C'est le nouveau mode de négociation

J'irai dormir à la Région

  • Publié le 7 août 2018 à 03:00
  • Actualisé le 7 août 2018 à 10:00

Depuis dix jours, la presse et les réseaux sociaux à La Réunion relatent sans relâche le bras de fer qui oppose les futurs étudiants en Carrières sanitaires et sociales et leurs familles à La Région et à moindre mesure à l'Etat. Bras de fer qui tarde à trouver sa résolution, alors que ce lundi 6 août 2018 une nouvelle réunion devait résoudre les dernières lignes nébuleuses. On a bien dit... devait.


Tout ça, pour ça ! Pour arriver à la pseudo solution de ce lundi 6 août, il a fallu que les contestataires décident de camper ce vendredi 4 août dans la Pyramide inversée jusqu’à résolution du conflit, quitte à être privés de lumière, de vivres, d’eau, d’un fauteuil, d’un lit, d’un oreiller…  bref du confort élémentaire offert à tous dans un état civilisé.

Certes, la méthode a presque payé – et c’est bien là qu’est le problème - mais voilà ce qui s’appelle en termes imagés un accouchement dans la douleur. Certains auront apparenté ce choix de négociation au forceps à du chantage, d’autres à un caprice, et d’autres encore à une stratégie du désespoir justifiée. Qu’importe : chacun est libre de son opinion. On ne peut que saluer en tout cas la résolution des jeunes et de leurs familles à se faire entendre de gré ou de force parce qu’il en allait de leur avenir. 

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Il n’y a pas de petits profits…

Les contestataires ont reçu au fil de la semaine un soutien de poids de quelques élus à l’emphase militante. Ou politicienne ?
Là encore, tout dépend du prisme avec lequel on prend l’info. Le but était-il de défendre la jeunesse coûte que coûte ou de rhabiller sur mesure le Président de Région et son équipe en vue des prochaines élections ? Et pourquoi pas les deux à la fois, histoire de joindre l’utile à l’agréable, tant qu’à faire ? Il n’y a pas de petits profits…

Qu’importent les motivations, puisque le but noble, à savoir le financement de la formation de cette jeunesse décidée à réussir, fusse au prix d’une longue séparation d’avec leurs familles et leur territoire, sera sans doute atteint pour certains mais malheureusement pas pour d’autres. Qui auraient dû être avertis du gel des bourses régionales avant d’investir des sommes importantes en frais d’inscription ou en frais de voyage pour aller passer les épreuves.

Depuis des semaines, voire des mois, la communication franche et directe semble avoir pris un coup dans l’aile au service des bourses. Certains étudiants savaient que le temps des vaches grasses était fini, d'autres pas.  Et roulez, petits bolides, vers le conflit larvé : pourquoi n'avoir rien dit ? Distinctement, s'entend.

Côté Région, on affirme vertueusement depuis samedi que la manœuvre d’évitement, sur l’air de " C’est pas moi, c’est l’autre ", n’avait pas d’autre but que de faire plier l’Etat et de l’obliger à écrire noir sur blanc son engagement financier afin de pouvoir – enfin ! - libérer les aides régionales. Dont acte.

Sauf que depuis que la décision a été prise, en fin d’année 2017, de couper les vivres aux formations Carrières sanitaires et sociales en métropole en réponse au désengagement de l’Etat, la Région semble avoir joué l’esquive, tant en ce qui concerne l’information des étudiants de la disette boursière à venir que pour s’en aller chatouiller Ladom aux entournures financières avec l’efficacité qui a pourtant prévalu ce samedi 4 août 2018, dit-on. Après une semaine d’appel urbi et orbi à la revanche dans les prochaines urnes, il est vrai. Ceci expliquant cela ?

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Il y a des "fessées" qui se perdent

Tout ce tintamarre jette un joli discrédit sur la démocratie. Et sur quelques valeurs éducatives défendues coûte que coûte par la plupart des parents responsables : le refus du chantage, du renvoi faux-jeton de la responsabilité sur les autres, de la tentation de jouer au vilain petit rapporteur et, à moindre mesure, de la non-anticipation des problèmes…

Bref, depuis dix jours, on a mis les pleins phares sur la déresponsabilisation politique et étatiques à tous les niveaux, avec, comme seul moyen de négociation possible, le recours à la force, certes maintenue dans les justes limites du droit et des bonnes manières par les étudiants et leurs familles qui n’ont pas fait griller les brochettes sur la moquette. La Région leur en saura gré, on l’espère !

Après les transporteurs, coutumiers du fait, qui bloquent les routes, et les personnels hospitaliers qui s'y sont mis aussi, va-t-on en arriver à une prise d’otages permanente par tous les citoyens qui s’estiment lésés, à juste titre ou pas, par les décisions politiques, juridiques, budgétaires, syndicales, conjugales et on en passe ? N'y a-t-il pas des moyens plus démocratiques d'être écoutés ?

Quel autre modèle présentons-nous à la jeunesse que celui de la négociation au coup de poing, de la démocratie acquise par la rixe ?
Un comble alors qu’au titre de l’éducation bienveillante on a interdit la fessée comme modèle éducatif ! Que l'on nous rabache qu'il faut dia-lo-guer, ex-pli-quer, an-ti-ci-per et ne jamais contrarier sans raison. Là, ce n’est pas pour dire, mais n'y aurait-il pas quelques "fessées" qui se seraient perdues en route pour non respect de l'exigence de communication bienveillante ?

Désormais, c’est acté, dès que le fisc, les flics, notre syndic, notre  garagiste ou/et nos chéri(e)s,  nous embêteront un max, on ira tous dormir à la Région… Na !

ml/www.ipreunion.com

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2 Commentaires
CHABAN
CHABAN
5 ans

Très bon !

Pour les champions de la COM !

By love
By love
5 ans

Le président de region est où? Toujours en vacances? Mdr 😂