Social - Tribunal de commerce

L'Arast est morte

  • Publié le 27 novembre 2009 à 15:00

"On est mort et enterré" s'exclame une désormais ancienne salariée de l'Arast. Le tribunal de commerce de Saint-Denis a prononcé la liquidation judiciaire de l'association régionale d'accompagnement social territorialisé à 14 heures 05 ce vendredi 27 novembre 2009. Le tribunal a écarté les neuf offres de reprises au motif qu'elles manquaient de garanties financières pour être viables. Les salariés de l'Arast vont adresser un fax au Préfet pour "l'alerter sur les risques sanitaires graves encourus par une partie des bénéficiaires de l'association". Dès ce vendredi soir, plus aucun service ne sera dispensé, tant en matière de soins que de distribution des repas.

"On est en colère. Très en colère" s'insurge un salarié de l'Arast au sortir de l'audience. "Après 46 ans, elle (Ndlr : Nassimah Dindar) tue le social à La Réunion. C'est déguelasse" s'exclame une autre salariée indignée. "Bravo, Bravo aux politiques" réagit un troisième en applaudissant de colère.

Maître Akhoun, avocat des salariés de l'Arast parle quant à lui de "tragédie". "Il faut bien mesurer l'ampleur de ce qui vient de se passer", continue-t-il, "Cette liquidation judiciaire implique le licenciement de quasiment 1200 personnes ainsi que l'abandon de milliers de personnes à leur sort. Qui va s'occuper des bénéficiaires de l'association?" insiste-t-il.

Cette décision du tribunal de commerce est unique. C'est la première fois dans l'histoire de La Réunion qu'autant de salariés sont licenciés en même temps.
"Cette décision ne règle pas le problème" ajoute l'avocat des salariés de l'Arast. "il faut trouver une alternative. Parfois, il faut détruire pour mieux reconstruire. Mais en l'occurrence il faut immédiatement reconstruire. Il y a urgence. J'insiste. Il faut trouver une solution concrète, imaginée et mise en ?uvre dans l'intérêt de tous au plus vite. Et qu'elle soit durable." conclu Me Akhoun.

Le tribunal de commerce a légalement la possibilité de prononcer la liquidation judiciaire d'une institution ave une poursuite d'activité. Ce qui n'a pas été le cas de l'Arast, faute d'une proposition de reprise, totale ou partielle, jugée viable à long terme.

"Le département est pour beaucoup dans la situation actuelle de l'Arast" déclare Me Rivo Rabenantoandro, avocat de l'AGS (Association de Gestion des créances des Salariés). "Le Conseil Général a préféré soutenir le projet de reprise partielle du GIPH (Groupement d'insertion des handicapés physique) plutôt que celui du collectif de salariés de l'Arast qui a été jugé comme le plus pertinent par l'administrateur judiciaire. Je ne suis donc pas surpris par la décision du tribunal qui ne pouvait faire d'autre choix que celui de la liquidation judiciaire sèche" précise Patrick Jacquemart, directeur général de l'Arast. "C'est un immense gâchis" continue-t-il.

L'AGS (Association de Gestion des créances des Salariés) devra payer entre 20 et 27 millions d'euros d'indemnités aux 1196 salariés. Or son avocat reconnaît que "l'association se trouve en grande difficulté financière."

Les salariés n'ont guère plus de solutions d'avenir. Soit ils seront licenciés, soit ils optent pour une convention de reclassement personnalisée ou encore une décision de reprise partielle est finalement décidée.

Ce lundi 30 novembre, les salariés iront "prendre nos emplois au Conseil Général. On ne va pas se laisser faire", affirme une salariée immédiatement après l'annonce du jugement.

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