Un rapport de la Fondation Abbé Pierre

Mal-logement : près de 10% de la population réunionnaise concernés

  • Publié le 19 avril 2019 à 02:58
  • Actualisé le 19 avril 2019 à 06:04

La Fondation Abbé Pierre a présenté un nouveau rapport sur le mal-logement à La Réunion. Alors que les habitants s'inquiètent d'une précarité croissante, la fondation demande à ce que la lutte contre le mal-logement soit "une priorité nationale", et dresse un bilan inquiétant du nombre de logements insalubres et des personnes sans domicile fixe ou sans abri.

Les objectifs de la fondation sur le plan régional sont clairs : réduire drastiquement le nombre de personnes sans abri, le nombre d'expulsions locatives, définir clairement l'encadrement des loyers, aller vers une véritable amélioration de l'habitat et augmenter le nombre de logements sociaux plus adaptés aux profils des demandeurs.

A La Réunion, le nombre de mal logés est édifiant : 84 661 personnes, soit près de 10% de la population. Le dispositif "Droit au logement opposable" (Dalo), instauré par la loi du 5 mars 2017, vise à garantir le droit à un logement décent à toute personne qui ne peut pas y accéder par ses propres moyens. Toute personne éligible doit pouvoir se saisir de ce droit, mais en dix ans, seulement 6 000 ménages ont déposé un recours sur l'île. Un nombre faible en comparaison du nombre de personnes mal logées, sans doute éligibles.

La Fondation Abbé Pierre propose plusieurs solutions pour reloger les ménages prioritaires et garantir un traitement plus équitable entre les habitants. Comme la production de 8 nouvelles maisons Relais qui vont sortir de terre progressivement entre 2019 et 2020. Elles représentent 264 logements adaptés pour des personnes isolées. Autre exemple : la construction du projet "Un chez soi d'abord", qui devrait générer à terme 100 logements pour des personnes à la rue souffrant de troubles psychiques.

"Le contraire de la misère ce n’est pas la richesse. Le contraire de la misère, c’est le partage" - Abbé pierre, 1984

La Réunion fait partie des 10 territoires pilotes du plan pauvreté. Mais le plan ne prend pas en compte les enjeux de l’habitat et du logement, dénonce la fondation. La crise des Gilets Jaunes a révélé de nombreuses préoccupations des Réunionnais autour du pouvoir d’achat. Or, le principal poste de dépense dans le budget des ménages est celui relatif au logement.

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A La Réunion le taux de pauvreté avoisinne les 40% contre 14% à l’échelle nationale, selon les chiffres de 2015. À titre d'exemple, les loyers pratiqués restent supérieurs à la moyenne française : 6,01 euros du m2 habitable au 1er janvier 2018, contre 5,78 euros du m2 habitable au niveau national.

Logements précaires : des chiffres inquiétants

Plus de 30 000 logements sont encore privés d’eau chaude et plus de 6 000 n’ont pas de douches ou de baignoires à l’intérieur, selon la fondation. Au-delà de l’inconfort sanitaire de base, 40 % des logements montrent des signes d’humidité et 14 % des infiltrations sont souvent liés à une mauvaise étanchéité des murs.

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Parmi les résidences principales, 33 240 présentent un "bâti précaire". Leur nombre est en diminution depuis 2008 mais reste élevé. Le terme de "case traditionnelle" pourrait par ailleurs être rediscuté selon la fondation, puisqu'il cache de fait une autre réalité : une vraie précarité dans les logements. Il s’agit principalement de cases en bois, souvent sous tôle, avec des parties "en dur" qui ne sont pas présentes systématiquement.

L’Observatoire réunionnais de l’habitat indigne a repéré près de 18 000 bâtis indignes en 2018. Ces logements sont souvent situés dans les Hauts, en zones agricoles ou naturelle, voire même en zones à risques. En tout, 737 ménages ont déposé une demande de logement social au motif de "logement non habitable" en 2017. Ils sont plus nombreux dans la CINOR et le TCO.

Un tiers des ménages qui appellent le 115 sont sans réponse

Le nombre de personnes sans abri se situerait entre 300 et 400 personnes en 2018. Après une période de forte augmentation des appels au 115 (+ 206 % de 2012 à 2016), le nombre d’appels tend à se stabiliser autour de 40 000. En 2018, le 115 a reçu plus de 20 000 demandes : près de 68 % ont été pourvues.

Les hommes voient plus fréquemment leur demande traitée et pourvue. Les femmes seules sont plus fréquemment confrontées à des demandes non pourvues (39 % contre 23 % d’hommes seuls), y compris lorsqu’elles sont seules avec un ou plusieurs enfants. Dans tous les cas, un tiers des ménages restent encore sans réponse en 2018.

www.ipreunion.com

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