Dengue

Carcasses de voitures, des nids de moustique à ciel ouvert

  • Publié le 19 mai 2018 à 02:58
  • Actualisé le 19 mai 2018 à 06:49

Un phénomène sévit sur l'île, une problématique récurrente régulièrement dénoncée par le site Band cochons : les carcasses de voitures. Dans un contexte où l'épidémie de dengue se poursuit avec virulence à La Réunion, une question se pose : comment se fait-il qu'il y ait autant de carcasses abandonnées ? Sur le territoire de la côte Ouest (TCO), pour être enlevés, ces véhicules doivent faire l'objet d'une enquête administrative parfois longue et compliquée. Un casse-tête administratif et un risque sanitaire réel. Pourtant, il suffirait d'un geste citoyen de la part des propriétaires pour éviter à ces gîtes larvaires à ciel ouvert qui contribuent à la propagation de l'épidémie.

Pour comprendre la difficulté relative au ramassage des carcasses de voitures qui jonchent la voies publiques, nous avons interrogés le territoire de la cote Ouest (TCO). Le territoire de la côte Ouest fait appel à un prestataire pour les enlèvements de carcasses. Les enlèvements de carcasses se font en fonction des demandes.

-Les carcasses de voitures, un vrai risque sanitaire -

Les véhicules abandonnés sont de vrais hôtels à moustiques. Toute la carcasse présente des endroits parfaits pour la multiplication des gîtes larvaires : avant de pare-brise, pneus, coffre, etc.

Leurs composants sont aussi une menace pour l'environnement. Les batteries et autres composantes chimiques des véhicules représentent un vrai risque de pollution. Sans parler de l'ignominie visuelle que sont ces véhicules abandonnés.

Le ramassage de ces carcasses peut vite devenir un vrai casse-tête administratif. En effet, l'enlèvement dépend de trois choses : l'état de la carcasse, l'identification du propriétaire et l'état du foncier.

- Une carcasse identifiable est un véhicule hors d'usage -

L'intervention des équipes de ramassage dépend de la nature de la carcasse. Si une carcasse est identifiable, on parle de véhicule hors d'usage (VHU).

Si le VHU se trouve sur la voie publique, il peut faire l'objet d'une enquête par la police municipale pour stationnement abusif, gênant ou véhicule volé. Normalement, cette enquête se clôture par une mise en fourrière, sauf que les fourrières débordent. Certaines communes confient au TCO l'ordre d'enlèvement du véhicule pour destruction.

Si le VHU se trouve sur une voie privée, il relève du pouvoir de police du maire. Celui-ci peut procéder à une mise en demeure du propriétaire du foncier.

Un cas particulier existe, celui des parkings de bailleurs sociaux. C'est le TCO qui est en charge d'enlever ces carcasses dans le cadre d'une convention.

-Une carcasse non identifiable est une épave, un déchet -

Dans le cas des véhicules pour lesquels le propriétaire n'a pas été identifié, la carcasse est une épave. Elle est considérée comme un déchet qui sera ramassé par le TCO dès signalement sauf si elle est située sur un terain privé. Là encore, c'est le pouvoir de police du maire qui intervient pour une mise en demeure du propriétaire du terrain.

-Un ramassage souvent compliqué -

La principale difficulté concerne l'enlèvement des VHU. D'une part, parce que les fourrières n'ont plus de place et d'autre part parce que les procédures administratives sont longues. En effet, lorsque la police municipale commence une enquête pour enlever un VHU, celle-ci se heurte à la difficulté d'identifier le propriétaire. Souvent les véhicules abandonnés ont été vendus pour pièces, puis revendus, et ainsi de suite sans que la carte grise soit à jour. Ainsi, un VHU repéré peut attendre plusieurs semaines voire des mois avant son retrait.

Cependant, dans la lutte contre l'épidémie de dengue ces procédures administrativs devraient être accélérées.

- Pourtant, un coup de fil suffit -

Un propriétaire de carcasse qui souhaite la faire enlever peut s'adresser à des centres agréés. Certains d'entre eux effectuent gratuitement les retraits de VHU.

Si le TCO procède lui même à l'enlèvement d'un VHU et que le propriétaire est identifié, celui-ci s'expose à rembourser les frais engendrés par l'enlèvement et la mise en fourrière.

Ainsi, ce sont environ 200 véhicules par an qui sont enlevés par le TCO. En réalité, il est bien difficile d'évaluer combien de carcasses sont encore prises dans la spirale administrative de leur enlèvement.

sjb/www.ipreunion.com

guest
0 Commentaires