Social - Action des anciens salariés de l'ARAST

Retour au conseil général

  • Publié le 11 janvier 2010 à 16:55

Vers 15 heures 45, les anciens salariés de l'ARAST (association régionale d'accompagnement social territorialisé) ont levé le barrage mis en place à 12 heures rue Jean Chatel (Saint-Denis) à proximité du siège de l'AGS (association pour la gestion du régime d'assurance des créances des salariés). Ils sont allés rejoindre leurs collègues regroupés au conseil général où 6 personnes ont entamé une grève de la faim pour obtenir le versement des indemnités de licenciement. Les travailleurs sociaux vont aussi engager une procédure devant les prud'hommes pour obtenir leur intégration au sein du conseil général.

C'est aux cris de "AGS voleur", "AGS done nout largen", qu'une trentaine de manifestants a bloqué la circulation au carrefour des rues Félix Guyon et Jean Chatel. Le siège de l'AGS se trouve à proximité. La structure refuse de verser les indemnités en question au motif que le Département à l'obligation légale d'intégrer les travailleurs sociaux. Elle ajoute que cette intégration entrainerait automatiquement une continuité d'activité et qu'il n'y aurait donc pas de licenciement...ni d'indemnités à verser.

Vers 14 heures, les anciens salariés sont entrés dans le bâtiment depuis longtemps évacué par ses occupants. Ils ont alors redescendus dans la rue avant de lever le barrage moins de deux heures plus tard. Le petit groupe a donc rejoint les quelque 200 anciens employés de l'ARAST qui occupent le conseil général depuis le mardi 5 janvier. La mobilisation est même montée d'un cran ce lundi. Comme ils l'avaient annoncé samedi, 5 ex salariées et un dirigeant syndical ont en effet entamé une grève de la faim.

Sophia, ex-aide à domicile, Mimose, ex-technicienne d'intervention sociale et familiale, Yolaine, ex-responsable de secteur, Lucie-ex chef de service, Corinne, ex agent administrative et Paul Junot, dirigeant de la CFTC, ont décidé de ne plus s'alimenter tant que les indemnités des personnels licenciés n'auront pas été versées. "Nous avons tout essayé pour montrer notre détresse, personne ne nous a écouté. Il ne nous restait plus que ce moyen pour essayer de nous faire entendre" commente Corinne. "Notre grève est symbolique. On ne peut pas se laisser faire sans réagir" remarque Mimose.

Yolaine résume la pensée de tout le monde en notant : "nous ne demandons pas la charité. Nous réclamons notre dû. Nous voulons nos indemnités. Peu nous importe de savoir qui doit les payer. Ils s'arrangeront entre eux après nous avoir versé notre argent". Elle fait allusion à la triste partie de ping-pong à laquelle se livre l'AGS et le conseil général sur le versement des indemnités.

Lundi après-midi, l'intersyndicale CGTR-CFDT-US-Solidaires a abondé dans le sens de l'association pour la gestion du régime d'assurance des créances des salariés. Elle a affirmé: "Il y a reprise déguisée d'activités et partant, le conseil général doit verser des indemnités. C'est quand même le budget annuel de l'AGS qui est sollicité sur ce seul conflit: quid alors malheureusement des nombreux futurs licenciés dans cette période de crise?".

À noter que dans le courant de l'après-midi les travailleurs sociaux ont adressé un courrier au préfet afin de lui demander d'organiser une réunion avec les bailleurs sociaux, EDF, les compagnies d'affermage etc. Tous sont des créanciers potentiels des anciens personnels de l'ARAST. Le but de cette réunion est de demander leur indulgence vis-à-vis des retards de paiement éventuels. Une rencontre entre les banques et les ex salariés est également prévue pour ce mercredi après-midi. Il s'agit cette fois d'obtenir des banquiers qu'ils sursoient aux interdictions bancaires générées par des comptes à découvert. La préfecture a répondu qu'une réunion de ce type s'était déjà tenue ce vendredi.

Concernant la procédure engagée devant les prud'hommes, elle vise à faire intégrer tous les personnels au sein du conseil général. "D'abord par le biais d'un contrat de droit privé et ensuite par celui d'un contrat de droit public" indique Paul Junot. "Nous demandons cela, car nous n'avons aucune garantie concernant la gestion d'un GIP (groupement d'intérêts publics - qui reste à créer" ajoute le syndicaliste. "De plus, le conseil général a paraît-il voter la création de 1 020 postes en contrat à durée déterminée de 6 mois pour les anciens de l'ARAST, mais à ce jour à peine une vingtaine de personnes ont été embauchées" dit encore Paul Junot.

Par ailleurs qu'une déclaration de Nassimah Dindar, présidente du conseil général, a renforcé la détermination des anciens travailleurs sociaux. Interrogée par des radios ce lundi matin, la présidente du Département a en effet "indiqué que pour débloquer une somme aussi importante que celle promise (estimée à environ un million d'euros - ndlr), il faut obligatoirement réunir une commission permanente. Ce qui, selon elle, ne peut pas être fait dans les conditions présentes" explique Paul Junot, dirigeant CFDT qui a décidé de se mettre en grève de la faim pour soutenir les anciens salariés.

Les "conditions présentes" font allusion à l'occupation de l'hémicycle par les grévistes. À 10 heures, Nassimah Dindar ne s'était pas encore exprimée sur le sujet devant les ex salariés. Vendredi, le conseil général avait décidé de verser une aide d'urgence de 1 000 euros aux travailleurs sociaux qui percevaient moins de 2 500 euros nets par mois. Cette aide serait valable un mois pour les ex employés ayant signé une convention de reclassement personnalisée (CRP) auprès du Pôle emploi, et de trois mois pour les autres.

"Elle peut dire ce qu'elle veut. En ce qui nous concerne on est prêt à soutenir un siège" affirme un ancien employé. Les ex-salariés de l'ARAST confirment en effet, qu'ils ont l'intention de rester au conseil général tant qu'ils n'auront pas obtenu satisfaction. "Nous serons là lorsque Nicolas Sarkozy viendra les 18 et 19 janvier et nous serons encore là après s'il le faut" disent-ils.

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