Saint-Denis - Exposition

"Zoos humains, l'invention du sauvage" à voir jusqu'au 31 janvier 2019

  • Publié le 29 décembre 2018 à 02:59
  • Actualisé le 29 décembre 2018 à 06:14

Dans le cadre de la célébration du 170ème anniversaire de l'abolition de l'esclavage, une exposition intitulée "Zoos Humains, l'invention du sauvage" se tient à l'Ancien Hôtel de Ville du 18 décembre 2018 au 31 janvier 2019. Au-delà, et jusqu'à fin mars, l'expo sera délocalisée dans les différents quartiers de la ville. L'histoire des zoos humains est exposée de façon chronologique et met l'accent sur des oeuvres connues de l'époque. Des résumés détaillés apportent plus d'informations aux visiteurs et permettent une meilleure compréhension générale.

Une exposition coordonnée et réalisée par le Groupe de recherche Achac avec la Fondation Lilian Thuram. Éducation contre le racisme, avec le soutien du Cget (Commissariat général à l'Égalité des territoires), de la Dilcrah (Délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-Lgbt), du Ministère des outre-mer, de la Mgen et de la Casden.

Vernissage de l’exposition s'est déroulé le 18 décembre 2018 à 18h avec la projection du film documentaire "Sauvages, au cœur des zoos humains" (en présence de Mme Sandrine Lemaire, agrégée et docteure en histoire).

"Sauvages, au cœur des zoos humains"
De 1810 à 1940, des hommes ont exhibé d’autres hommes en les présentant comme des sauvages ou des monstres dans de véritables zoos humains. Plus d’un milliard et demi de visiteurs ont découvert trente-cinq mille exhibés à travers l’Europe et dans le monde entier, lors d’Expositions universelles ou coloniales, dans des zoos, des cirques ou des villages indigènes reconstitués. Pour la première fois, un documentaire fait ressurgir ce pan oublié de l’histoire de l’humanité. Avec le concours des plus grands spécialistes internationaux, il retrace les destins de six exhibés, s’appuyant sur des archives inédites, des images exceptionnelles et les témoignages de leurs descendants. Réalisation : Pascal Blanchard et Bruno Victor-Pujebet. Ecrit par Pascal Blanchard, Coralie Miller et Bruno Victor-Pujebet. Raconté par Abd al Malik

Une exposition chronologique

L'exposition expose plusieurs facettes de la traite des esclaves durant les cinq siècles de cette sombre page de l'Histoire. Des premiers contacts dès 1492, l'Europe trouve son prétendu sauvage dans l'Améridien. Les conquistadors présentent alors aux rois européens des prises de guerre, en exhibant les Aztèques ou les indiens du Brésil. La hiérarchisation selon la couleur de peau commence alors à s'imposer dans les esprits et l'esclavage transatlantique va toucher des millions d'africains.

Justification scientifique

Dès cette époque afin de justifier l'injustifiable, des scientifiques développent des théories sur les races. En Angleterre, en Suède et même en France, le XVIII siècle, les naturalistes classent le genre humain en prétendues "races". Cette classification permet à des promoteurs, d'exposer des humains comme de vulgaires animaux. D'abord itinérants, les expositions deviennent permanentes et ces personnes "exotiques" deviennent des objets d'arts, où la bourgeoisie de l'époque, pour la sortie dominicale s'arrête par exemple au Jardin d'Acclimation de Paris pour observer, nourrir et se moquer des "races inférieures". Le destin des exhibés sont peu connus, des témoignages qui sont parvenus jusqu'à notre époque fait état de personnes qui ont pu s'extirper de leurs conditions d'esclaves afin d'avoir une vie moins difficile. Cependant, il est clair qu'ils restaient exploités par les promoteurs de spectacles.

De la période d'esclavage à la colonisation

Si les mentalités évoluent doucement, le statut change pour ces esclaves. Avec la fin de la traite et l'abolition de l'esclavage, la colonisation est mise en place dans le monde. Il existe toujours à cette époque une frontière entre les "civilisés" et les "sauvages". De 1883 à 1914, de Lyon à Amsterdam, les expositions deviennent des outils de propagande pour les puissances coloniales, où les "indigènes" rendent hommage à l'empereur, ou le roi. En France, les populations locales des îles d'Outre-Mer sont exposées, des natifs de Guadeloupe et de Martinique se retrouvent dans des villages montés afin de donner un côté théâtral et plus "exotique". Ce phénomène est mondial, même au Japon, après l'invasion de la Corée, le même procédé est réalisé pour montrer la supériorité du vainqueur sur les vaincus.

Un dénonciation tardive

Ce n'est qu'avec les premières révoltes des exhibés, qu'une prise de conscience collective s'intéresse à ce phénomène. Si dès 1880, l'exhibition de la "Vénus hottentote" est dénoncée par des ligues abolitionnistes en Angleterre, les premières manifestations s'organisent vers les années 1930. Les étudiants, les communistes s'organisent pour tenter de mettre fin à ce triste spectacle. C'est finalement le désintérêt des visiteurs qui ne suscitent plus autant de curiosité que le déclin est amorcé. Aussi la première guerre mondiale, qui a vu de nombreux colonisé se battre pour une patrie qui n'étaient pas la leur, a changé un peu l'opinion des Européens. La dernière exposition de Bruxelle en 1958, reçoit de nombreuses plaintes et contestations. Le temps des "zoos humains" se termine donc, plus de 150 ans après le début de ces exhibitions.

Un devoir de mémoire

Pour les 170 ans de l'abolition de l'esclavage, cette exposition permet de regarder l'Histoire et comprendre les mécanismes qui ont permis cette triste page qui a vu la traite de centaine de millions d'êtres humains. De nombreuses associations sont impliquées dans le devoir de mémoire, mais également pour lutter contre l'inégalité et le racisme encore présent de nos jours. Cette exposition s'est tenue dès 2010 au musée du Quai Branly à Paris avec la Fondation Lilian Thuram. L'exposition intitulée "Zoos Humains, l'invention du sauvage" se tient à l'Ancien Hôtel de Ville de Saint-Denis du 18 décembre 2018 au 31 janvier 2019. Elle sera ensuite délocalisée dans différents quartiers de la ville.

Plus d'informations sur le site de la ville de Saint-Denis

jb/www.ipreunion.com

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