C'est la fin du ramadan

Aïd el-fitr moubarak

  • Publié le 25 mai 2020 à 02:59
  • Actualisé le 25 mai 2020 à 09:31

L'Aïd el-fitr signe officiellement la fin du Ramadan pour les Musulmans. La lune n'ayant pas été aperçue ce dimanche à La Réunion, l'Aïd est célébrée ce lundi 25 mai 2020. La fête sera particulière en raison du coronavirus. Pourtant un rebondissement de dernière minute a changé la donne : ce samedi le gouvernement a finalement autorisé par décret immédiat la reprise des cérémonies religieuses, dans le respect des gestes barrières. Les croyants pourront donc profiter des mosquées. Toutes ne seront pas ouvertes cela dit, en raison des conditions imposées par le décret. Les responsables religieux appellent les familles à privilégier une célébration de l'Aïd dans l'intimité et en famille comme cela était prévu au départ. Aïd Moubarak à tou(te)s les Musulman(e)s de La Réunion (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Les Musulmans de La Réunion et d'ailleurs auront vécu le Ramadan confinés, ils fêteront l'Aïd el-Fitr déconfinés. Les cérémonies religieuses sont à nouveau autorisées, via un décret publié au Journal officiel et qui entré en vigueur dès ce samedi 23 mai. A l'issue d'une réunion tenue le samedi même, les responsables religieux musulmans ont décidé de reprendre les cérémonies, l'Aïd el-Fitr pourra donc bel et bien se fêter dans les mosquées.

Cette fête qui maque la rupture du jeûne est célébrée le premier jour du mois de chawwal, 10ème mois du calendrier islamique. A chaque fois, l'Aïd est précédée d'une observation du ciel. Appelée "nuit du doute", cette première étape permet de définir la fin officielle du Ramadan. Pour cela, il faut que le croissant de lune soit visible. Si ce n'est pas le cas, la rupture du jeûne est repoussée d'un jour.

Or la lune n'a pas pu être observée dès samedi soir et l'Aïd n'a donc pas pu être envisagée dès dimanche. C'est ce lundi que les musulmans sunnites arrêtent officiellement leur jeûne et célèbrent la fin du Ramadan.

Les chiites, en outre, se sont alignés sur les observations des musulmans de l'île soeur. La lune a en effet été aperçue à Maurice tard ce samedi soir, et l'Uaksir (Union des Associations Khodjas Shia Ishnari de la Réunion), branche chiite à La Réunion, a annoncé que l'Aïd se déroulerait ce dimanche 24 mai. Cependant compte tenu des conditions sanitaires strictes, la mosquée chiite de Saint-Denis n'a pas été en mesure d'accueillir les fidèles, et les prières en son sein ne reprendront que ce mardi 26 mai.

- Organisation express -

Ce décret, un ou deux jours avant l'Aïd, a provoqué une grande précipitation dans l'organisation de cette fin de Ramadan. "Ce sont des annonces très précipitées, ça a pris tout le monde de court", avoue le président du Centre régional du culte musulman (CRCM), Nazir Patel. "Certaines mosquées peuvent rouvrir avec des conditions extrêmement restrictives. D'autres ne le pourront pas à cause de ces règles, d'autant plus que l'on connaît bien l'affluence habituelle au moment de l'Aïd..." A La Réunion, cette fête rassemble habituellement 15 à 20.000 personnes dans les mosquées et dans les sites en plein air. La grande prière en plein air organisée habituellement à Champ Fleuri ne pourra pas de toute façon pas avoir lieu.

Parmi les édifices qui vont rouvrir, la Grande mosquée de Saint-Denis, dont Iqbal Ingar est le président. "C'est une bonne surprise, le problème c'est l'organisation. On nous a prévenus trop tard ! D'autant plus que la responsabilité ne pèse que sur l'organisateur, il faut être vigilant. Mais on ne pouvait pas priver les musulmans de célébration dans les mosquées après deux mois de confinement."

Il y a des conditions précises à respecter : les mesures de distanciation physique doivent être appliquées à raison d'un mètre entre deux personnes, le port d’un masque de protection est obligatoire, le flux des entrées et des sorties des édifices doivent être régulés, et la désinfection des mains sera obligatoire à l’entrée des lieux de culte.

Chacun devra également amener son propre tapis de prière. Le programme sera très allégé "pour ne pas garder les gens longtemps : au lieu d'une heure, ce sera 20 minutes" indique Iqbal Ingar. "On va supprimer la causerie, et on passera directement à la prière."

A l'intérieur des édifices, la capacité d'accueil sera "divisée par 4" indique pour sa part Nazir Patel. "Pour une mosquée qui accueille habituellement 400 personnes, il n'y aura donc que 100 personnes." Une fois cette capacité atteinte, les portes seront fermées.

- "Restez chez vous comme vous aviez prévu de le faire" -

Pour limiter au maximum les risques et éviter de frustrer les fidèles qui se retrouveraient devant une mosquée déjà remplie, les responsables religieux appellent les familles à prier à domicile. "Restez chez vous comme vous aviez prévu de le faire" conseille Nazir Patel. "Les gens s'étaient bien organisés pour prier chez eux ou avec des voisins, puisque maintenant c'est permis." D'autant plus que les enfants de moins de 13 ans ne seront normalement pas acceptés dans les mosquées ouvertes. "On recommande aussi aux personnes âgées ou à celles qui ont des pathologies de rester à la maison" ajoute le président du CRCM.

A Saint-Denis, plusieurs sites vont malgré tout être préparés pour la grande prière de l'Aïd, afin de compléter la Grande mosquée. "On va ouvrir une école et une grande salle" précise Iqbal Ingar. "Mais on demande quand même aux gens de garder l'habitude de prier chez eux pour ne pas engorger les lieux de culte."

- "Réfléchir au sens de la vie" -

Durant ce confinement, "tous les cultes ont vécu un moment très particulier", rappelle sagement Iqbal Ingar. "C'était le cas pour les chrétiens avec Pâques, pour les juifs avec la Pessah, pour les tamouls avec le nouvel an… nous avons tous été obligés de nous organiser en conséquence." Le Ramadan jusqu'ici s'est aussi vécu en confinement.

Avant l'annonce du nouveau décret, chacun s'était organisé pour prier chez soi et les imams avaient distribué des petits programmes à faire à la maison, en plus court, à défaut d'être à la mosquée.

Ce Ramadan si particulier aura été l'occasion selon Iqbal Ingar de remettre en question notre quotidien. "J'ai beaucoup échangé autour de moi. La leçon à en tirer c'est que rien n'est acquis, tout peut être remis en cause. Cette période a permis à tous un rapprochement inter-familial." Habituées à se rendre dans les lieux de culte, les familles croyantes ont en effet adopté un mode de prière plus intime, au sein même du foyer.

"Ce confinement a permis de se recentrer, bien réfléchir au sens de la vie. On est finalement bien peu de choses et cette crise sanitaire permet de méditer sur ce qui se passe : la nature a repris ses droits, l'air est plus pur, les animaux reviennent là où ils n'étaient plus… cela donne à réfléchir" estime le président de la Grande mosquée de Saint-Denis. "Une chose est sûre, on ne pourra plus revivre la vie qu'on vivait avant."

Aïd Moubarak à toutes et à tous

mm / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

guest
0 Commentaires