Bat la lang

La di la fé... petit florilège des phrases qu'ils auraient préféré ne pas prononcer

  • Publié le 6 décembre 2018 à 02:58
  • Actualisé le 6 décembre 2018 à 11:32

A situation exceptionnelle, phrases exceptionnelles... En vingt jours d'un mouvement social sans précédant, des mesures ont été annoncées, des paroles prononcées, lâchées, des vestes (jaunes) retournées... Petit florilège de ce que nos oreilles ont entendu.

• "La clé est à l’Assemblée" a déclaré Didier Robert avant d’ajouter qu’il était pour la dissolution de l’Assemblée nationale, le 5 décembre 2018

Ou quand Didier Robert retourne sa veste… Son point de vue sera d’une grande aide dans la résolution de la crise et Emmanuel Macron prendra sûrement note de son conseil…

• "Nous ne reprendrons pas le travail tant que les forces de l'ordre seront devant l'enceinte portuaire", les dockers le 3 décembre 2018

Pour les dockers du Port-est, il était absolument hors de question de reprendre le travail tant que que les forces de l’ordre encerclaient et surveillaient le secteur, lundi 3 décembre. Pas après la violence, pas après les centaines de grenades lacrymogène lancées sur les manifestants.
Ils disaient ne pas comprendre les actions des autorités : pourquoi être intervenu alors qu’un compromis avait été trouvé un peu plus tôt ? Alors que les gilets jaunes avaient accepté de laisser passer sept conteneurs de médicaments ? D’autant plus que les dockers conservent un souvenir plus qu’amer des mouvements sociaux… Le 7 mars 1994, le jeune docker Théo Hilarion est grièvement blessé par un tir de gendarme. Il perdra un œil.
Raté : dès mardi, ils étaient au travail, à décharger notamment les porte-conteneurs en attente dans le Port… sous protection des forces de l’ordre.

• "Un homme/un mandat/une fonction", Didier Robert le 30 novembre 2018

Il l’a dit, il l’a fait, respectant une revendication des Gilets Jaunes. Didier Robert, président de Région a bien démissionné de son poste de directeur de la Société Publique Locale (SPL) des Musées Régionaux, disant ainsi au revoir à son salaire de 6.800 euros net par mois. Nous verrons si ses conseillers régionaux feront de même et suivront l’exemple… Comme Fabienne Couapel-Sauret, conseillère régionale déléguée aux transports et PDG de la SPL Maraina ou encore Alin Guezello, dirigeant de la SPL Energie Réunion. Ils n'auront peut-être pas le choix... il paraît que Didier Robert veut faire voter avant le 31 décembre ce principe de "un homme - un mandat - une fonction", la di la fé ?

D’autres élus comme Jean-Hugues Ratenon, Lonique Bénard ou Juliana M’Doihoma ont pris au mot les gilets jaunes et ont démissionné d’un de leurs mandats.

• "Il y aura un black-out total avec 300 barrages sur les routes", les gilets jaunes juste avant la venue de la ministre des Outre-mer, mardi 27 novembre

Des barrages il y en a eu… mais certainement pas 300 comme le menaçaient les Gilets Jaunes sur les réseaux sociaux. D’après la Direction Régionale des Routes (DRR), il y en avait au maximum une trentaine sur les principaux axes routiers réunionnais. Certes, il faut rajouter les blocages sur les ronds-points moins importants mais de là à atteindre 300…

• "Les forces de l'ordre interviendront si les blocages entrainent des perturbations excessives," Le Préfet, le 16 novembre 2018

Petite phrase de la Préfecture, envoyée par communiqué le 16 novembre 2018. Deux semaines de blocages plus tard, nous pouvons clairement dire que le Préfet La di mè la pa fé. D’après la Chambre de commerce de d'industrie de La Réunion (CCIR) il y aurait entre 600 et 700 millions d'euros de pertes pour les entreprises, le barrage de Gillot a obligé les compagnies aérienne à revoir leur plan de vol, celui du Port-est a entraîné des pénuries et nous ne parlons pas des embouteillages… Certains blocages ont bien été levés comme celui devant la Société réunionnaise des Produits pétroliers, mais après plusieurs jours…

• La Fédération nationale des Transport Routiers (FNTR) et son président Jean Bernard Caroupaye félicitant les "mesures de soutiens" prises par la Région Réunion, le 16 novembre 2018

La FNTR qui envoie le 16 novembre un communiqué déclarant qu’elle ne sera pas sur les barrages le lendemain… Jean Bernard Caroupaye pourtant bien prompt à bloquer les routes ne portera pas de gilet jaune et félicite les mesures prises par la Région Réunion "vers les professionnels du transport tiennent compte de l'écoute et des besoins du secteur. Elles ont permis de rassurer l'ensemble de la profession et d'accompagner depuis 2012, les entreprises et de maintenir les emplois face à la hausse brutale des prix des carburants." Sept jours plus tard… vendredi 23 novembre, le président de la FNTR tout vêtu de jaune annonce sur Réunion la 1ère que les transporteurs rejoignent le mouvement… Plus vraiment crédible, il est d'ailleurs bloqué au barrage de Gillot par des Gilets jaunes...

• Et il y a les autres...

Et il y a aussi ces parlementaires qui étaient aux abonnés absents pendant la réunion de travail avec la ministre Annick Girardin. Ces parlementaires qui ne sont pas allés non plus sur les barrages écouter les revendications du peuple.  Les muets, les absents, ceux qui n’hésitent plus aujourd’hui pas à prendre le micro, maintenant que les tensions sont retombées...

Et il y a aussi Didier Robert qui endosse un gilet jaune lorsqu’il reçoit une délégation de manifestants… (c’est bien entendu une photo montage, puisque submergé de travail, le conseil régional a encore une fois oublié de nous inviter…)


www.ipreunion.com

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4 Commentaires
tograf
tograf
5 ans

Ce que nos oreilles ont entendu et ce que nos yeux voient:
" Son point de vu" , " Nous ne reprendront ", " un de leur mandat ", " comme le menaçait les Gilets ", " submerger de travail, le Conseil régional "...
Un petit peu de relecture, svp, avant la mise en ligne. Merci (Nous corrigeons, merci de vos remarques - webmaster)

Simple félcitation
Simple félcitation
5 ans

Bravo! Je trouve que la fraicheur et l'humour de vos articles font du bien, vous êtes de plus en plus performant. Personnellement, je trouve que vous n’êtes pas encore assez présent pour nous informer sur les petites magouilles politiques péï pourtant bien réelles et qui nécessitent parfois un peu plus d'investigation et de recherche pour voir ce qui se cachent vraiment derrière les beaux discours. Cordialement

By love
By love
5 ans

Surtout une claque avec là Ministre qui lui a IMPOSÉ ces règles pour montrer l’exemPle!!!!!! Bravo madame la Ministre

Je dépose mon gilet jaune
Je dépose mon gilet jaune
5 ans

Bravo le photo montage est réussi, comme quoi même sans invitation vous arrivez à faire le job