Les syndicats réunionnais saluent la mesure

Police : "vers un vrai statut pour le travail de nuit"

  • Publié le 14 octobre 2020 à 17:16

Une prime de 60 à 100 euros par mois sera accordée aux "nuiteux," ces policiers travaillant de nuit. C'est ce qu'a annoncé le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, aux syndicats de police ce mardi 13 octobre. Cette prime s'inscrit dans une série de mesures en faveur des forces de l'ordre : le gouvernement prévoit une augmentation historique du budget de la police à hauteur de 325 millions d'euros. A La Réunion, les syndicats applaudissent la mesure, bien qu'elle arrive tardivement selon eux et ne soit pas nécessairement à la hauteur des risques encourus. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

"On attend que tout ça soit acté", reste prudent Idriss Rangassamy, secrétaire départemental d’Alliance Police nationale à La Réunion, qui reconnaît "une avancée mais il y a encore beaucoup de choses à faire". Mardi 13 octobre, Gérald Darmanin a annoncé aux syndicats des forces de l'ordre que 15 millions d'euros seraient affectés à une prime destinée aux 22.000 policiers travaillant de nuit, soit un bonus de 60 à 100 euros par mois. La Réunion compte environ 150 "nuiteux".

Les syndicats poussent un cri de soulagement. "Ce qu'on a eu, c'est la reconnaissance et la construction de la mise en place d'un véritable statut des travailleurs de nuit", analyse Gilles Clain, secrétaire général de l'Union SGP-FO. "Ce statut n'était nullement reconnu au sein de la police nationale".

 

- Meilleure prise en charge -

Les syndicats se réjouissent à la fois de l'arrivée d'un équipement "à haute visibilité", dédié au travail de nuit, mais aussi d'une meilleure considération sur le volet médical. "Les prises en charge, le suivi, la reconnaissance de la maladie professionnelle seront prise en compte", applaudit Gilles Clain. "L'espérance de vie d'un fonctionnaire de nuit est réduite de six ans. On est également plus exposés à des maladies chroniques ou risques cardio-vasculaires", rappelle de son côté Freddy Tayo, délégué départemental d'Alternative Police CFDT qui entre dans sa huitième année comme "nuiteux". 

Autre annonce : celle de l'avancement aux grades supérieurs, qui doit se faire au même titre que les travailleurs de jour. "Bien souvent les nuiteux étaient des oubliés de l'avancement. Loin des yeux, loin du cœur, malheureusement c'est souvent le cas chez nous", regrette Gilles Clain. Le locataire de la Place Beauvau va allouer 25 millions d'euros à la réforme des voies d'avancement des gardiens de la paix, permettant "un avancement semi-automatique au grade de brigadier après 25 ans de service ".

- "La délinquance n'a rien à voir la nuit" -

Un soulagement pour ces forces de l'ordre qui se considéraient comme souvent abandonnées par rapport à leurs collègues de jour, et qui sont pourtant confrontés à des difficultés plus importantes : "la délinquance n'a rien à voir avec celle de la journée où vous croisez des gens de toutes les catégories socio-professionnelles", résume le syndicaliste de Force Ouvrière. "La nuit vous ne croisez qu'une seule frange de la population, celle qui vient traîner pour commettre des méfaits : je parle de cambriolage, de violence, d'agression. Il y a donc un risque d'intégrité physique plus important la nuit que le jour." A titre d'exemple, nombreux sont les syndicalistes réunionnais à citer en exemple l'attaque du commissariat de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), commise la nuit du samedi 10 octobre dernier.

Des conditions de travail qui font d'ailleurs dire à Freddy Tayo que la prime n'est pas suffisante : "la nuit, on ne voit pas ce qui peut arriver de toutes parts (projectiles, tirs de mortiers). Le risque est constant", lâche-t-il tout en déplorant l'absence de formation de nuit pour permettre aux futurs nuiteux de "prendre leurs repères pour mieux intervenir".

Pour autant, les annonces dénotent une "prise de conscience", remarque Marc Lesage du syndicat policier Unsa qui ne peut pas s'empêcher pas de s'interroger sur l'agenda politique : " notre sécurité va être au cœur de la campagne présidentielle. Comme par hasard, on commence à nous recevoir et à être plus gentil avec nous", conclut-t-il en rappelant que cela faisait trois ans que les syndicats demandaient à être reçu par le président Emmanuel Macron.

vp / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
john
john
3 ans

Le gouvernement français est un pays de dictature

Mayaqui, depuis son mobile
Mayaqui, depuis son mobile
3 ans

Ok c est bien, mais le fond du problème n est pas la ! C est la violence qui les frappe qu il faut arriver à stopper !
On ne s engagé pas dans ce métier pour se faire tuer ....