Rapport de l'inspection générale des affaires sociales

Le congé paternité pourrait passer à un mois

  • Publié le 13 juin 2011 à 08:00

L'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) préconise dans un rapport publié le mardi 3 juin 2011 l'allongement de la durée du congé paternité à un mois, au lieu de 11 jours actuellement. Ce rapport sera étudié le 28 juin prochain lors de la Conférence sur l'égalité professionnelle et les partages des responsabilités familiales. A La Réunion, l'annonce de cette éventuelle mesure est saluée. Reste à voir si elle va se concrétiser.

Rendre plus équitable la présence du père et de la mère aux côtés de l'enfant après sa naissance, tel est l'objectif du rapport rendu à Roselyne Bachelot. Le document formule 25 propositions dont la mesure phare constitue la mise en place d'un congé paternité d'un mois pour le papa (contre 11 jours actuellement).

Pour être plus précis, le rapport préconise un congé maternité de 12 semaines lié à l'accouchement et à la santé de la mère (contre 16 semaines actuellement). S'ajouterait tout de suite après "un congé d'accueil de l'enfant" de huit semaines, à partager également entre les deux parents. Soit un mois chacun qui ne pourront pas être reporté ou aménagés. Si les parents optent pour la totalité du congé, ils obtiendront une semaine de congé supplémentaire "en bonus".

"Enfin une idée intelligente", s'exclame Bernard Barsamian, président de l'association de défense des pères, "Paire 2 C?urs", à l'annonce de ce rapport. "Cette mesure incitative va pousser davantage de pères de familles à s'occuper de leur enfant", se réjouit-il. Même satisfaction du côté de Thérèse Baillif, ancienne responsable de l'Association des Maisons de la Famille de La Réunion qui parle de "mesure favorable à la famille".

L'occasion aussi, selon elle, de "faire évoluer les mentalités". "Aujourd'hui, de nombreux pères de familles ne prennent pas la totalité de leur congé paternité. Cette mesure pourrait leur permettre de prendre conscience que ce qui est plus important lorsqu'on fonde une famille, c'est d'être présent pour l'enfant et pour la mère et non pas courir derrière la réussite et l'argent", commente-t-elle. A noter que ce congé n'est que facultatif. "Une bonne chose", pour Thérèse Baillif qui reconnaît qu'"on ne doit pas obliger un père à prendre ses congés".

Bernard Barsamian estime quant à lui que "l'attitude des pères a évolué ces dernières années". "Ils ont envie de s'investir dans leur famille, voir grandir leur enfant et participer à leur éducation", explique-t-il. Mais la société n'a pas évolué en ce sens, analyse-t-il en substance : "les hommes sont toujours victimes des stéréotypes, à savoir qu'ils ont un rôle effacé au sein de la famille", ajoute-t-il. Comme Thérèse Baillif, il juge que cette mesure, si elle est mise en ?uvre, "fera évoluer les mentalités". Restera à communiquer sur le sujet : "les hommes ne savent pas forcements quels sont leurs droits en matière de congé paternité", signale le responsable associatif.

Le président de l'association Paire 2 C?urs reconnaît que cette mesure est "un premier pas vers davantage d'équilibre" entre le père et la mère au sein de la famille. Mais "il reste encore d'autres combats à mener", relativise-t-il, notamment sur la question de la garde alternée. "La plupart du temps, ce principe est peu appliqué à La Réunion", précise-t-il. La faute, selon lui, à des conditions "contraignantes" mais aussi à une "absence de parité" au sein des instances chargées d'attribuer la garde. "80% des juges aux affaires familiales et 95% des assistants familiaux sont des femmes. Il est plus difficile pour un homme de les convaincre", estime-t-il. Mais Bernard Barsamian reste optimiste, se disant "persuadé que l'égalité entre hommes et femmes sera peu à peu favorisée".

Mounice Najafaly pour
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