Arast : L'aide d'urgence mise en place

La colère ne s'apaise pas

  • Publié le 8 janvier 2010 à 20:00

La réaction des ex-salariés de l'Arast (association régionale d'accompagnement social territorialisé) est mitigée à l'annonce de la mise en place de l'aide d'urgence faite par la présidente du Département à la presse ce vendredi 8 janvier 2010. Ce matin, Nassimah s'était engagée à revoir l'ensemble des manifestants à 17h ce soir. Un rendez-vous manqué qui a déclenché les foudres. La colère et le ressentiment dominent chez les travailleurs sociaux qui attendent encore que le problème du versement de leurs indemnités de licenciement soit réglé. Une trentaine d'entre eux, dont certains avec leurs enfants, camperont pour la 4ème fois consécutive dans le hall du conseil général cette nuit.

"La présidente du conseil général fait preuve d'un mépris inacceptable. Elle annonce la mise en place d'une aide d'urgence à la presse avant de nous en faire part. Une dizaine de vigiles nous ont empêché d'entrer à la Villa du Département (NDLR : lieu de la conférence de presse). Nous avons attendu comme des chiens pendant plus d'une heure devant les grilles. C'est une honte !" s'insurge une aide à domicile.

Face à la colère des ex-salariés de l'Arast à l'issue de la conférence de presse, Nassimah Dindar a proposé de recevoir une délégation pour leur expliquer la mesure mise en place. Mais la proposition est venue trop tardivement au goût des travailleurs sociaux. "Nous méritions largement d'être invités à la rencontrer avant que ne commence sa conférence de presse. Elle ne nous respecte pas. Comment pouvons-nous la respecter en retour" explique Valérie Bénard, l'une des porte-parole des ex-salariés de l'Arast.

Outre ce problème de forme révélateur de la tension ambiante, une inquiétude de fond s'est ensuite posée au sein des salariés. Parmi les documents exigés pour bénéficier des 1 000 euros d'aide exceptionnelle proposée par le conseil général, un justificatif de situation familiale soulève les soupçons. "Si mon mari gagne de l'argent je ne toucherai rien !" s'exclame une aide à domicile à bout de nerfs. Faux, répond le service de communication du conseil général. "Ces informations ne joueront pas sur l'aide d'urgence promise. C'est purement informatif" précise le directeur de la communication. "Mais alors pourquoi devons-nous fournir ces informations ?" s'interrogent de nombreux anciens de l'Arast. La question reste posée.

Par ailleurs, dans le courant de l'après-midi, le liquidateur judiciaire a remis aux anciens salariés un document officiel de l'AGS (association pour la gestion du régime d'assurance des créances des salariés). La structure notifie son refus de payer les indemnités de licenciement au motif qu'elle "estime que les salariés de l'Arast ne sont pas licenciés". Un document expliquant probablement la colère qui anime les ex-salariés de l'Arast ce vendredi, en dépit de l'annonce d'une aide d'urgence. "Nous ne crachons surtout pas sur cette aide d'urgence. Elle répond à des situations dramatiques que vivent de plus en plus de collègues" affirme Jean-François Desprez. Pour cet éducateur spécialisé cela ne règle pas le véritable problème."Le conseil général et l'AGS continuent leur jeu de ping pong. Pour nous le combat continue. Et si la situation pourri encore, notre combat ne sera plus uniquement le notre, mais un combat social auquel de nombreux citoyens participeront sans le moindre doute"

Chaque jour de nouvelles personnalités politiques, syndicales et associatives soutiennent le mouvement des ex-salariés de l'Arast. Et de leur côté, la détresse, la fatigue voire le désespoir se fait ressentir avec de plus en plus de force.

L'aide d'urgence promet, pour le mois de janvier, 1 000 euros pour tous les travailleurs sociaux qui touchaient moins de 2 500 euros nets par mois. Elle sera reconductible pour les travailleurs sociaux n'ayant pas signé de Convention de reclassement personnalisée (CRP) auprès du Pôle emploi. Sans cette aide, ces derniers ne toucheront rien jusqu'au mois d'avril du fait des quatre mois de carence imposés par la loi.

Pour bénéficier de cette aide, les ex-salariés de l'Arast doivent se présenter, dès ce lundi 11 janvier, au Service des Interventions du Conseil Général munis de leur dernière fiche de paye, de la lettre de licenciement fournie par le liquidateur judiciaire, Me Badat, et d'un justificatif de leur situation familiale.

Rappelons qu'une table ronde s'est tenue ce jeudi 7 janvier à la préfecture en présence de la Présidente du Conseil Général, Nassimah Dindar, le directeur de l'AGS, le directeur de Pôle emploi, le mandataire judicaire, la directrice de la CAF et les services de l'Etat. Une réunion qui n'a pas débouché sur une solution au problème de l'indemnisation des ex salariés de l'ARAST. La caisse d'allocations familiales s'est engagée à examiner les dossiers des familles en détresse et le Pôle emploi à prendre en charge les personnes ayant signé une convention de reclassement personnalisée.

L'AGS et le Conseil Général continuent en revanche de se renvoyer la balle quant au problème du versement des indemnités de licenciement. Le premier estime que le Département à l'obligation légale d'intégrer les travailleurs sociaux. Une intégration qui entrainerait automatiquement une continuité d'activité. Le second affirme que les salariés ont bien été licenciés de fait par la décision du tribunal de commerce de liquider l'association d'aide à domicile.

Le tribunal de commerce a prononcé la liquidation de l'ARAST le vendredi 27 novembre 2009. La structure accusait un déficit de 10 millions d'euros. 1 196 personnes se retrouvaient au chômage. L'ARAST était spécialisée dans l'aide à domicile et le service à la personne. 8 000 personnes bénéficiaient de ses services.

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