64 nouveaux cas de coronavirus ces trois derniers jours (actualisé)

Foyers de contagion : à La Réunion la crise sanitaire c'est maintenant

  • Publié le 14 août 2020 à 12:08

Si La Réunion a été relativement épargnée par le coronavirus jusqu'à présent, cette époque semble désormais révolue. Le virage pris par l'île depuis la découverte du premier foyer de contagion Covid-19 mardi, s'est bel et bien confirmé ce jeudi 13 août 2020. Deux nouveaux clusters ont été identifiés à Saint-Denis, s'ajoutant au foyer initial formé lors d'un repas de mariage à Sainte-Clotilde. Avec 64 nouveaux cas de coronavirus confirmés ces trois derniers jours, dont 31 en lien avec le foyer de contagion, la maire de Saint-Denis Ericka Bareigts a décidé de reporter la rentrée scolaire d'une semaine pour 14 écoles des quartiers du Bas de la Rivière, Petite-Île et Sainte-Clotilde. Le préfet Jacques Billant a lui acté, par arrêté, l'obligation du port du masque à certains lieux extérieurs : les marchés forains, les abords des établissements scolaires, d'enseignement supérieur, des crèches et les sites les plus fréquentés de chaque commune de l'île. (Photo rb/www.ipreunion.com)

Ce jeudi 13 août 2020, Imaz Press expliquait le risque de multiplication des foyers de contagion Covid-19 après l’apparition du premier cluster à La Réunion. À ce jour 31 personnes ont été contaminées suite à leur participation à un repas de mariage à Sainte-Clotilde, quartier de Saint-Denis. Plusieurs dizaines de convives ont participé aux festivités. Ils ont ensuite vaqué à leurs occupations, contaminant potentiellement d'autres personnes.

Ce risque de multiplication a malheureusement mis moins de 24 heures à se concrétiser, avec l’identification de deux nouveaux foyers de contagion, dont un dans le quartier du Bas de la Rivière, à Saint-Denis.

La situation sanitaire s’aggravant dans la commune, la maire Ericka Bareigts a annoncé, ce jeudi, le report de la rentrée pour 14 établissements scolaires des quartiers du Bas de la Rivière, Sainte-Clotilde et Petite-Île au 24 août. Une mesure exceptionnelle à la hauteur des nouveaux risques auxquels fait désormais face La Réunion.

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Le préfet Jacques Billant a pour sa part décidé, par arrêté, en concertation avec les maires, de rendre obligatoire le port du masque dans certains espaces publics non couverts. Sont concernés : les marchés forains, les abords des établissements scolaires, d’enseignement supérieur, des crèches et les sites les plus fréquentés de chaque commune de l’île.

“Jusqu'à présent, on avait des chaînes de transmission familiales ou de groupes restreints”, explique François Chièze, directeur de la veille et de la sécurité sanitaire à l’Agence régionale de Santé (ARS). “On est maintenant sur un dimensionnement différent. Avec un nombre de cas plus important, il y a obligatoirement un phénomène de ramification et quand vous avez ce phénomène de ramification, les personnes se retrouvent dans des cadres de contact, au travail par exemple, avec d’autres personnes.”

D’où l’identification de deux nouveaux clusters à Saint-Denis, annoncée par le préfecture et l’ARS jeudi soir. À chaque fois l’analyse de l’autorité sanitaire a déterminé qu'une personne positive au coronavirus avait contaminé au moins trois autres personnes sur une période de sept jours. En l’occurrence, ces deux nouveaux foyers regroupent, à ce stade, quatre personnes chacun.

- Le relâchement rédhibitoire -

Il n’aura échappé à personnes que cette recrudescence des cas de Covid-19 et l’identification des premiers clusters à La Réunion interviennent alors qu’une accalmie semblait se profiler pour l’île. Au plus fort de l’épidémie en Métropole et même dans les îles voisines de Mayotte ou Madagascar, La Réunion restait relativement épargnée par le coronavirus.

On pouvait à nouveau craindre une explosion des cas après la fin de l’état d’urgence sanitaire, la levée des restrictions de vol et des périodes d’isolement pour les voyageurs le 10 juillet dernier, mais là encore, La Réunion était passée entre les mailles du filet. Le département a notamment connu cinq jours consécutifs sans nouveau cas positif entre le 26 et le 30 juillet.

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“Il n’est jamais question de paniquer, mais il est question de reprendre les mesures barrière tant que nous avons une circulation virale. On a tous les moyens pour remédier à cette situation en adoptant les gestes barrière, en reprenant le port du masque dans les lieux clos et en extérieur lorsqu’il y a une concentration de population”, insiste le Dr Chièze.

C’est le relâchement de ces mesures qui est, selon lui, à l’origine des premiers clusters réunionnais. “J’ai l’impression que la population a considéré le Covid-19 comme extérieur à La Réunion. L’aspect maladie n’est pas rentré dans les moeurs. Dans de nombreux lieux festifs, on voit bien que les gens ne respectent presque plus les mesures barrière”, constate-t-il.

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- Les test à J+7, point névralgique -

L’autre facteur expliquant ce bond des cas autochtones est évidemment le retour des vacances. Pour rappel, les autorités définissent un cas autochtone comme une personne ayant un lien indirect ou n’ayant aucun lien avec un cas importé. Il est donc possible que des cas autochtones aient contracté le virus par contact indirect avec des cas importés, qui représentent encore 65% de la totalité des dépistages positifs à La Réunion.

