Tribune libre d'Ericka Bareigts

Une mobilisation forte pour des services publics à la hauteur des enjeux ultramarins

  • Publié le 22 mai 2018 à 07:02

Jamais les services publics français n'avaient été menacés comme aujourd'hui. En s'attaquant aux collectivités et à la fonction publique, le gouvernement s'aligne sur les idéologies qui ont guidé tous les gouvernements de Droite depuis de décennies. Face aux difficultés budgétaires de l'État, le réflexe de la droite est de faire des budgets des collectivités et des conditions des fonctionnaires la variable d'ajustement budgétaire.

À l’opposé, je suis de celles et ceux qui défendent les services publics comme de puissants leviers de croissance. Ils sont le socle de notre système de solidarité, nous le mesurons particulièrement dans un territoire d’Outre-mer comme le nôtre. Je me mobilise aujourd’hui pour défendre la fonction publique et avec elle nos valeurs, la République bienveillante, une et indivisible.

Chaque fonctionnaire représente un accès aux droits fondamentaux de la République pour tous. Ensemble, ils constituent le ciment de système économique et social. Pour cela, ils bénéficient d’un statut particulier qui les protège car ils doivent être garanti de pouvoir exercer leurs métiers sans subir les pressions et influences d’intérêts financiers ou partisans.

C’est donc l’ensemble des Français que ce statut protège, en garantissant l’égalité de traitement à tous les usagers. Juges, enseignants, agents des impôts, infirmiers, agents d’entretien des routes, policiers, militaires…: toutes ces personnes sont là pour nous assurer un cadre de vie sécurisé et stable. Le gouvernement d’Edouard Philippe, ancien élu UMP puis les Républicains, souhaite mener une réforme pour affaiblir le service public de notre pays.

D’une part, comme l’avait annoncé le Président de la République, une réduction de 120 000 fonctionnaires est prévue. La droite macronienne veut nous faire croire qu’il est possible de réduire le déficit en s’attaquant à la fonction fonction publique. C’est nous estimer incapable de réfléchir et de reconnaître une réduction de la dépense publique de façade. Ne nous laissons pas duper par cette politique courtermiste, qui engendrera rapidement des coûts supplémentaires. Ces surcouts liés directement à l’affaiblissement des services publics sont cachés à la population. Quel serait le coût pour le système de santé de l’affaiblissement d’une politique de santé préventive ?

Probablement plus de malades à soigner à terme. Quel coût économique et humain d’une baisse de la qualité de l’éducation, de l’orientation de nos
jeunes, de la garantie de leur sécurité aux abords des établissements ? Ensuite, projet de contractualisation. A-t-on identifié les risques qui pèsent sur des secteurs comme l’hôpital, la police ou l’armée ou des démissions de masse auraient des conséquences terribles pour la protection de notre pays ? Souhaitons-nous prôner un emploi de plus en plus précarisé pour nos jeunes ? L’enchainement des CDD est-il réellement un levier de croissance économique susceptible de relancer la consommation ? Comment alors devenir propriétaire, fonder une famille dans des conditions sereines ?

Affaiblir la fonction publique, c’est affaiblir le service public et menacer l’accès au droit pour tous. Ce sont des postes en moins à l’hôpital, aux impôts, avec toutes les difficultés illustrées récemment. Par exemple, le manque de moyens du tribunal de commerce entraîne pour nos chefs d’entreprise des délais supplémentaires pour la délivrance du Kbis.

Pour une fonction publique forte, un accompagnement dans la transition numérique semble nécessaire pour les agents et la population. En effet, la fracture numérique est une réalité pour les plus fragiles. Ce n’est pas une bascule mais une transition qui doit être faite à ce sujet.

Par ailleurs, je défends dans les Outre-mer une fonction publique à l’image de la société. C’est pourquoi j’ai inscrit les Centres d’Intérêts Moraux et Matériels (CIMM) dans la loi égalité réelle qui a renforcé leur importance lors des demandes de mutation. Un Réunionnais qui souhaite rentrer travailler sur son île doit voir sa situation familiale prise en compte dans ses demandes. C’est ce que permet les CIMM.

Voulons-nous suivre le modèle américain ou des patients meurent encore du diabète faute de moyens pour disposer des traitements adaptés ? Ou souhaitons nous faire vivre notre modèle de solidarité qui permet le développement économique de nos territoires tout en offrant une
protection adaptée à chaque situation ?

Avant de nous demander de diminuer encore l’offre de service public, le gouvernement devrait s’attacher à rattraper le niveau des effectifs d’État et notamment hospitaliers par rapport aux moyennes nationales. C’est encore la une preuve supplémentaire si elle était nécessaire du manque d’ambition, de vision politique et même d’intérêt pour nos territoires d’Outre-mer.

Les territoires les plus faibles ont-ils droit à une fonction publique plus forte ? Mille fois oui. À La Réunion et plus globalement en Outre-mer, l’illettrisme, l’échec scolaire, les problèmes de santé spécifiques, les violences intrafamiliales, le chômage frappent la société avec une acuité particulière. Le gouvernement ne peut plus continuer à détourner les yeux de cette réalité en remettant toujours au lendemain les solutions proposées.

Nous Réunionnaises et Réunionnais sommes volontaires et déterminés pour construire les conditions d’une émancipation intelligente, pour montrer que notre île regorge d’atouts humains, économiques, sociaux que nous savons valoriser. Le gouvernement ne peut pas continuer à nous opposer des difficultés face à ce projet de développement.

Les retards affichés par notre territoire par rapport à l’Hexagone nécessitent la mobilisation de moyens supplémentaires pour former nos jeunes, pour garantir un service public de qualité adapté à la réalité réunionnaise, pas une coupe budgétaire supplémentaire.

C’est pourquoi je soutien et j’appelle à soutenir un service public fort, de qualité. Je soutiens cette manifestation des syndicats pour la défense de notre service public.

Ainsi, je défends l’emploi des Réunionnais. Ainsi, je défends la santé des Réunionnais. Ainsi, je défends l’éducation des Réunionnais.

Ericka Bareigts

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1 Commentaires
KUNTA KINTé
KUNTA KINTé
5 ans

T' as foutu quoi étant sous ministre de l' inégalité irréelle !
Tu parles trop la bouche pleine