Les ex-salariés de l'Arast haussent le ton (Actualisé à 22h15)

Blocage de la circulation et opérations coup de poing annoncés

  • Publié le 17 janvier 2012 à 22:15

Les ex salariés de l'Arast appellent "toute la population à la manifestation ce mercredi 18 janvier 2012 pour une marche pacifique dans les rues de Saint-Denis" indique ce mardi 17 janvier 2012 Carmen Allié, gréviste de la faim depuis 28 jours. Les anciens salariés avaient lancé un ultimatum à Nassimah Dindar, présidente du Département, pour demander la signature d'un accord de sortie de crise avant ce mardi 17 janvier, 12 heures. "L'ultimatum a expiré, demain une équipe sera mobilisée pour des actions plus visibles. Il y pourra y avoir des blocages de la circulation à Saint-Denis et des actions coup de poing", annonce Paul Junot, secrétaire général de la CFTC et gréviste de la faim depuis 28 jours. À noter que Jacques Zéphir a recommencé à s'alimenter après 26 jours de grève. La marche pacifique des ex-Arast démarrera à 9 heures devant les grilles du conseil général. Les grévistes se dirigeront vers la préfecture, où ils déposeront ensuite une motion. Par ailleurs, dans un communiqué, la préfecture a annoncé, en milieu d'après-midi ce mardi, participer à la mise en ?uvre d'un guichet d'accompagnement vers l'emploi et la formation à destination des anciens salariés. L'installation du guichet aura lieu le vendredi 20 janvier. Dans une lettre adressée à Didier Lefèvre, délégué régional au défenseur des Droits, Nassimah Dindar confirme qu'elle accepte d'indemniser 241 salariés qui n'ont pas entamé de procédure en contentieux devant la justice et les 87 autres en attente d'une décision du conseil des Prud'Hommes, dont les salariés protégés, à hauteur de 50% à la charge du conseil général. Le reste, étant à la charge, des AGS.

"Nous attendons toutes les personnes qui sont venues nous soutenir depuis un mois et demi. Le rendez-vous est donné à 8 heures devant notre campement, pour une marche pacifique, dans la fraternité. J'insiste là-dessus, nous sommes non-violents", souligne Carmen Allié. "Nous passons juste à un autre niveau de la mobilisation puisque les actions individuelles se passent dans l'indifférence du conseil général. Cette situation devient insupportable. On ne fait que nous promettre des rendez-vous hypothétiques, ce n'est plus acceptable. Nous espérons trouver une sortie de crise rapide", ajoute-elle.

"Si nous décidons d'employer cette méthode, c'est parce que personne jusqu'à présent ne nous entend du côté du Département", commente Paul Junot. Le syndicaliste est conscient qu'en bloquant la circulation, "il y aura certainement des mécontents. Mais c'est la population, elle-même, qui nous a dit de passer à la vitesse supérieure", affirme-t-il.

Jusqu'à présent, "toutes les tentatives de dialogues et de concertation sont restées vaines", déplorent les ex-Arast. Raison pour laquelle, disent-ils, ils ont lancé ce lundi un ultimatum à Nassimah Dindar. Ils demandaient la signature d'un accord sur le paiement des indemnités. "Nous voulons la signature d'un protocole d'accord, en présence de toutes les parties concernées : le conseil général, les AGS, l'inspection du travail, un représentant de la délégation Arast, et un médiateur qui pourrait être le défenseur des droits", déclarait, ce lundi Paul Junot. L'ultimatum ayant expiré et aucune réunion n'ayant été fixée, les anciens salariés exaspérés ont menacé de bloquer ce mercredi 18 janvier les accès principaux de Saint-Denis.

Notons que ce lundi 16 janvier 2012, Ibrahim Dindar, vice-président du conseil général, faisait part de sa surprise, lors d'une conférence, face à la poursuite de la mobilisation des ex-Arast devant les grilles du Palais de la Source. "Nous sommes étonnés que cette affaire ne prenne pas fin. Nous avons rencontré le représentant du défenseur des droits et le président de la CFTC pour trouver une solution vendredi. Nous avons fait une proposition qui répond aux revendications de paiement des indemnités. Or, on nous en demande toujours plus", avait-il alors déclaré.

