En grève depuis lundi les salariés et des éleveurs demandent le départ du directeur

Sicalait : peut-être une issue à la crise

  • Publié le 12 décembre 2014 à 05:55

Le président du conseil d'administration de la Sicalait doit s'adresser ce vendredi 12 décembre 2014 aux salariés en grève depuis lundi et aux éleveurs qui les soutiennent. Une issue à la crise sans précédent qui agite la Sica pourrait être trouvée à l'issue de cette rencontre. Jeudi soir, excédés par le refus des administrateurs de renvoyer le directeur Olivier Dekokère qu'ils ne supportent plus "en raision de son attitude méprisante, et son impossibilité à dialoguer" des éleveurs avaient menacé d'investir les locaux de la Sicalait, et tout particulièrement le bureau directorial. Dans la journée une rencontre avait eu lieu entre l'ancien directeur de la Sica désormais à la retraite et son successeur Olivier Dekokère.

En grève illimitée depuis dimanche dernier, 90% des salariés de la Sicalait qui exigent en préalable à toute discussion le départ de leur directeur, Olivier Dekokère, ne faiblissent pas dans leur détermination, bien au contraire, puisqu'après avoir reçu le soutien des salariés de Fermes et Jardins (les six magasins de Sainte-Clotilde, Saint-André, Saint-Louis Bel Air, Saint-Paul Savannah, Tampon 14e et Tampon 600 sont fermés), et le renfort apprécié d'éleveurs laitiers, ces derniers ont menacé, dans la soirée de jeudi, d'investir manu militari les bureaux de la Sicalait et de prendre possession du fauteuil directorial.

Une menace fortement symbolique du malaise qui règne au sein de la Sicalait, à tous les niveaux. Car enfin, pour les éleveurs frondeurs, la coopérative doit demeurer un outil voué au développement de leurs activités et ne point se comporter en centrale d'achat aux seuls intérêts de laquelle seraient subordonnés les adhérents coopérateurs.

Ce geste des éleveurs vient renforcer la revendication des salariés qui s'opposent frontalement aux administrateurs et tout particulièrement au directeur, Olivier Dekokère, figure emblématique de cette crise de confiance. Lequel vient de s'adresser par courrier à l'inspection du travail, pour demander la mise en place urgente d'une médiation entre salariés grévistes et direction générale. Une demande refusée par les grévistes, indique la direction de la Sicalait dans un communiqué publié ce jeudi soir.

Si nombre d'éleveurs laitiers sont ainsi entrés en jacquerie, c'est que leur situation économique est devenue au fil des ans de plus en plus difficile, alors que leur dépendance devenait totale, sur fond de crise sanitaire (leucose, fièvre catarrhale, IBR, BVD, paratuberculose, RSV, PI-3, Chlamydiose, Fièvre Q…)

Une crise reniée par les responsables de la filière qui non contents de l'avoir partiellement provoquée par des actes aujourd'hui publiquement établis - importation et distribution de bêtes malades, dérogations extraordinaires aux réglementation sanitaires, stigmatisation des éleveurs en difficulté - ont encore tenté d'en étouffer la portée. Mais les faits sont là qui montrent que  la production est en baisse constante, depuis 2004, comme le nombre d'éleveurs producteurs, décimé par les maladies du cheptel. Ils étaient 151 en 2000, il n'en restait que 73 en 2013…

Et sur ces éleveurs survivants, combien sont-ils à pouvoir espérer vivre encore longtemps de leur travail ?

Au-delà, les salariés de la Sicalait sont confrontés à une gestion inaccoutumée du personnel qui provoque leur colère. A en croire leurs représentants syndicaux et les témoignages librement communiqués, les salariés estiment être victimes de la part du directeur Dekokère, de pressions, brimades et divers comportements jugés dégradants ou à tout le moins insupportables. Des affirmations dénoncées par le conseil d'administration et le directeur lui-même qui fait état de "malentendus et d'incompréhensions".

Reste que les salariés affirment que ce comportement n'est en rien ponctuel ou anecdotique et qu'en métropole, dans de précédentes affectations, M. Dekokère aurait déjà connu de sérieux problèmes de gestion du personnel ; notamment en Vendée, où, en 2010, il aurait abandonné la direction générale du syndicat label rouge des Volailles fermières de Vendée, dont le siège est à Challans, dans le cadre plus feutré qu'à La Réunion, d'un départ à l'amiable, sur fond de problèmes de gestion humaine.

La situation étant sérieusement bloquée, les administrateurs dénonçant un complot pendant que les salariés et une forte proportion d'éleveurs maintiennent leur exigence de voir partir Olivier Dekokère, il semble que le point de non retour soit franchi dans un conflit social dont les causes sont beaucoup plus profondes que le seul rejet de M. Dekokère.

www.ipreunion.com

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2 Commentaires
ex gréviste
ex gréviste
9 ans

@
Jl Hoarau : le boug a toujours cette posture. Il doit avoir quelque chose à se reprocher.

jl Hoarau
jl Hoarau
9 ans

elles sont marrantes les photos. Le patron a toujours la tete basse et la posture penchée. C'est le choix du photographe pour ilustrer l'article ou il est tout le temps comme ca?