Un travail terrestre sur le long terme

Maïdo : le refroidissement des lisières se poursuit

  • Publié le 13 novembre 2020 à 02:59
  • Actualisé le 13 novembre 2020 à 07:01

Le travail des pompiers suit son cours au Maïdo alors que le feu est désormais fixé. Avec l'aide des renforts venus de Métropole, le SDIS s'attèle au refroidissement des lisières et au creusage de rigoles visant à irriguer au maximum les sols et empêcher toute reprise du feu. Parallèlement les experts militaires envoyés de l'Hexagone se sont joints aux gendarmes de l'île pour avancer sur l'enquête. Aucune piste n'est écartée. (Photo rb/www.ipreunion.com)

Objectif premier pour les pompiers sur le terrain : éviter que le feu ne reprenne. Depuis ce mardi, l'incendie est fixé, après avoir brûlé 175 hectares. Mais pour une maîtrise totale, il faut s'assurer que les points chauds détectés en souterrain n'entraîneront pas de nouvelles flammes dévastatrices. Rien que sur la lisière sud, 27 points chauds ont été traités dans la matinée de ce jeudi 12 novembre.

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"Nous sommes sur un travail de rafraîchissement des lisières" nous explique le lieutenant-colonel Henri-Claude Pothin. "Il s'agit de détecter les points chauds puis de creuser des tranchées à un ou deux mètres avant de les mouiller abondamment."

Ces points chauds ils se repèrent de deux manières : avec l'utilisation d'un drone, ou à l'œil nu. Dans le cas du drone, l'ensoleillement peut induire les pompiers en erreur, en raison d'un surplus de chaleur. Les points chauds sont davantage repérables quand le brouillard est de sortie. A l'œil nu, ils sont visibles à la fumée qui s'élève au-dessus d'eux.

Une tâche qui s'annonce longue et complexe - un "travail de fourmi" nous disait le colonel Fontaine la veille – mais qui va pouvoir être accéléré grâce à l'arrivée de 80 sapeurs-pompiers venus de Métropole. "Ces renforts sont tous mobilisés sur la lisière sud, tandis que les équipes du SDIS sont sur la lisière nord, et sur la zone de la Glacière" explique le lieutenant-colonel Pothin. 120 soldats du feu sont mobilisés sur place du côté du SDIS 974.

Pour effectuer ce travail de noyade des lisières, les pompiers se reposent sur les camions citernes civils montés au Maïdo dès le début de semaine pour gérer l'approvisionnement en eau, dont les besoins sont maintenant conséquents. Six camions en tout ont été dépêchés sur place.

Le travail est donc essentiellement terrestre, alors que la couche nuageuse empêche tout déploiement de moyens aériens. "La météo est favorable, pas de vent pour l'instant. Mais une petite pluie ne ferait pas de mal…" note le lieutenant-colonel Pothin.

- Aucune piste écartée du côté de l'enquête -

Les pompiers comme les gendarmes parlent avec certitude de deux départs de feux distincts. "Un premier départ a eu lieu dès le vendredi 6 novembre en soirée, près du point de vue du belvédère. Il a été éteint à 23h30. Trois quarts d'heure plus tard, un second départ de feu a été déclaré, à 200 mètres du premier, vers les antennes" raconte le lieutenant-colonel.

Aucune piste n'est écartée pour autant par les enquêteurs. Deux militaires de Métropole ont rejoint les gendarmes pour apporter leur expertise en termes de criminologie. Ce jeudi ils ont indiqué, dans les laboratoires de la caserne La Redoute à Saint-Denis, étudier des prélèvements pour détecter la présence ou non de produits inflammables.

Des éléments ensuite transmis aux enquêteurs. Alors que l'origine accidentelle comme l'origine criminelle sont toutes deux envisagées, les gendarmes préviennent : l'enquête s'annonce longue et complexe.

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- "L'impact est surtout paysager" -

Selon le Parc national, les dégâts sont limités dans la forêt des Tamarins. "C'est une zone qui a été traversée pendant les incendies de 2010 et 2011. Le feu a été contenu à temps" estime le directeur adjoint Paul Ferrand. "C'est 10 fois mois destructeur que lors des précédents incendies !"

Ainsi la colonie de lézards de Bourbon, extrêmement menacée en 2011, est sauvée pour l'instant, bien que quelques individus aient nécessairement été impactés par le feu. Côté flore, l'enjeu était à la fois écologique et économique, avec les tamarins cultivés au Maïdo. "Heureusement, l'impact est surtout paysager" estime Paul Ferrand.

Quand l'incendie sera pleinement maîtrisé, commencera une période de diagnostic. "On essaiera d'être une béquille pour la nature. Mais replanter coûte cher. Une fois sortis de la crise, il faudra définir une stratégie de renaturation avec le Département et l'ONF. Nous espérons que la Région et les fonds européens pourront nous aider. Sachez qu'un hectare replanté correspond à 90.000 euros."

mm/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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