Travail du dimanche

À La Réunion les syndicats ne veulent pas "se faire entuber"

  • Publié le 1 octobre 2013 à 08:00

Le travail du dimanche fait à nouveau parler de lui. Dimanche 29 septembre 2013, les magasins Castorama et Leroy Merlin de la région parisienne ont ouvert malgré l'interdiction du tribunal de commerce de Bobigny. Dès le lendemain, le gouvernement s'est penché sur le sujet. A l'issue d'une réunion interministérielle, Jean-Paul Bailly a été chargé d'une mission pour "clarifier le cadre juridique" du repos dominical. A La Réunion, les syndicats sont un peu sceptiques. "Je crains que l'on se fasse entuber encore une fois" lance ainsi Philippe Maillot de la CGTR Commerce

"Dans l’intérêt des salariés, le repos hebdomadaire est donné le dimanche." Il n’y aurait pas de débat aujourd’hui, si seule cette phrase de l’article L. 3132-3 du Code du travail était en vigueur. C'était sans compter les exceptions. Des dérogations permanentes : par rapport aux contraintes de production, aux besoins du public, aux commerces alimentaires. Des dérogations conventionnelles : le repos par roulement, des équipes de suppléance. Des dérogations administratives : de la préfecture, de la mairie. Enfin, il y a des dérogations par zone : là où la consommation est exceptionnelle, et là où sont les touristes.

Devant toutes ces exceptions, et en réponse aux ouvertures illégales de Castorama et Leroy Merlin, Jean-Marc Ayrault a demandé ce lundi 30 septembre à Jean-Paul Bailly de mettre au clair le cadre juridique du travail le dimanche. "Une mission sur les exceptions au repos dominical dans les commerces", précise le communiqué du gouvernement.

Philippe Maillot, responsable du commerce à la CGTR, n’est pas contre ce remaniement. Il demande même un retour aux fondamentaux : "on a été les premiers à demander à ce que la loi change. La loi était claire : le repos, c’est le dimanche. Point barre. C’est l’employeur qui a brouillé les cartes : une dérogation par là, un demi-décret par ci. Et maintenant, ils s’étonnent que ça soit flou ?" Du côté de la CFDT, Joël Dalleau s’attend à plus de rigueur : "il faut que la loi soit ferme. Je veux que la loi fixe le principe du repos le dimanche. Ceux qui veulent ouvrir le dimanche doivent passer par le dialogue social. Nous sommes tous des clients, mais nous sommes aussi tous des travailleurs."

Si le caractère compliqué de la loi met d’accord syndicats et politiques, son assouplissement est une autre paire de manche. Philippe Maillot se méfie : "c’est une bonne chose qu’on s’intéresse de nouveau à la loi. Mais je crains que l’on se fasse entuber encore une fois, comme avec la loi Maillet de 2009. On a annoncé que le travail du dimanche matin serait basé sur le volontariat, que les salariés seraient payés le triple… Mais les employeurs se sont assis dessus." Même son de cloche du côté de Joël Dalleau : "Le travail le dimanche à la Réunion se fait sous la contrainte. Ils ont beau dire que c’est du volontariat, c’est à moitié vrai. Les employeurs veulent plus d’argent, du coup, il n’y a plus de roulement."

Alors, quelles réponses apportent les syndicats ? A la CGTR, le discours est clair : "il n’y a que dans la lutte qu’on améliorera nos conditions. Il n’y a que ça qui fait avancer les choses. On essaie d'amener les employeurs devant les tribunaux quand ils transgressent la loi." La réponse est plus nuancée à la CFDT : "On peut par exemple compenser la fermeture du dimanche en allongeant par exemple la durée d’ouverture en semaine. Les consommateurs peuvent faire leur course à la sortie du travail, et le salarié a son week-end pour passer un dimanche en famille. Mais l’important, c’est qu’il y ait un véritable dialogue."

Dans son communiqué, Matignon "rappelle que le repos dominical est un principe essentiel en termes à la fois de protection des salariés et de cohésion sociale." Entre droit des consommateurs, des salariés et des employeurs, Jean-Paul Bailly devra examiner les faiblesses du dispositif actuel. Les propositions de l’ancien président de La Poste sont attendues sur le bureau du Premier ministre pour la fin novembre. 

www.ipreunion.com

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