Grève dans l'Éducation nationale

Le rectorat perd ses grilles

  • Publié le 16 juin 2003 à 00:00

Près d'un millier de personnel de l'Éducation nationale ont manifesté lundi 16 juin devant le rectorat. En milieu de matinée, mécontents de l'éviction de la représentante du collectif "TOS ensemble" de la réunion de concertation entre le recteur et l'intersyndicale, les grévistes ont arraché une partie des grilles d'enceinte du rectorat. De rapides échauffourées ont eu lieu avec les forces de l'ordre

La tension était palpable dès le début de la matinée devant le rectorat. Plusieurs centaines de personnes s'étaient rassemblées devant les deux entrées principales du bâtiment. Il y avait des enseignants et beaucoup d'ATOS (agents, techniciens et ouvriers de service). On le sait le projet de transfert de tutelle de l'Éducation nationale aux collectivités ne concerne désormais plus que les TOS (techniciens et ouvriers de service, ils sont environ un millier dans l'île). Les conseillers d'orientation, ainsi que les personnels médicaux et les assistants sociaux (environ 200 à La Réunion) ne sont plus "transférables" selon la décision prise par le gouvernement en fin de semaine dernière.

La porte-parole refoulée

Même si beaucoup d'enseignants ont repris le chemin des classes, les TOS ont décidé de réagir et de poursuivre le mouvement de grève entamé il y a 10 semaines par la grande majorité des personnels de l'Éducation nationale. Samedi à Saint-Joseph ils ont constitué le collectif "TOS ensemble", une structure indépendante des syndicats et des coordinations.
Lundi matin, la porte-parole du collectif a voulu assister à la réunion de concertation entre le recteur, Christian Duverger, et les dirigeants syndicaux. Les syndicats voulaient obtenir qu'une décision spécifique à La Réunion permette aux TOS de rester dans l'Éducation nationale. Ils devaient également négocier l'étalement des retenues de salaires pour les jours de grève. "Si le gouvernement veut durcir le ton et retenir tous les jours de grève d'un coup, les enseignants se verront dans l'obligation de ne pas corriger les copies d'examen" prévenait un syndicaliste.
À l'heure prévue pour la rencontre, les syndicalistes et la porte-parole du collectif se présentaient à l'entrée du rectorat. Moment de flottement. Le recteur ne voulait pas recevoir une personne de plus et certains syndicats s'opposaient formellement à la présence de la jeune femme. Les manifestants n'appréciaient pas. Les quolibets "trahison, trahison" commençaient à fuser.

Les grilles arrachées

La délégation finissaient par entrer, sans la porte-parole du collectif. À l'extérieur, les esprits s'échauffaient rapidement. Un cordon de policiers se déployait devant l'une des deux entrées tandis que les grévistes s'en prenaient aux grilles d'enceinte. Contre toute attente, ces dernières cédaient très rapidement menaçant même de s'effondrer sur les manifestants. Les forces de l'ordre prenaient position devant le muret défoncé situé à environ 3 mètres de haut par rapport à la cour du bâtiment. Une bousculade se produisait alors manquant de faire tomber dans le vide tout un groupe de grévistes et de manifestants.
Les gardes mobiles installés dans l'enceinte du rectorat ont lancé quelques grenades lacrymogènes rattrapées au vol par les manifestants et rejetés des forces de l'ordre.

Les syndicats hués

Deux autres portions de grilles tombaient ensuite sous les secousses des grévistes. Il y a eu quelques échanges de galets et de lacrymogènes. Le climat est resté très tendu jusqu'en fin de matinée. L'intersyndicale est ressortie du rectorat pour annoncer qu'une réunion avec le préfet, recteur, le président du conseil régional et le président général avait été prévu pour le lendemain (mardi - nldr). Refus des manifestants qui ont immédiatement scandé "le préfet ici et maintenant". Aucun dirigeant syndical n'arrivait plus à se faire entendre. À ce moment précis, la cassure entre l'intersyndicale et la base était nette.
Au bout d'un long moment de huées, d'incertitudes et une nouvelle charge des forces de l'ordre, les syndicalistes annonçaient que le préfet les recevrait finalement vers 15 heures. Applaudissement des grévistes qui décidaient d'attendre leur retour sur place.

Une piste peut-être

Il n'y a plus eu d'affrontement avec les gardes mobiles et la police. À 17 heures 30, l'intersyndicale est revenue devant le rectorat pur confirmer qu'une réunion aurait lieu le lendemain. "Trahison" ont scandé plusieurs grévistes. "Nous n'avons trahi personne. Demain nous avons une chance de régler le problème des TOS, nous n'allons pas la laisser passer" lançait Gilbert Romain porte-parole de l'intersyndicale. "Une piste pour que la loi nationale ne s'applique pas à La Réunion est en train d'être élaborée. Il faut la suivre" ajoutait Vincent Cellier de la FSU.

En attendant mardi

Les manifestants acceptaient finalement d'attendre. Le rassemblement s'est dispersé à la tombée de la nuit tandis que sous la haute surveillance des gardes mobiles des ouvriers commençaient à réparer les grilles.
Ce mardi, les manifestants se retrouveront à partir de 9 heures devant la préfecture. Le collectif "emplois en danger" sera reçu dans le cadre d'une concertation sur l'avenir des 600 aides éducateurs dont le contrat emploi jeunes arrive à terme le 30 juin. À 11 heures ce sera au tour de l'intersyndicale d'être reçue.
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