Manifestation du 7 septembre

Ivan Hoareau : "Non à une contre-réforme des retraites"

  • Publié le 7 septembre 2010 à 06:00

Le déficit lié au financement de la retraite par répartition est estimé à 32,3 milliards d'euros en 2010, 45 milliards d'euros en 2020 et 70 milliards d'euros en 2030. Afin de "pérenniser" le système français, le gouvernement va soumettre à l'Assemblée Nationale ce mardi 7 septembre un projet de loi portant sur une réforme des retraites. Le texte prévoit notamment un allongement de l'âge de départ à la retraite à 62 ans d'ici 2018 et une augmentation du nombre d'annuités de cotisation. Ce projet est décrié par plusieurs syndicats (CFTC, CGTR, FO, CGC, CFDT, UNSA, FSU, Solidaires, Unef et UNL) qui ont appelé à la manifestation ce même jour. Dans le rang des manifestants, Ivan Hoareau, secrétaire général de la CGTR. Le syndicaliste reconnaît qu'une "réforme des retraites est nécessaire". "Mais pas une contre-réforme", nuance t-il. Il fait allusion au projet porté par le gouvernement et qui serait "destructeur du système de retraite par répartition". "Il y a moyen de maintenir l'âge de départ à la retraite à 60 ans tout en parvenant à financer le système", souligne. La solution, selon Ivan Horeau, serait "une meilleure répartition des richesses". Entretien.

* Que pensez-vous du projet de réforme qui sera présenté à l'Assemblée Nationale ce mardi 7 septembre ?

Une réforme doit être un projet de société. Elle doit traiter de la question des retraites, de l'emploi ou encore des salaires. Cette réforme est purement comptable, comme celle de 1993 et de 2003. Elle entrainera une fois de plus l'appauvrissement des retraités pour permettre aux richesses d'être mieux réparties en faveur de ceux qui en ont le moins besoin. Les statistiques montrent que le montant des pensions risque de baisser de 15 à 20% d'ici 10 ans. Comment les gens pourront-ils encore avoir envie de cotiser dans le cadre du système en place ? Le gouvernement veut tout simplement tuer le système des retraites par répartition. Nous allons vers un système par capitalisation.

* Faut-il augmenter l'âge de départ à la retraite à 62 ans et le nombre d'annuités de cotisation comme le préconise le gouvernement?

Repousser l'âge légal de départ à la retraite est complètement à contre courant de la situation actuelle. A La Réunion, 30% des retraités sont au minimum vieillesse. L'emploi des séniors est un réel problème. Sans parler des 51% de jeunes de moins de 25 ans qui sont au chômage. Cette population n'a aucune chance de pouvoir bénéficier d'une retraite pleine. Nous sommes pour le maintien de l'âge de départ à 60 ans.

* Vous êtes donc pour le statu quo ?

Non. La réforme des retraites est nécessaire. Une réforme qui donne plus de justice sociale. De la justice entre les hommes et les femmes qui ne bénéficient pas des mêmes pensions. De la justice pour toutes les personnes qui enchaînent les période de chômage et les périodes de boulot. Elles se retrouvent dans l'impossibilité d'avoir le nombre d'annuités nécessaire pour bénéficier d'une retraite pleine. Il faut une réforme qui fasse participer davantage les plus hauts revenus et les capitaux des entreprises. Ce que propose le gouvernement est une contre-réforme des retraites.

* Mais le fait de ne pas allonger l'âge de départ ne risque t-il pas de déséquilibrer le financement de la retraite d'une population vieillissante ?

Bien sûr que la donnée démographique est importante. La population vieillit et on vit de plus en plus longtemps. On nous dit qu'en 2020, il y aura 1,5 cotisants pour 1 retraité. Mais on ne parle pas de la croissance du gain de productivité qui a permis de doubler voire de tripler les richesses. La démographie ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt. Les entreprises ont bénéficié de la croissance du gain de productivité. Elles doivent donc participer davantage au financement du système des retraites.

* L'intersyndicale a appelé à la mobilisation ce mardi 7 septembre. La première mobilisation du 27 mai n'a attiré que 300 personnes. La seconde, le 24 juin, a attiré 3 000 personnes. Pensez-vous mobiliser davantage cette fois-ci ?

Nous nous attendons à une mobilisation au moins égale à celle du 24 juin. Les gens commencent à réellement prendre conscience des conséquences de la réforme des retraites. Les personnes âgées subissent la baisse de leur pension. Les jeunes sont conscients de la problématique de l'emploi, des salaires et donc des retraites.

* Cette manifestation est-elle la mobilisation de la dernière chance ?

Une lutte, ce n'est pas du tout ou rien. Si on ne se bat pas, on perd à 100%. Si on se bat, on peut gagner à 100% ou gagner un certain pourcentage. L'ampleur de la mobilisation déterminera notre position face au gouvernement. Cette manifestation est donc extrêmement importante. Si nous parvenons à bloquer la réforme des retraites, c'est toute la politique anti sociale de Nicolas Sarkozy qui prendra un coup. Mais une chose est sûre, il y aura un après 7 septembres. Les syndicats nationaux ont d'ores et déjà prévu de se réunir le 8 septembre. Puis, le combat n'est jamais terminé. Il y aura toujours des points à négocier, sur la pénibilité ou encore les polypensionnés.

Mounice Najafaly pour
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