Tribune libre de Nadia Ramassamy, députée de La Réunion

Cette crise du logement qui vient

  • Publié le 16 octobre 2018 à 13:38
  • Actualisé le 16 octobre 2018 à 13:48

La dernière étude publiée par l'INSEE, en partenariat avec le Conseil départemental de La Réunion, est venue rappeler l'ampleur de la crise que traverse le secteur du bâtiment et du logement. Ce n'est pas moins de 168.900 logements qui devront être construits sur l'Île d'ici 2035 en raison du vieillissement de la population, de l'augmentation démographique, et mécaniquement de la hausse du nombre de ménages.

En parallèle, cette même étude démontre ce que nous dénonçons depuis de nombreuses années : plus de la moitié des Réunionnais vivent dans des quartiers précaires cumulant chômage, insécurité, économie informelle et insalubrité. Cette situation devrait être inconcevable dans la 5ème puissance mondiale.

Quant au secteur du BTP, grand pourvoyeur d’emploi, il traverse une crise profonde. En effet, depuis la fin des APL Accession logement, ce sont 500 entreprises qui ont cessé leurs activités, 71 qui sont en redressement judiciaire, 1.400 logements qui ne verront jamais le jour, et déjà 51 millions d’euros de chiffres d’affaires en moins sur l’année 2018 pour le secteur.

Outre, les prix des matériaux de construction qui sont à 40 % plus élevés à La Réunion qu’en métropole selon le dernier Avis de l’Autorité de la concurrence, ces matériaux sont essentiellement importés et la rareté foncière complique leur stockage. En conséquence, les matériaux de construction représentent un tiers du coût de la construction d’un logement.

Ainsi, la suppression de l’APL Accession logement a été une véritable double peine pour les Réunionnais. Les plus modestes ne peuvent ni rénover leur logement, ni devenir propriétaires. Certains chantiers sont désormais à l’arrêt, les dossiers bloqués, et des dizaines de familles sont prises au piège.

Les Réunionnais, mais c’est aussi le cas de tous les ultramarins, sont-ils condamnés à vivre dans des logements indignes ? Je refuse de m’y résoudre.

C’est la raison pour laquelle j’avais interpellé le Président de la République en mars dernier afin de rétablir l’APL Accession logement. C’est ainsi qu’un groupe d’étude est actuellement en train de travailler sur cette mesure capitale pour les territoires ultramarins.

Dès lors, la mise en place d’un dispositif alternatif des APL Accession logement serait à la fois un moyen de relancer un des moteurs de l’économie ultramarine, tout en permettant de faire face à la future crise immobilière et au nombre de logements insalubres.

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