12:12
  • Actualisé le 17 octobre 2017 à 12:16

Le Sénateur maire Michel Dennemont a écrit à la ministre des Solidarités et de la Santé sur le risque de propagation à La Réunion de la peste pulmonaire qui touche actuellement Madagascar. Il demande l'application du principe de précaution. Nous publions son courrier ci-dessous


Madame la Ministre, l’épidémie de peste pulmonaire qui touche actuellement Madagascar menace très sérieusement La Réunion au regard des flux importants de populations entre les deux îles et de la masse des échanges économiques. Notre île a connu en 2005 une crise sanitaire majeure. De février 2005, premier cas recensé, à avril 2006, l'épidémie a touché 244 000 personnes et causé 203 décès.

Ancien professionnel de santé avec une connaissance de quarante ans du tissu social et sanitaire de l’île, je peux affirmer qu’il serait catastrophique que la population réunionnaise soit touchée par une nouvelle épidémie, de surcroit par la peste pulmonaire, la forme la plus dangereuse de cette maladie. Jusqu’à présent, l’agence régionale de santé (ARS) nous assure que la rapidité d’apparition des symptômes permet de confiner tout voyageur contaminé avant qu’il puisse contaminer les autres. Selon L’ARS le risque qu’un contaminé prenne l’avion serait " faible " et que la propagation se fasse à La Réunion "modérée".

Cette hypothèse est aujourd’hui mise à mal par la découverte d’un cas aux Seychelles d’un voyageur rentrant de Madagascar et de la suspicion d’un cas à l’île Maurice. En conséquence, nous craignons, comme pour l’épisode du chikungunya, la sous-estimation d’une potentielle catastrophe sanitaire par l’ARS.

Le sentiment de ne pas avoir été traité comme tout autre département de l’Hexagone l’aurait été, reste vif et légitime. Cette nouvelle catastrophe sanitaire, en plus des dégâts humains, ne ferait qu’agrandir la défiance des Réunionnais envers les institutions d’État.

Réunionnais, habitants dans un département français, nous n’accepterons pas que pour des raisons diplomatiques la santé et la vie même de nos concitoyens, de nos enfants puissent être mises en danger.

Devant ce risque grandissant nous souhaitons que soit appliqué le principe de précaution et, afin de clarifier la situation, nous vous demandons :

• de renforcer les contrôles sanitaires à l’arrivée des liaisons aériennes et maritimes entre Madagascar et La Réunion le temps de s’assurer qu’il n’y a pas eu d’incubations plus longues qu’en théorie et de prolonger ces contrôles le temps de nous assurer que nous pouvons maîtriser une éventuelle épidémie.
• de détailler les mesures de confinement et de soins d’urgence déployés au cas où le risque de propagation ne serait pas aussi modéré que supposé.
• d’organiser une réunion d’information et de formation des maires car ils seront les premiers relais sur le terrain en cas d’épidémie.
• de nous garantir que La Réunion dispose du nombre de traitements nécessaires pour la population réunionnaise en cas de propagation chez nous.
• d’étudier rapidement la possibilité d’apporter une aide sanitaire à Madagascar dans le cadre de la coopération Régionale.

Je propose, Madame la Ministre, que nous anticipions de concert plutôt que de devoir réagir dans l’urgence d’une catastrophe, comme ce fut le cas pour le chikungunya. Je vous prie de recevoir, madame la Ministre, l’assurance de ma considération distinguée.
 

Michel Dennemont

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1 Commentaires
Billy
Billy
6 ans

Merci M. Dennemont ! J'espère que votre appel sera entendu rapidement et que les pouvoirs centraux sauront se montrer réactifs ! C'est effarant de constater à quel point comme vous le dites, l'outre mer semble être laissée pour compte dans les politiques publiques. Il faut donc espérer que les Assises de l'Outre-mer qui se tiendront prochainement permettront d'apporter un rééquilibrage effectif des priorités sur nos territoires insulaires... merci encore d'avoir porter les inquiétudes de nombreux réunionnais.