Au coeur de la sélection de judo pour les Jeux des Îles

Les judokas à Salazie : plus belles étaient les chutes

  • Publié le 27 juillet 2015 à 11:00

La sélection de La Réunion de judo pour les Jeux des îles de l'océan indien posait ses valises au village de Hell Bourg à Salazie pour un ultime stage de préparation. Si d'autres entrainements se dérouleront cette semaine, il s'agissait du dernier rendez vous en immersion avant l'entrée au village des jeux mercredi 29 juillet. Trois jours d'efforts, de travail, de douleurs, de joie et de doutes aussi. Chronique de l'intérieur (Photos Matthieu Severin/Ligue de judo)

Jeudi 23 juillet

La sélection de La Réunion de judo installe son camp de base au gîte Lamandoz au village d'Hell Bourg. Les bagages à peine déposés dans les  chambres les judokas se dirigent vers le petit dojo d'Hull Bourg. Une salle de tapis puzzles, beaucoup plus rugueux que les tatamis ordinaires, sur lesquelles les chutes ne s'oublient pas. La séance technique démarre sous la houlette de Bernard Chermain, co-entraineur de la sélection, sur ces terres salaziennes puisqu'il est lui même le responsable du club de judo du cirque. Ce ne sera qu'une séance de décrassage où les sportifs travailleront leur "spécial", c'est à dire leur mouvement préféré. Ce sont les premiers slams -pour le bruit des corps qui chutent - de ce stage.

Après un déjeuner toujours très apprécié au "Faham" à Salazie village, c'est le retour à Hell-Bourg pour un moment de protocole avec le passage de la flamme des Jeux. Les deux titulaires Maureen Parisot (-78kg) et Sylvie Clapier (-48kg), et la replaçante Alice Nativel (-57kg), toutes trois originaires du cirque la porteront jusqu'à Mare-à-poule-d'eau. Retour à Hell-Bourg avec une rencontre touchante et très encourageante avec les enfants du centre aéré de l'école publique du village. Emotion particulière pour Maureen Parisot, qui retrouvait là le centre aéré de son enfance avec les mêmes animateurs et encadrants. "C'est marrant parce que c'est comme ça que j'ai découvert le judo. Il n'y avait, et il n'y a toujours d'ailleurs, que deux offres sportives à Salazie pour les jeunes : foot et judo. Je n'aimais pas le foot. Et voilà", explique celle qui par ce défaut d'offre est devenue depuis double vice-championne de France junior et a foulé à peu près tous les tatamis européens.

C'est à 15h que les judokas retrouvent enfin le Dojo du collège de Mare-à-citrons pour une séance qui situe d'emblée que ce dernier stage ne sera pas une sinécure. Uchi-komi et nage-komi, s'enchainent. Puis ce sont les randoris, les combats. Pendant que les uns travaillent sur les tapis, les autres font du renforcement musculaire. Le bruit des corps qui tombent rythmera l'entraînement jusqu'à 18h30. La sélection de judo à Salazie ou quand le Voile de la mariée n'est plus la plus belle chute.

Le repas du soir sera salutaire. Patrick Manoro, tenancier du gîte, auteur-compositeur et interprète du groupe Grain d'sel, joue en famille. Le moment est agréable mais on ne s'attardera pas. Chacune et chacun sait que la journée la plus dure sera celle du lendemain.


Vendredi 24 juillet


9h00. Il fait frais, sec et beau. Lancement des hostilités avec une course d'orientation. Et dans course d'orientation si il y a orientation, il y a surtout course. L'occasion de travailler sur le foncier des athlètes de façon ludique. Bernard Chermain que les athlètes ont surnommé Cherminator leur a concocté un parcours en étoile : départ du gîte par équipe, carte en main, chacun prend la direction de sa balise avec retour au gîte avant de repartir vers une nouvelle balise.
En dépit de la consonance, Hell-Bourg n'est pas une plaine anglaise. Les dénivelés s'enchainent, montée, descente, accélération sur les plats. Le cardio travaille à fond, les jambes se tétanisent. Ce qui semblait n'être qu'un jeu, se fini au mental pour certain. Une opportunité supplémentaire de réaffirmer la cohésion du groupe. 11h30, fin de la partie. Douche et repas. Le civet canard du Faham soulage, mais les judokas restent mesurés. Ils savent que l'après-midi ne sera pas celle d'une digestion paisible.
15h. A nouveau la séance démarre avec ces uchikomi et nagekomi, infatigables répétitions des mouvements de projection, sans faire chuter, puis avec chute, puis en déplacement, puis en accélération. Mais le thème de l'après midi est randori : le combat. Les filles et les garçons de la sélection les enchainent, par vague, sans cesse, jusqu'au soir.
Sur le bord des tapis, le doute s'installe chez les uns ou les autres : "Pourquoi mon mouvement ne passe pas ?" s'interroge l'une. "A deux semaines des Jeux si ça ne passe pas là, ça ne passera jamais", s'inquiète un autre. Sylvie Clapier, titulaire -48kg, qui connait ces moments dans la préparation d'un athlète,  soutient l'une de ses jeunes co-équipières et relativise : "On est toutes comme ça à ce moment de la préparation. On est crevée. On doute et c'est normal. Mais ça va le faire."
La nuit est tombée quand s'achève la séance. Après le repas, le moral est revenu et un kabar improvisé dévoilera les talents cachés des membres de l'équipe. Un lâcher-prise nécessaire avant une nuit réparatrice.

Samedi 25 juillet


08h. Les corps sont éprouvés. L'occasion de relâcher un peu en matinée avec un paint-ball.    Une façon aussi de travailler l'esprit d'équipe. Mais cette fois ci, il s'agit vraiment de jouer et de se faire strictement plaisir. La partie sera remportée par l'équipe des Papang, non sans la contestation de toutes les autres équipes. Tout le monde chambre tout le monde. Moment de franche rigolade. Le salaire de la sueur. Il fallait bien ça. Sur place l'équipe de PaintBall des Salazes a préparé le repas : saucisse-frit, poisson et bouillon brèdes chouchou. La fatigue est est bien là. Le repas s'apprécie dans un silence relatif inhabituel. Il reste encore un séance d'entrainement.

16h. Reprise des hostilités après une longue sieste pour la plupart, à même le tatami de Mare à citron. Pour avoir tant reçu leur chute, il peut bien accueillir leur sommeil. Mais le réveil est difficile. Les visages sont marqués. Mais on ne monte pas sur le tatami tête baissé, alors c'est vaillants que les judokas se jettent dans les derniers randoris du séjour. Au fur et à mesure toutefois, les effectifs deviennent clairsemé.

"Ils sont fatigués, c'est normal. Ils viennent quand même de se payer trois jours de stage. En fait la difficulté c'est bien de gérer la fatigue et les séances. Il faut le lever le pied cette après midi, c'est ce qu'on a fait. Ils sont prêts. On a un bon groupe, il sont soudés. Je crois que ç a va le faire pour les Jeux. Il s'agit surtout d'éviter les blessures", conclut Francis "Coco" Séverin, co-entraineur de la sélection.

Le retour en images, photos et vidéos de ce stage et toute l'actualité de la sélection de judo sur la page facebook de la ligue de judo Réunion Mayotte
 

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