Environnement

Les banians de l'Hermitage sont sauvés pour le moment

  • Publié le 10 novembre 2018 à 06:33
  • Actualisé le 10 novembre 2018 à 17:31

Les banians sont devenus le symbole de la bataille autour du plan d'action pour la prévention contre les Inondations (Papi). Le projet : construire des digues qui dévieront les eaux des fortes pluies dans des ravines et des bassins de rétention. La finalité : que les biens et les personnes à proximité de zones à risque dans l'Ouest de l'île soient à l'abri des inondations. Le TCO, aux commandes du Papi, brandit la carte du projet d'utilité publique quand un collectif soucieux de l'environnement brandit celle de la catastrophe écologique.

Ils étaient menacés à cause de leurs racines

"Un problème a été constaté au niveau du système racinaire aérien (des banians - ndlr), qui s’étend très rapidement" affirmait Guy Saint-Alme, vice-président du TCO délégué à la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (Gemapi). Pour éviter que les futures digues soient endommagées, la collectivité avait donc décidé de supprimer les banians. C’est ce qui a mis le feu aux poudres. Un collectif de riverains s’empare du dossier. Une pétition contre la déforestation liée au PAPI est mise en ligne. En moins d’un mois, elle recueille 2.500 signatures.

Le collectif obtient gain de cause

Ce collectif qui n’est pas structuré, qui n’a pas de nom, qui ne compte qu’une douzaine de personnes finit par obtenir gain de cause. Ce vendredi 9 novembre, le TCO a annoncé procéder à la modification du tracé de la digue pour sauvegarder les banians. Et cela a un coût "maintenir les banians aura des impacts au niveau de l’exploitation et de l’emprise foncière, donc au niveau financier également. Ces arbres sont une menace et c’est un choix risqué pour la digue et pour la population, qui coûtera à la collectivité" explique Guy Saint-Alme. La bagatelle de 25.000 euros par an. De plus, l’institution prévient, si les racines aériennes des banians deviennent une menace trop importante pour la digue, les arbres vieux d'une quinzaine d’années seront abattus.

Joseph Sinimalé : "les hôtels à Saint-Paul, c’est fini"

Le collectif qui compte dans ses rangs Jean-Pierre Marchau, le secrétaire régional d’Europe écologie les Verts Réunion en profite pour maintenir la pression car il doute de l’efficacité du PAPI "il ne prend pas en compte les inondations dues aux remontées des nappes phréatiques. Il ne prend pas non plus en compte les inondations par submersion marine et les houles exceptionnelles" explique Jean-Pierre Marchau. Mais sa plus grosse crainte est ailleurs "nous pensons que le PAPI n’est qu’un prétexte pour bétonner le terrain actuellement classé non constructible car submersible pour ensuite le déclasser et le vendre à un promoteur immobilier. Ce serait une catastrophe environnementale. Et il y aurait donc une pression démographique encore plus importante. Le secteur déjà embouteillé le sera encore plus, surtout qu’il n’y a aucun volet mobilité dans le PAPI."

Joseph Sinimalé, le président du TCO, admet qu’il y a effectivement un projet immobilier en cours dans le secteur "je suis à l’aise avec le sujet. Oui, nous examinons le projet de  CBO Territoria. Mais dans le cadre de l’aménagement du territoire, on veut faire un aménagement raisonné et concerté avec la population. Il n’y aura pas de résidence hôtelière, je l’annonce officiellement : les hôtels à Saint-Paul, c’est fini. Nous voulons un projet avec du sens, ancré dans une démarche de développement durable. Il faut aussi préciser que le projet de la CBO Territoria ne verra pas le jour en zone inondable."

Joseph Sinimalé insiste sur le fait que le PAPI s’inscrit dans le cadre d’une directive européenne et n’est en aucun cas un prétexte pour mener à bien ce projet immobilier.

fh/www.ipreunion.com

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