Baisse du nombre de contrats aidés

Les maires craignent la "révolte sociale"

  • Publié le 27 janvier 2011 à 18:00

"La révolte sociale ne va pas tarder à arriver", prédit Thierry Robert, maire de Saint-Leu, lors de la conférence de presse de l'association des maires de La Réunion de ce jeudi 27 janvier 2011. Et pour cause, le nombre de contrats aidés tout comme le montant de l'aide étatique versée aux municipalités sont en baisse au 1er semestre 2011, de l'ordre de 30 à 70% par rapport au 1er semestre 2010. Les maires de l'île ont reçu les premières notifications d'attribution le 15 janvier dernier. Ils souhaitent rencontrer la ministre de la solidarité et de la cohésion sociale, Roselyne Bachelot, en visite sur l'île ce vendredi 28 et ce samedi 29 janvier pour lui rappeler "la situation spécifique de l'île" qui "nécessite le maintien du nombre de contrats aidés".

Dans le cadre du plan de rigueur, le gouvernement souhaite diminuer de 50% le nombre de contrats aidés attribués aux collectivités d'ici 2013. Ainsi, 400 000 contrats avaient été attribués en 2010. 340 000 seront attribués en 2011. 270 000 en 2012 et 200 000 en 2013. A La Réunion, près de 8 000 contrats aidés sont attribués aux collectivité pour le 1er semestre 2011, un chiffre en baisse par rapport à 2010.

"Inadmissible", "scandaleux", "intolérable", les maires de l'île n'ont pas manqué de qualificatifs pour critiquer cette diminution. Aux Avirons par exemple, on passe de 40 contrats aidés au 1er semestre 2010 à 26 contrats aidés au 1er semestre 2011. Au Port, 244 au 1er semestre 2010 et 100 au 1er semestre 2011. A Saint-Denis, 584 contrats aidés au 1er semestre 2010 et 372 contrats aidés au 1er semestre 2011. Le constat est le même auprès de toutes les mairies qui ont révélé leur chiffre, une baisse de 30 à 70% de leur quota.

"Les contrats aidés sont nécessaires. Dans les écoles par exemple, ils permettent d'assurer la sécurité de nos enfants", souligne Bachil Valy, maire de l'Entre-Deux. Thierry Robert, maire de Saint-Leu, n'exclut pas de "fermer des écoles" si "il manque des agents, faute de contrats aidés". "Comment peut-on réduire le nombre de contrats aidés dans une île où on enregistre 30% de chômage ? Comment peut-on traiter La Réunion comme un département de Métropole ? Paris ce n'est pas La Réunion", s'emporte Thierry Robert.

A Saint-Benoît, 84 contrats aidés sont attribués pour le 1er semestre 2011. "Nous voyons chaque jour la souffrance des gens qui viennent demander un petit contrat à la mairie. Qu'allons nous leur répondre ? Nous recevons chaque année 1 200 demandes de contrats", souligne Gérard Perrault représentant la Ville de Saint-Benoît.

Les maires dénoncent aussi la réduction de l'aide étatique pour le financement de ces contrats aidés. Au 1er semestre 2010, l'Etat finançait 90% des salaires des contrats aidés. Au second semestre 2010, 80% de ces salaires. Au 1er semestre 2011, ce chiffre est ramené à 75% "Les municipalités devront surmonter ces baisses", explique Roland Robert, président de l'association des maires.
Cette diminution "est-elle une volonté délibérée de provoquer une explosion sociale à La Réunion ?" se demande Thierry Robert. "Rien ne justifie la réduction du nombre de ces contrats pour La Réunion au regard de la situation sociale de l'île", ajoute t-il.

Les élus demandent donc un maintien de ce nombre pour 2011. Demande qu'ils souhaitent exposer à Roselyne Bachelot lors de son passage sur l'île ce vendredi et ce samedi. "Nous allons demander une rencontre avec elle ou un de ses collaborateurs", annonce Roland Robert.

Mounice Najafaly pour
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