La semaine dernière, l’ARS révélait que seuls trois voyageurs sur dix s’étaient soumis à un test de dépistage sept jours après leur arrivée. Un chiffre bien insuffisant pour garantir que les touristes en vacances et les locaux de retour de vacances n’aient pas ramener le virus à La Réunion. Interrogée par Imaz Press, Ericka Bareigts s’est d’ailleurs prononcée en faveur de l’obligation de ces tests pour les voyageurs à J+7.

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“Les outils juridiques ne nous permettent pas de le rendre obligatoire, ce n’est pas de notre ressort, ni celui de la préfecture”, indique François Chièze. Soulignant que “le test à J+7 est absolument indispensable”, il précise également que le taux de voyageurs testés est “en augmentation permanente”. Un moindre mal pour rectifier un signe de relâchement qui n’avait pas lieu d’être.

Pour l’heure une seule personne en lien avec les foyers de contagion est hospitalisée, hors service de réanimation, mais le coronavirus n’en reste pas moins une affection sérieuse. Preuve en est, l’admission en service de réanimation, ce jeudi, d’une femme de 36 ans, sans lien avec les clusters. “Le Covid peut être une maladie grave, même chez les jeunes”, rappelle le Dr Chièze. Le taux d’hospitalisation relativement faible n’est d’ailleurs pas un signe du caractère bénin du coronavirus, mais uniquement de l’affinement de la pratique des professionnels de santé. “On est plus à même d’apprécier si les patient doivent être hospitalisés.”

- Pour éviter la catastrophe, à nos gestes barrière -

S’il ne s'agit pas de semer la peur au sein de la population, il n’y a désormais plus de place au doute : La Réunion est entrée dans une nouvelle étape de la lutte contre le Covid-19, avec un impact réel sur la santé publique, puisque que les personnes sont contaminées dans un nombre plus important et sur une durée courte plus courte. Une étape dont elle avait été exemptée jusqu’ici et qu’il conviendra de surmonter en se servant de l’expérience d’autres territoires où des foyers de contagion ont été identifiés.

Depuis le départ on s’attend à des clusters, on a suivi l’ensemble des prises en charge en France métropolitaine”, affirme François Chièze. “Les leçons, c’est qu’il faut intervenir au plus vite et de façon plus précise. L’objectif est de pouvoir identifier clairement  le nombre de personnes contacts, en téléphonant, en se déplaçant. C’est un élément incontournable pour éviter le maximum de pertes, parce qu’il y a obligatoirement des pertes. En particulier des personnes qui n’osent pas se faire connaître, c’est quelque chose qu’on a vu un peu partout. S’il y a un message à faire passer : c’est de l’intérêt individuel et collectif de se faire connaître lorsqu’on est en lien avec un foyer.”

Conséquence des 64 nouveaux cas de coronavirus recensés ces trois derniers jours, le taux de reproduction du virus, qui indique le nombre de personnes contaminées par un seul malade, a augmenté.  “Les nouveaux cas confirmés n’ont pas modifié le taux de reproduction effectif de façon majeure” nuance néanmoins François Chièze. “Il est en-deçà du seuil de vigilance.”

La Réunion est entrée dans un tournant épidémique, mais il est bien encore temps d’agir. Il en va de la responsabilité de chacun, pour la protection de tous.

aa / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

 

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7 Commentaires
Elle
Elle
3 ans

Quand un cas de covid 19 au travail à au bout du fil un médecin... Qu'il te passe le téléphone pcq il ne comprend pas le français... Quand le médecin au bout du fil ne te dit rien parce que "secret médical" et qu'il faut juste le laisser partir... Quand tu rentres chez toi sans savoir que tu as été en contact avec le virus... Le lendemain l'information circule et là tu te sens con parce que t'as pas pensé à désinfecté tes mains... Que tu dois rester en 14 aine, un test sous 7 jours... Sans voir quiconque...Merci à cette personne et au médecin au téléphone...

Christine, depuis son mobile
Christine, depuis son mobile
3 ans

A moins d'être dans le déni, tout le monde savait que le nombre de cas allait augmenter ! Seulement 30% se font dépister à J+7.
Attendons de voir dans les 15 prochains jours !

Lulucastagnette
Lulucastagnette
3 ans

La mairie de St Denis gère les écoles primaires et reporte la rentrée dans certaines écoles où il y a des cluster identifiés. Pourquoi les autres collectivités qui gèrent les collèges (département) et lycées (région) ne disent rien ? le cluster s'arrête aux barreaux de ces établissements ??? réaction ??? On s'inquiète pour les primaires mais pas pour les collégiens et lycéens ?

Mayaqui, depuis son mobile
Mayaqui, depuis son mobile
3 ans

dégoÃ"tée ...

aterla
aterla
3 ans

Rions pendant qu'il est encore temps... ce matin je voyais un jeune homme qui, dans un magasin, enlevait son masque pour tousser... formidable...

Thomas
Thomas
3 ans

Merci mr serveaux d'avoir inciter la non septaine pour les voyageurs et ainsi croire en la responsabilité de ces personnes !

Jérome
Jérome
3 ans

Trop de gens croient que le virus a pris des vacances et ne veulent rien comprendre.Après si on ne veut pas comprendre on peut aller prendre exemple sur les états américains, avec une épidémie hors de contrôle