Grogne contre le prix des carburants devant la SRPP

Affrontement imminent entre transporteurs et forces de l'ordre

  • Publié le 21 février 2012 à 10:05

Ce mardi 21 février 2012, les transporteurs de la FNTR (fédération nationale des transports routiers) bloquent toujours la SRPP (société réunionnaise des transports routiers) au Port. A 10 heures, la situation s'est brusquement tendue. Le préfet a ordonné aux forces de l'ordre de libérer les accès au dépôt pétrolier "afin de ne pas pénaliser plus longtemps l'activité économique de l'île et de préserver la liberté de circulation". Thomas Campeaux, sous-préfet de Saint-Paul est venu sur place pour indiquer aux transporteurs : "Après les sommations, nous serons obligés d'intervenir". L'affrontement semble inévitable dans les minutes qui suivent entre les forces de l'ordre et les transporteurs qui ne veulent pas lever leur barrage. "Nous ne sommes pas un peuple soumis, nous ne bougerons pas, venez nous tuer s'il le faut", ont-ils lancé aux gendarmes mobiles.

La situation s'est brusquement tendue ce mardi 21 février 2012 devant la SRPP depuis 10 heures. Le dispositif de sécurité s'est renforcé et le sous-préfet de Saint-Paul, Thomas Campeaux est venu sommer les transporteurs de lever leurs barrages. Autrement, les gendarmes useront de la force pour les déloger.

La trentaine de transporteurs de la FNTR mobilisés devant la SRPP depuis ce lundi n'est évidemment pas d'accord avec cette décision, et refuse de bouger. A 10h10, ils se sont allongés par terre devant leurs camions, en lançant aux gendarmes mobiles qui les entourent : " Nous avons agi de manière pacifique, nous avons fait preuve de bonne volonté. Venez nous tuer s'il le faut parce que nous ne bougerons pas !".

Le président de la FNTR, Jean-Bernard Caroupaye a lancé un appel en direction de la population : "On demande le soutien de la population, on fait ça pour tout le monde, n'ayez pas peur de nous rejoindre pour lutter contre cette dictature". Quelques jeunes Portois et quelques groupes d'hommes et de femmes se sont d'ores et déjà manifestés.

Il a également appelé les élus réunionnais à venir les soutenir. "On appelle tous les maires à nous rejoindre dans cette lutte contre le monopole et les ententes illicites, et notamment le maire du Port, Jean-Yves Langenier, à venir voir ce qu'il se passe ici", a-t-il expliqué.

A 10h40, la situation semble se détendre à la SRPP. Suite à l'ultimatum de la préfecture de lever les barrages par l'usage de la force s'il le faut, Jean-François Caroupaye s'est entretenu avec le commissaire Jean-François Lebon. Les transporteurs ont obtenu l'assurance que la réunion prévue pour ce jeudi 23 février 2012 serait maintenue à condition que les transporteurs soient "respectueux" de leur parole, c'est-à-dire qu'ils laissent passer les camions de kérosène et quelques camions-citernes pour approvisionner les stations services.

A 10h50, c'est un véritable dialogue de sourds auquel on assiste entre Jean-Bernard Caroupaye et Thomas Campeaux. Ils s'accusent mutuellement d'avoir "un comportement provocateur et insultant". Thomas Campeaux répète inlassablement : "Monsieur Caroupaye, on ne discute pas sous la contrainte", tandis que Jean-Bernard Caroupaye campe sur ses positions : "On est en démocratie, on ne peut pas nous déloger de cette façon. Vous voulez discuter, allons discuter maintenant". Or, le sous-préfet de Saint-Paul continue à dire que le dialogue ne se fait pas "sous la pression".

A 11 heures, alors que les transporteurs s'entretenaient avec le commissaire Jean-François Lebon, au moins trois camions de la SRPP ont échappé à la surveillance, et ont réussi à franchir les barrages, ce qui a provoqué la colère des camionneurs. "Ils nous trahissent, comme d'habitude, on est en train de se faire avoir !", scandent quelques-uns des transporteurs. "Vous détournez notre attention. Alors que vous nous menacez de nous déloger, vous faites venir des engins de levage pour retirer nos camions et libérer les passages pour la SRPP", regrettent amèrement les transporteurs.

Dans le même temps, Henri Hippolyte, adjoint à la mairie du Port et conseiller général du Port, et Danio Ricquebourg, de la CGTR Port et Docks, sont arrivés sur place. "Je suis là pour savoir ce qui est en train de se passer, parce que ça se passe sur notre territoire", indique Henri Hippolyte. "Jusqu'à présent, cette manifestation ne posait aucun problème. On ne peut cautionner une charge de police contre cette manifestation, d'autant plus dans cette zone", indique-t-il. Il appelle cependant au "calme" pour éviter tout débordement.

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