Centre pénitentiaire du Port

Fin de colère

  • Publié le 31 mai 2006 à 00:00

Les surveillants du centre pénitentiaire du Port ont mis fin à leur mouvement de protestation ce mardi 30 mai 2006 en début d'après-midi. Ils ont obtenu que les durées de services soient ramenées de 12 à 9 heures et l'annulation des sanctions pour "non présentation sur le lieu de travail". L'intersyndicale CGTR - UFAP/UNSA et FO estime que "le personnel a gagné sur toute la ligne"

Comme la veille les surveillants se rassemblaient devant la prison portoise dès 6 heures 30. Peu de temps après Jean-Yves Lapinsonnière, directeur adjoint de l'établissement, allait à leur rencontre. En réponse aux interrogations des syndicalistes, il confirmait qu'il n'était pas question de suspendre l'allongement des durées de services et qu'au 1er juin, ils passeraient bien de 6 à 12 heures par jour. Le directeur adjoint procédait ensuite à l'appel des personnels de service. Aucun d'eux n'acceptait de rejoindre son poste de travail. Le directeur adjoint annonce alors qu'un trentième du salaire sera retenu aux agents par service non effectué (les agents de la pénitentiaire n'ont pas le droit de grève). Ce qui haussait d'un ton le mécontentement des salariés. "Si les choses dégénèrent, il en sera responsable" tempêtait un surveillant.

Service rallongé

La défection des gardiens de faction avait pour effet immédiat de prolonger le service de leurs collègues en poste depuis la veille 19 heures. "Ils savaient que cela pouvait se produire. Ils ont accepté le risque. Nous sommes tous solidaires" notait Érick Ajorque, secrétaire départementale de l'UFAp/UNSA.
La tension montait encore d'un cran lorsque deux véhicules de gendarmerie se présentaient à l'entrée de la prison. Les gendarmes venaient chercher des prisonniers devant être jugés par le tribunal correctionnel de Saint-Denis ou interrogés par des juges d'instruction. Les surveillants ne bloquaient pas vraiment le passage et les gendarmes ne cherchaient pas à entrer en force mais la direction du centre pénitentiaire faisait appel aux policiers de la CDI (compagnie départementale d'intervention). "La direction agit comme si nous allions mettre le feu à la prison. C'est ridicule, on ne va pas se battre avec les forces de l'ordre" commente Robert Moutalou, dirigeant syndical de la CGT.
De fait, lorsque les policiers arriveront vers 8 heures 30, il faudra à peine quelques minutes de discussion pour que les surveillants dégagent les entrées de la prison. Les gendarmes entrent à l'intérieur de l'établissement et le climat étant plutôt bon enfant, ils déclencheront même leur sirène pour saluer les gardiens de prison.

"Autant rester dehors"

Les syndicalistes demandaient alors aux agents de service d'aller prendre leur fonction "pour ne pas pénaliser l'équipe qui travaille depuis 19 heures hier soir et pour permettre aux familles et aux détenus de se rencontrer au parloir". C'est le moment que choisissait Jean-Yves Lapinsonnière pour annoncer que les retenues de salaire seront malgré tout appliquées. Du coup, alors qu'ils se préparaient à regagner leur poste de travail, aucun agent ne pénétrait dans l'établissement. "M. Lapinsonnière vient de nous dire que les salaires seront amputés même si nous entrons. Nous n'allons pas travailler pour rien. Autant rester dehors" remarquait un surveillant soutenu par ses collègues.

Première fois

La situation paraissait complètement bloquée. Ce qui était d'autant pus inquiétant que les parloirs devaient commencer à 13 heures. Un changement d'attitude s'opérait alors du côté de la direction. Elle demandait à rencontrer une délégation de syndicalistes et à 14 heures le déblocage était effectif. Contre toute attente, au vue de la détermination qui était la sienne depuis le début de conflit, la direction ramenait l'allongement des services de 12 à 9 heures par jour et annulait toutes les retenues de salaires pour absence.
À 14 heures 30, le travail reprenait normalement. Les surveillants en poste depuis 19 heures la veille étaient libérés et relevés par leurs collègues. Les parloirs n'ont pas eu lieu.
Depuis son ouverture en 1989, jamais le centre pénitentiaire du Port n'avait fait l'objet d'un conflit social de cette ampleur.
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