Le vice-président du conseil général avait également rappelé, ce lundi, que sur les 1 200 salariés de l'Arast, 965 ont déjà été indemnisés sur décision de justice, soit par le conseil général, soit par l'AGS (assurance de garantie des salaires). Reste alors la question du règlement des indemnités des autres anciens salariés. Le conseil général avait proposé d'avancer 50% des sommes que verseraient l'AGS à 241 personnes qui, volontairement, n'ont pas lancé de procédure en justice, et qui auraient droit à des indemnités entre 500 et 2000 euros. La collectivité avait aussi proposé de faire la même chose pour 87 ex-salariés qui sont aujourd'hui en attente d'une décision du conseil des prud'hommes. À noter que les deux parties n'arrivent pas à s'entendre sur la question des créances salariales. Ces dernières permettent la continuité du contrat de travail, soit le paiement du salaire durant la période entre la date de liquidation et la date de jugement.

Par ailleurs, les grévistes de la faim ne sont plus que 4. Après Jules Bénard, Jacques Zéphir a en effet arrêté sa grève pour raisons de santé. Pour rappel, il avait cessé de s'alimenter depuis 26 jours.

À défaut d'avoir une signature de protocole d'accord, la préfecture a annoncé ce mardi la mise en place dès le vendredi 20 janvier d'un guichet "d'accompagnement individualisé vers l'emploi et la formation" en direction des anciens salariés. La préfecture précise que "les recommandations issues de ce guichet, réuni en tant que de besoin, seront communiquées aux intéressés au fur et à mesure des tenues de cette instance".

Paul Junot s'est dit "très étonné" par l'installation de ce guichet. "Nous sommes les premiers concernés dans cette affaire et pourtant, c'est par la presse que nous apprenons cette information", a-t-il commenté. "Une cellule de reclassement pourquoi pas mais ce qu'il nous faut avant tout c'est une table ronde et un accord signé avec le conseil général", a-t-il précisé. "Pour le moment, nous ne changeons rien à notre programme de demain (mercredi- ndlr), les blocages de circulation et les opérations coup de poing", souligne le syndicaliste. Il annonce que les grévistes de la faim pourraient commencer "une grève de la soif".

Au sein du guichet d'accompagnement seront représentés : la DIECCTE, le Pôle Emploi, le conseil général, le conseil régional, la CAF, la représentation régionale des CCAS, un représentant de la CFTC et un ancien salarié de l'Arast, indique la préfecture.

En fin de soirée ce mardi, dans une lettre adressée au délégué régional de Défense des Droits, Didier Lefèvre, Nassimah Dindar a confirmé les propositions formulées le vendredi 13 janvier, à savoir l'indemnisation les 241 ex-salariés, qui n'ont pas engagés de procédure, et 87 autres, en attente d'une décision du conseil des Prud'Hommes. "Selon les décisions de justice définitives rendues, les AGS rembourseraient alors le conseil général, et réciproquement si le conseil général venait à être condamné", explique la collectivité. Une cellule de reclassement sous l'autorité du Préfet, et ce, pour les personnes qui n'ont pas retrouvé de travail, a été demandée "afin que des solutions soient trouvées".
Pour Paul Junot, "ce courrier bien qu'il engage davantage le conseil général qu'un communiqué de presse n'a pas valeur d'un accord signé entre les AGS et le Département". Accord qui, ajoute-t-il, est le seul document qui "mettra fin à la mobilisation".

"Nous restons donc dans l'attente d'un accord daté et signé. Pour éviter encore de perdre du temps, il devra être élaboré en la présence du délégué régional du défenseur des Droits, de la direction du travail, et d'une délégation des ex-Arast", précise le syndicaliste.

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