[PHOTOS-VIDÉOS] Le coeur de La Réunion a brûlé

Au Maïdo, une semaine face aux flammes

  • Publié le 15 novembre 2020 à 11:15
  • Actualisé le 15 novembre 2020 à 11:34

La semaine fut plus qu'ardue pour les pompiers et forces de l'ordre de La Réunion. Un incendie, déclaré dès le vendredi 6 novembre au soir, a brûlé 175 hectares au Maïdo. Un drame pour les Réunionnais qui ont tous en tête les feux destructeurs de 2010 et 2011 dans cet espace protégé de l'île. Si le feu est désormais fixé, les pompiers doivent empêcher toute reprise. Commencé dans la semaine, le travail de refroidissement des lisières se poursuit à travers la création de rigoles et d'arrosage intensif autour des points chauds. Un travail de longue haleine, tandis que les enquêteurs s'attèlent à trouver les causes l'incendie. Piste accidentelle ou criminelle, rien n'est écarté pour l'instant. Retour en images sur une semaine intense dans les sommets de Saint-Paul. (Photos rb/www.ipreunion.com)

• Samedi 7 novembre : l'horreur au réveil

Horreur et stupéfaction pour les habitants de l'ouest qui lèvent les yeux vers les hauts de Saint-Paul samedi 7 novembre au matin. Au loin, bien visible, un panache de fumée s'élève du Maïdo. C'est le début d'une longue journée de bataille contre les flammes pour les dizaines de soldats du feu mobilisés sur place. Les rougeoiements de l'incendie sont visibles dès la nuit. Les incendies destructeurs de 2010 et 2011 sont dans toutes les têtes.

Les pompiers indiquent que deux départs de feux distincts ont été observés : un premier près du point de vue du Maïdo, éteint dans un premier temps à 23h30, un second 200 mètres plus loin, déclaré trois quarts d'heure plus tard.

Rapidement les pompiers montent au Maïdo et tentent de contenir les flammes, aveec à pied d'oeuvre une trentaine de pompiers et huit engins. Ironie du sort, le Dash-8 est en panne. Immobilisé en raison d'une avarie, il n'a pu être opérationnel qu'en début d'après-midi.

En fin de journée, après plusieurs heures éreintantes au milieu du feu, le bilan est alors de 35 hectares brûlés. Malgré les sept largages du Dash, et la mobilisation de cinq hélicoptères bombardiers d'eau en tout, l'incendie continue sa progression.

• Dimanche 8 novembre : le Maïdo s'embrase

Après une nuit de surveillance, les pompiers du SDIS reprennent le travail au Maïdo. Dès le début de la matinée dimanche 8 novembre, 80 sapeurs-pompiers sont présents sur place. Au cours de la journée, le dispositif s'élargit avec 14 engins mobilisés et cinq hélicoptères bombardiers d'eau (HBE).

Si le SDIS annonçait dans un premier temps un incendie "fixé" sur le flanc sud, le flanc nord lui s'est vite montré plus préoccupant avec une reprise importante du feu, jusqu'à créer un mur de flammes le long de la route, près du belvédère. Nous étions sur place, en plein direct quand cela s'est passé.

Sur place, la maire de Saint-Paul Huguette Bello s'écoeure de ce triste spectacle. Les Mafatais, victimes d'une coupure de l'antenne relais, sont coupés du monde, sans moyen de communication. La commune de Saint-Paul met un site à disposition des pompiers à Petite France pour se relayer.

En fin de journée, le bilan est de 80 hectares brûlés, tandis que le Dash et lees hélicoptèrees bombardiers d'eau poursuivent leur travail.

• Lundi 9 novembre : concentration sur le flanc nord

Le dispositif du SDIS se gonfle, face au feu qui ne tarit pas : 28 engins, cinq hélicoptères bombardiers d'eau et le Dash au total sur la journée. Un second Dash est d'ailleurs demandé par Jacques Billant, préfet de La Réunion, en soutien au premier. Mobilisés dans le transport de patients Covid+ en Métropole, aucun autre Dash n'est mobilisable à court terme, apprendra-t-on plus tard dans la journée.

Les forces sur le terrain sont doublées, tandis que le président du Département Cyrille Melchior se rend sur place dès le matin, aux côtés du sous-préfet de Saint-Paul Olivier Tainturier, et que le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, annonce sa venue à La Réunion. Le matin même, le procureur de Saint-Denis, Eric Tufféry, annonce l'ouverture d'une enquête.

