Social - Manifestation

Les anciens de l'ARAST à bout d'espoir

  • Publié le 5 janvier 2010 à 17:00

Une centaine d'anciens salariés de l'ARAST ont à nouveau investi le hall du conseil général ce mardi 5 janvier 2010, à 16 heures, après avoir tenté d'investir les locaux de l'AGS (association de gestion des créances salariés) en vain entre 14 et 15 heures. Les manifestants réclament désormais une audience auprès du directeur de cabinet de Nassimah Dindar, présidente du Département pour obtenir une aide d'urgence. Une requête rejetée en bloc par la collectivité. "Les conditions de dialogue ne sont plus réunies après la casse de ce matin" a déclaré un représentant du conseil général. Dans la colère, les anciens salariés de l'association d'aide à domicile avait cassé une porte en verre donnant accès aux bureaux des élus vers 11 heures ce mardi matin. Une trentaine d'ex-salariés de l'association se disent prêts à camper au Département cette nuit.

"Cela fait un mois et demi qu'on ne touche pas un centime. Le Pôle emploi refuse de nous inscrire comme chômeurs et ni l'AGS ni le conseil général ne veulent payer nos indemnités de licenciement. Nous ne sommes plus rien pour personne", s'insurge Anne, ex employée de l'ARAST.

Les travailleurs sociaux se disent de plus en plus fatigués et surtout inquiets pour leur situation. "Aujourd'hui nous sommes conscients que le flou autour de notre statut ne pourra se régler qu'en justice. En attendant, nous exigeons une aide d'urgence parce que nous ne pouvons plus attendre", explique Valérie Bénard, porte-parole des manifestants.

Les anciens de l'ARAST ont commencé par se rassembler vers 9 heures devant le conseil général. Ils étaient plus de 200. Les esprits se sont rapidement échauffés. Après avoir escaladé le portail du bâtiment, ils ont défoncé à coups de pied les portes vitrées donnant accès aux étages. Les manifestants sont montés jusqu'au au 5ème étage où se trouvent les bureaux de la présidente Nassimah Dindar et de son Cabinet. Constatant l'absence des élus, une grande partie d'entre eux sont redescendus dans le hall du bâtiment. Mais quelques irréductibles demeurés à l'étage ont été expulsés dpar une dizaine de policiers appelés à la suite aux dégradations. L'un d'entre eux, qui s'est opposé aux forces de l'ordre, a été molesté sans toutefois avoir été blessé.

En fin de matinée, les manifestants ont décidé de se rendre à la préfecture pour demander au préfet d'intervenir d'une part en tant que médiateur auprès du conseil général et de l'AGS. D'autre part de plaider en leur faveur auprès des banques concernant les découverts engendrés par le non versement des salaires et des indemnités de licenciement.

Une délégation de 5 anciens salariés de l'ARAST a été reçue en tout début d'après-midi par la chef de cabinet du préfet. Tous les membres de la délégation sont ressortis en larmes. "Personne ne peut nous aider" se sont-ils écriés. La préfecture leur a en effet indiqué n'avoir aucune autorité ni sur l'AGS ni sur le Département. Le préfet s'est toutefois engagé à contacter l'IEDOM (Institut d'émission des départements d'Outre-Mer) ainsi que les services fiscaux pour demander à ce que les dossiers des travailleurs sociaux soient traités avec un maximum d'indulgence.

C'est alors que la centaine de salariés présents devant la préfecture a décidé de se rendre devant le siège de l'AGS mais les bureaux avaient été désertés bien avant leur arrivée. La porte-parole des anciens de l'ARAST a néanmoins pu parler par téléphone au directeur de l'AGS, Éric Marimoutou, qui a réitéré son refus de payer les indemnités de licenciement en renvoyant la responsabilité vers le conseil général.

Ce dernier affirme que le Département est légalement dans l'obligation d'intégrer l'ensemble du personnel du fait de leur activité d'utilité publique. Cette intégration, estime l'AGS, reviendrait à une continuité dans le travail et annulerait toute indemnisation de licenciement. Le conseil général, de son côté, juge qu'il revient à l'AGS, auprès duquel les patrons de l'ARAST ont cotisé, de payer.

Outre cette question de droit, le directeur de l'AGS affirme ne pas être, pour l'heure, légalement concerné par ce dossier complexe. "Tant que le liquidateur judiciaire ne nous aura pas envoyé les créances salariales de chaque personne concernée, aucune demande d'indemnités ne nous est fait" déclarait-il le 29 décembre après avoir été retenu de force au conseil général pendant plus de 3 heures par les anciens salariés de l'ARAST.

Il avait alors promis de leur verser une partie de leur salaire du mois de décembre. Une promesse tenue à moitié. Les salariés ayant signé la convention de reclassement personnalisée (CRP) auprès du Pôle emploi devait toucher une somme équivalente à leur salaire de la période du 1er au 25 décembre. Tandis que les salariés qui n'ont pas signé cette convention devaient percevoir la somme relative à neuf jours travaillés, du 1er au 9 décembre. Finalement, les premiers ont perçus leur salaire du 1er au 10 décembre et les seconds du 1er au 5.

Rappelons que le conseil général a voté le 16 décembre le principe de création de 1 020 postes en CDD d'aides à domicile, l'une des principales activité exercée par la défunte ARAST. Craignant déjà que l'AGS refuse de leur verser des indemnités de licenciement, les syndicats avaient demandé aux ex salariés d'être "prudents" avant de signer ces contrats.

Le vendredi 27 novembre, le tribunal de commerce a prononcé la liquidation de l'ARAST. La structure accusait un déficit de 10 millions d'euros. 1 196 personnes se retrouvaient au chômage. L'ARAST était spécialisée dans l'aide à domicile et le service à la personne. 8 000 personnes bénéficiaient de ses services.

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