La porte-parole de l'Union régionale veut changer le syndicalisme

Clara Derfla : "face au mépris, il faut une radicalisation"

  • Publié le 28 juillet 2014 à 05:15

Mobilisée sur le devant de la scène sociale dans les derniers grands conflits de l'île (CFAO, SIB, CILAM...), Clara Derfla est devenue l'une des figures du syndicalisme réunionnais. Connue pour ses actions coup de poing, la fille de la très active syndicaliste Marlène Derfla a quitté la CGTR pour prendre son indépendance avec l'Union régionale. La secrétaire générale adjointe de l'UR ne veut plus d'un syndicat de salon, mais "de terrain."

Depuis quelques mois, il y a chez vous une véritable volonté de faire bouger les choses. Qu’est-ce qui vous a particulièrement remonté dernièrement ?

C'est un constat. Cela fait 17 ans que je suis dans le syndicalisme et malheureusement ça va de pire en pire. Nous recevons les salariés tous les jours en réunion, la majeure partie d’entre eux gagnent le Smic et n’arrive pas à joindre les deux bouts. Lorsque nous entendons leurs souffrances et leurs revendications, nous nous demandons quel est notre rôle pour les accompagner.

Au début de mon parcours, je défendais les salariés aux prud'hommes sur des dossiers. Mais aujourd’hui, la donne a changé. Quand un patron est capable de budgétiser un licenciement, on se demande où est-ce qu'on va. Quand on voit qu'un patron qui touche de l’argent public refuse une réunion - même si elle est demandé par un sous-préfet - on se dit qu'il y a un problème. Et à un moment donné il faut être à la hauteur et répondre à cette situation.

Quelle est votre solution ?

On peut pas faire autrement que de réfléchir et de se dire : face au mépris, il faut une radicalisation. Il n’y a plus de dialogue social, à présent, les patrons refusent de participer aux tables rondes. Ils ne négocient plus sur le terrain, ils ne connaissent que leur " salon " de la Dieccte (ndlr : siège de la direction et de l’inspection du travail où syndicats et direction se rencontrent pour une médiation). A partir de ce moment là, nous pensons qu’il faut radicaliser complètement le mouvement.

Pensez-vous que la Dieccte est laxiste sur certains dossiers ?

La situation est grave. Le patronat a un boulevard devant lui, il ne s’arrête même plus : il prend sa Porsche et traverse. Aujourd’hui, le gouvernement donne énormément de pouvoir aux patrons. Le patronat a pris de l’ampleur, et comme il n’y a pas de répondant en face, ils continuent. Même la Dieccte n’a pas les moyens de faire face. La situation de la Sotram-Cotram est symbolique : nous étions obligés d’organiser une grève pour faire appliquer la loi du code de travail. Nous en sommes à un stade fatidique. Il faut que l’on fasse quelque chose car nous n’en pouvons plus.

Remettez-vous en cause la manière de fonctionner des syndicats ?

Oui, c’est une remise en question. Ce qui existait jusqu’à présent ne fonctionne pas et ne donne pas de résultat. Alors, nous nous demandons ce qu’il faut essayer pour renverser la tendance. Et cela commence par une remise en cause, il faut accepter une certaine critique et être présents sur le terrain.

C’est-à-dire ?

Il faut échanger avec les salariés et être à leurs côtés, quitte à dormir avec eux dehors lorsqu’ils sont en grève. Il faut que l’on vive avec eux pour qu’ils se reconnaissance en nous. Pour qu’ils nous suivent, il faut changer notre manière de se battre et mener la lutte face à un patron. Il ne doit pas y avoir de décalage entre une direction syndicale et les syndiqués. Il faut être dans la réalité, on ne peut pas avoir un discours en décalage avec la réalité du terrain.

Propos recueillis par RTL Réunion pour www.ipreunion.com

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6 Commentaires
Maloki
Maloki
9 ans

A koz do moun le maloki kom ça ! Jamais content au lieu regarde le bon côté tout suite i fo critiquer parce que zot i gagne pas fé pareil !!!elle n'a encore pou fatigue à zot!!!!

vico
vico
9 ans

C'est bien. Il faut radicaliser les actions. Il faut qu'il y ait une opposition forte face au patronat, et pas des opportunistes qui attendent seulement de se faire acheter par les patrons. Alé Clara ! tienbo larg pa!

evnor
evnor
9 ans

A mon avis pour, il faut absolument une juste répartition des fruits du travail, des salariés fiérs de leur entreprise c'est gage de réussite sur tous les plans humains, économique, social ,etc...

mika
mika
9 ans

Perso moin lé pas syndiqué ni cgtr ni cftc ni unsa ni alliance etc.. mais si toute syndicat té bouge comme ti madame Clara Derfla y fait na longtemps le peu de patrons té arret roule travailleurs dans la paille. .bravo et encore bravo clara d'être dehors po les travailleurs...

ladilafé, depuis son mobile
ladilafé, depuis son mobile
9 ans

Aie aie!!!! I commence là! comment femme la i fait peur à zot dont! bien placé po connaître! change d.indik out band zinformation lé faux!! Bravo Clara et la nouvelle équipe!

pascal
pascal
9 ans

Moin aussi mi fé grêve si ma té payer pour ! et en plus à hauteur de 3000 €.
Moin aussi mi té dor sous tente km sa mi té gagne heure supplémentaire ou récupération !
Pas tous le monde lé payé comme ou po faire grève Mme !
Et oui on peut avoir un discour en décalage avec la réalité du terrain comme Mme !