Du côté de Mafate, les lignes téléphoniques ne sont toujours pas rétablies, informe la maire de Saint-Paul. La préfecture de son côté rassure : "la population des ilets (Roche Plate et Ilet des Orangers) n’est pas menacée". Les écoles primaires du cirque restent cependant fermées et ce toute la semaine. Côté biodiversité, des premiers diagnostics sont établis : le lézard vert des hauts, ou lézard de Bourbon, est pour le moment préservé.

Des tranchées pare-feu commencent à être creusées par l’ONF pour protéger au maximum les pistes sur lesquelles vont s'appuyer les unités. Au sud, le feu ne reprend pas. Les routes forestières et les sentiers environnants sont toujours interdits d'accès.

Le soir, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin fait une annonce : 80 sapeurs-pompiers de Métropole vont venir prêter main forte au SDIS pour combattre l'incendie.

• Mardi 10 novembre : Sébastien Lecornu sur place

Après trois jours difficiles, la situation s'améliore enfin au Maïdo. Dans la nuit de lundi à mardi, les sapeurs-pompiers parviennent à contenir le feu, malgré des prévisions météorologiques qui faisaient craindre une dégradation de la situation.

Dans la matinée, le ministre Sébastien Lecornu atterrit à La Réunion et fait le point après un survol de la zone en hélicoptère : le feu est désormais figé, et le bilan a été revu à la baisse. 175 hectares ont brûlé, et non 200. mais il prévient : "de nouveaux départs de feu pourraient survenir dans les jours à venir".

• Mercredi 11 novembre : deux experts de Métropole sur l'enquête

La situation se stabilise, mais rien n'est terminé pour autant.C'est désormais un "travail de fourmi" qui attend les pompiers : il faut "noyer les lisières" à savoir "creuser tout autour du périmètre du feu pour créer des rigoles et les remplir d'eau". En effet, sur une partie du sol impactée, le sous-sol est composé d'humus : "il faut creuser pour être sûr que le feu ne ressorte pas de l'autre côté" ajoute le colonel, inquiet des points chauds détectés en souterrain indique le colonel Fontaine, du SDIS. Une action entièrement terrestre et manuelle.

Pour les épauler, les 80 sapeurs-pompiers de l'Hexagone se préparent, pour commencer leur intervention le jeudi, après une journée de repos. Le soir-même, le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu va à leur rencontre au Village Corail, à l'Hermitage, où ils sont logés. L'occasion de les féliciter pour leur engagement et leur réactivité, et leur souhaiter bon courage pour les jours à venir.

En parallèle, le ministre des Outre-mer annonce également des renforts sur l'enquête. Au micro de Réunion 1ère, il déclare que deux experts militaires quittent la Métropole pour "renforcer la brigade de proximité et de recherche de Saint-Paul".

• Jeudi 12 novembre : les renforts au travail

Le travail des pompiers suit son cours au Maïdo. Les renforts venus de Métropole commencent leur travail aux côtés du SDIS pour refroidir les lisières et creuser les rigoles visant à irriguer au maximum les sols et empêcher toute reprise du feu. Les renforts sont tous mobilisés sur la lisière sud, tandis que les équipes du SDIS sont sur la lisière nord, et sur la zone de la Glacière.

Le Parc national de son côté estime que les dégâts sont limités, notamment dans la forêt des Tamarins. "Heureusement, l'impact est surtout paysager" estime Paul Ferrand, directeur adjoint. Quand l'incendie sera pleinement maîtrisé, commencera alors une période de diagnostic.

Le soir, Orange annonce que le réseau est rétabli pour les Mafatais. Le cirque retrouve alors sa couverture 4G+ initiale dès jeudi après réparation des antennes endommagées.

• Vendredi 13 novembre : un paysage calciné

Sept jours d'incendie et les pompiers continuent leur travail pour maîtriser totalement l'incendie, en refroidissement les lisières et en poursuivant la surveillance des points chauds. C'est un sol noir, encore fumant que l'on peut observer du ciel. Nos journalistes étaient à bord d'un hélicoptère ce vendredi 13 novembre 2020 au matin.

Les pompiers en ont conscience : le travail est loin d'être terminé, car la moindre reprise du feu pourrait être fatale. Le ministre des Outre-mer comme le préfet estiment que ce travail peut durer deux à trois semaines au moins. Suivra ensuite une longue période de surveillance.

• Dimanche 15 novembre : un homme est présenté au parquet dans le cadre de l'enquête des gendarmes ouverte pour incendie volontaire.

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