Il ne reste que 37 couples sur l'île

Tout un programme pour sauver le tuit tuit

  • Publié le 7 mars 2020 à 16:57
  • Actualisé le 7 mars 2020 à 17:01

C'est un programme en route depuis septembre 2018 qui commence déjà à faire ses preuves. "Life Biodiv'OM" a été lancé afin de renforcer la protection de 5 espèces menacées dans les Outre-mer. Parmi ces 3 espèces, trois oiseaux dont le tuit tuit, appelé plus scientifiquement "l'échenilleur de La Réunion". Objectif : renforcer son habitat et combattre ses prédateurs naturels pour assurer sa survie, alors qu'il ne reste aujourd'hui que 37 couples sur l'île. (Photos : Jaime Martinez)

On le connaît bien le tuit tuit mais on le voit peu... C'est bien normal, seuls 37 couples subsistent à La Réunion et ils sont tous concentrés à Dos d'âne, dans les hauts de La Possession. Delphine Morin, coordinatrice du programme Life Biovid'OM nous explique le projet : "Au départ on couvrait 5 territoires des Outre-mer à travers un rapprochement avec la Ligue de protection des oiseaux qui agit en Métropole et les associations locales. A La Réunion, c'est la SEOR (Société d'Études Ornithologiques de la Réunion) qui est au coeur de l'action. Notre vision c'est de mettre en valeur les acteurs qui sont déjà sur place en créant un réseau de biodiversité entre Paris et les Outre-mer".

Après un premier programme en 2014-2015 qui concernait La Réunion et la Guyane, le projet a voulu s'étendre en rassemblant davantage de territoires ultramarins. Aujourd'hui sont concernés La Réunion, Saint-Martin, la Martinique, la Guyane et Mayotte. Depuis 2016, les chercheurs et passionnés de biodiversité s'activent dans ce but : "il ne faut pas oublier que les territoires d’Outre-mer abritent 80% de la biodiversité française". Mais l'impact de l'homme et l'importation de nouvelles espèces et donc de nouveaux prédateurs mettent en danger certains spécimens.

Lutter contre les prédateurs

Le tuit tuit en est un exemple criant. S'il disparaît de La Réunion, il disparaît tout bonnement de la surface de la planète. "C'est ce qu'on appelle une espèce endémique" précise Delphine Morin. Objectif : augmenter les populations de cette espèce. "Le tuit tuit a du mal à se défendre de ses prédateurs que sont le rat et les chats errants", ajoute la coordinatrice du programme. Pour protéger ce qu'il reste de ces oiseaux, pas le choix, il faut dératiser. Quant aux chats errants, il est plus difficile de s'en séparer. Certains sont capturés mais la technique ne porte pas ses fruits, seuls 2 chats ont été capturés en un an.

C'est là que le programme Life Biodiv'OM intervient : pour évaluer de nouveaux modèles afin de protéger les échenilleurs. "En termes de dératisation on étudie le transport de la molécule chimique - dans des doses autorisées bien sûr - dans des capsules biodégradables qui empêcheraient la prolifération des rats dans un périmètre de 1000 hectares autour du tuit tuit. Ce qui crée des zones de sécurisation" détaille Delphine Morin. "Quant aux chats, le mieux est bien sûr de sensibiliser les propriétaires de ces animaux, pour éviter de les laisser traîner partout, et bien penser à les stériliser."

Multiplier les foyers de populations

Le tuit tuit est actuellement sur la liste rouge des espèces menacées. Il est en "danger critique d'extinction", d'autant plus que ce sont ses oeufs qui sont chassés par les rats. Difficile donc d'assurer la reproduction de ces oiseaux. "Chaque individu compte" nous dit la coordinatrice de Life Biodiv'OM. "Maintenant il faut que l'on continue à travailler sur des modèles efficaces et surtout peu coûteux pour assurer leur pérennité." L'envoi de produits de dératisation pourrait se faire par drones pour accéder aux zones géographiques plus difficiles. La SEOR lance aussi depuis l'année dernière un appel aux bénévoles.

La SEOR envisage également de multiplier les foyers de populations du tuit tuit. "Il n'y a qu'un seul foyer pour l'instant, c'est la forêt de la Roche écrite", indique Delphine Morin. "S'il y a le moindre incendie, le tuit tuit peut disparaître. La SEOR voudrait donc multiplier ces foyers de population pour en avoir 3 en tout." On ne sait pas encore avec précision où pourraient se trouver les deux autres foyers, des études nationales et internationales sont en cours pour récolter les données génétiques nécessaires et trouver un habitat favorable pour l'oiseau. Si le dossier final est accepté, l'expérimentation pourrait commencer en juin 2020. Transvaser plusieurs couples d'échenilleurs dans d'autres zones de l'île, voilà qui pourrait participer à la sauvegarde de l'espèce.

mm / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

 

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7 Commentaires
Bibik
Bibik
3 ans

Il ne reste que 37 couples soit à peine un peu plus qu'il y a 10 ans. Soit le travail est inefficace soit les chiffres erronés

Paco
Paco
3 ans

Mdr laisse entrer serpent et autres bestioles qui dévorent les oeufs et autres espèces endémiques, après crie que la population diminue, bravo, continue importer serpent et autres bestioles

MaglouJu
MaglouJu
4 ans

Ce petit oiseau trop mignon, fréquente mon jardin, 2 oiseaux qui semblent amoureux, ils sont si joyeux. ?. Je suis inquiète car 3 chatons sans maison sont arrivés depuis peu. En nourrissant les chats, peut on diminuer les attaques sur les oiseaux?? ??¾

Nangudig
Nangudig
4 ans

Je pense.qu il faut sensibiliser davantage les randonneurs et les inviter à ne rien laisser aux rats : trognon.de pomme etc.car les rats prolifèrent au point de vue culminant de la Roche Écrite.

Chantal
Chantal
4 ans

J'ai dessiné cet oiseau lors de mon passage à la Réunion en juillet. Il faut impérativement le protéger. Je peux vous envoyer la photo du dessin si vous voulez. Bien à vous.

Pak
Pak
4 ans

37 couple? Il y a environs 5 couple chez moi... Sauf s'il s'agit d'une sous espèce ... Ce qui m'étonnerait (Cela semble étonnant, le tuit tuit est extrêmement difficile à repérer tant il est rare. Attention à ne pas confondre avec les tec tec, qui peuvent ressembler aux tuit tuit - WEBMASTER)

Wiwi
Wiwi
4 ans

On les voient aussi au Piton des neiges