La préfecture veut renforcer l'aide aux femmes violentées

Près de 15% des Réunionnaises en couple victimes de violence

  • Publié le 25 novembre 2020 à 21:45
  • Actualisé le 25 novembre 2020 à 21:58

A l'occasion de la journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes, le préfet de La Réunion, Jacques Billant, a rencontré ce mercredi 25 novembre à l'hôtel Créolia de Saint-Denis quatre femmes victimes de violences. Près de 15% des Réunionnaises en couple ont été victimes de violences conjugales depuis un an. Les différents moyens mis en oeuvre pour venir en aide aux victimes ont par ailleurs été présentés : favoriser l'écoute auprès des victimes, faciliter leur mise à l'abri et développer les moyens de signaler un conjoint ou ex-conjoint violent. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Une étude diffusée ce mercredi 25 novembre indique que près de 15% des Réunionnaises en couple ont été victimes de violences conjugales lors des douze derniers mois. Entre 2016 et 2018, cinq décès faisant suite à ces mêmes violences ont été recensés chaque année sur l'île. Depuis 2019, aucune victime n'est en revanche à déplorer. Cette amélioration encourageante ne doit cependant pas faire baisser la garde des différents organismes pouvant venir en aide aux victimes.

C'est pourquoi Jacques Billant, préfet de La Réunion, a souhaité échanger avec quatre victimes de violences conjugales ce 25 novembre, dans le cadre de la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes. Cet échange a été l’occasion de faire le point sur la politique de prévention, les mesures mises en œuvre pour faciliter le relogement des femmes et le dispositif d’accompagnement des auteurs de violence pour éviter la récidive.

Parmi ces quatre femmes, trois d'entre elles ont dernièrement eu le courage de partager leur histoire et l'enfer qu'elles ont pu vivre lors de témoignages poignants. Ces derniers, diffusés depuis le 16 novembre dernier à la télévision, délivrent un message clair : "on peut dire stop !". Leur but est alors d'encourager les potentielles victimes à parler, à se confier sur les violences qu'elles subissent au quotidien pour s'autoriser à sortir enfin de leur situation infernale. "Rien n'équivaut le récit des femmes", estime Nadine Caroupanin, directrice générale aux droits des femmes et à l'égalité.

- 500 gendarmes formés à la prise en charge des victimes -

Pour leur venir en aide, la préfecture a divisé son champ d'action en trois axes principaux. Dans un premier temps, elle a désiré améliorer l'accueil et l'écoute auprès des victimes en formant près de 500 gendarmes à la prise en charge de ces dernières. "Cette formation dure au total cinq jours et les personnes en disposant y apprennent à prendre une déposition de plainte, écouter du mieux possible les victimes en les prenant par exemple à part afin de les rassurer", explique Marie-Annick Virama, l'une des quatre victimes présentes, aujourd'hui ajointe administrative au commissariat du Port.

Entre 2019 et 2020, le nombre de dépositions de plaintes a augmenté de 13% et aujourd'hui ce sont près de six plaintes qui sont déposées quotidiennement à La Réunion. Ces chiffres, bien qu'ils soient importants, indiquent cependant qu'il est "plus facile de porter plainte aujourd'hui qu'auparavant", comme le souligne Patricia Bourgeois, victimes de violences dans les années 1970-1980.

La préfecture souhaite également faciliter la mise à l'abri des victimes. Dans cette optique, une structure d'accueil d'urgence temporaire (SAUT) va voir le jour à Saint-Benoît, portant leur total à quatre sur l'ensemble de l'île, soit 32 places. Enfin, différents moyens de communication ont dernièrement été mis en place, à l'image du 39 19, un numéro permettant aux victimes de signaler les violences qu'elles subissent, ou encore le 114, élaboré depuis le confinement pour rendre possible ces signalements par un simple SMS.

Les auteurs des violences ne sont pas oubliés. En partenariat avec l'Etat l'association réseau vif (violences intra familiales) propose un accompagnement social et thérapeutique à travers la mise en place d'un centre de prise en charge et de suivi des auteurs de violences conjugales (CPCA). La structure devrait accueillir une soixantaine d'auteurs violences d'ici la fin de l'année.

vl/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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