La Région a retiré sa subvention du Sakifo

La ligue des Droits de l'Homme appelle la collectivité à réviser sa position

  • Publié le 19 avril 2012 à 12:00

Dans un communiqué publié ce jeudi 19 avril 2012, la section réunionnaise de la Ligue des Droits de l'Homme appelle le conseil régional à réviser sa position sur le financement du festival Sakifo. Rappelons que pour signifier son désaccord avec la programmation du rappeur Orelsan au Sakifo, la commission permanente de la Région, toutes tendances politiques confondues, a supprimé la subvention. Le chanteur avait écrit en 2009 des textes extrêmement violents et dégradants à l'encontre des femmes. Il s'est excusé depuis et vient récemment de recevoir une "Victoire de la musique". "Cette décision apparaît de nature à mettre en péril l'évènement culturel et porte une atteinte non justifiée à la liberté des organisateurs et de l'artiste", estime la section. Nous publions ci-dessous le communiqué.

"La Ligue des droits de l'Homme à la Réunion a pris connaissance des polémiques suscitées par le contenu d'une chanson du chanteur Orelsan intitulée "sale pute", et de la décision de la Commission permanente du Conseil Régional de retirer en raison de ces polémiques le financement que cette collectivité s'était engagée à fournir au Festival Sakifo.

Même si, selon les informations qui nous ont été fournies, le chanteur aurait présenté des excuses publiques pour les propos incriminés et ne projetait pas d'interpréter la chanson en question à la Réunion, le texte de cette chanson nous apparait en effet scandaleux et inadmissible au regard du principe d'égalité entre hommes et femmes comme comportant une atteinte grave à la dignité de toutes les femmes.

Pour autant, en privant le Festival Sakifo d'une subvention de cent cinquante mille euros pour avoir programmé ce chanteur, le conseil régional a décidé d'utiliser son pouvoir politique pour exercer un contrôle, non sur une ?uvre, puisqu'elle ne sera pas chantée, mais sur son auteur. Cette décision, alors que des engagements avaient été pris, apparaît de nature à mettre en péril l'évènement culturel et porte une atteinte non justifiée à la liberté des organisateurs et de l'artiste.

Tout en mettant garde contre l'exploitation à des fins mercantiles de propos dégradants contre les femmes, la LDH réaffirme que le défi contre les violences faites aux femmes passe par une véritable quête de l'égalité et de mixité, dans l'éducation au respect, sans lesquelles il n'est plus de démocratie viable.

Elle invite les Réunionnais à conjurer de tels excès par le débat public et la pédagogie, et non par la censure et appelle le conseil régional à réviser sa position sur le financement du festival Sakifo".
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