Selon le procureur de la République de Saint-Denis Philippe Muller

Affaire BAC-Steve : "le tir n'était pas accidentel mais volontaire"

  • Publié le 19 février 2014 à 18:03

Ce mercredi 19 février 2014, à 17 heures, le procureur de la République Philippe Muller est revenu sur les auditions des quatre policiers de la BAC mis en cause dans l'affaire du Port ayant coûté un oeil au jeune Steve. Il a indiqué que les quatre fonctionnaires ont été mis en examen pour "violences volontaires avec usage d'une arme ayant entraîné une mutilation", et ce avec les circonstances aggravantes de "violences commises en réunion et par des dépositaires de l'ordre public". De plus, l'un des policiers a également été mis en examen pour "non assistance à personne en danger" mais aussi "modification de la scène de crime". Les quatre hommes sont placés sous contrôle judiciaire avec interdiction d'exercer sur la voie publique, de porter une arme, de se rendre sur le territoire du Port et de rencontrer la victime, sa famille et ses proches. Selon le procureur, le tir ayant touché Steve était "un tir volontaire et non pas un tir de dispersion".

Plusieurs zones d’ombres subsistent encore dans le déroulé des faits de cette soirée du samedi 1er février 2014 au Port. Mais les éléments fournis par le procureur Philippe Muller apportent de nouveaux éclairages, pas forcément favorables aux quatre membres de la BAC. Pour la première fois apparaissent en effet les notions de "non assistance à personne danger" et de "modification de la scène de crime". Les faits présumés sont bien d’ordre criminel et donc passibles de la cour d’assise.

Le premier élément apporté par le procureur est que l’un des fonctionnaires de la BAC a bien reconnu avoir tiré, mais avec un "P40", une arme plus puissante qu’un simple flash-ball. Ce dernier maintient cependant la thèse d’un "tir de dispersion". Thèse à laquelle ne croit pas Philippe Muller, pour lequel il s’agit d’un "tir volontaire sur un individu et non pas un tir de dispersion".

Il a ensuite rapporté la version des policiers : "Nous étions à la poursuite d’émeutiers lorsque nous avons été surpris et nous nous sommes retrouvés face-à-face avec un jeune homme", affirment-ils. C’est à ce moment-là que l’un d’entre eux indique avoir tiré, a confié le procureur. Les policiers soutiennent qu’ils ne se seraient alors pas rendus compte de la gravité des blessures de l’adolescent, n’auraient du coup pas estimé qu’il y avait lieu de lui porter assistance et auraient quitté les lieux.

"Récupérer des éléments qui se trouvaient au sol"

Arrive ici une première grosse zone d’ombre. Si l’un des policiers a été mis en examen pour modification de la scène de crime, c’est qu’ils sont ensuite revenus sur les lieux "entre 10 minutes et 1h30 après les faits supposés", et ce afin de "récupérer des éléments qui se trouvaient au sol", a confié Philippe Muller, sans en dire davantage. Mais si les policiers ne se sont réellement pas rendus compte des blessures occasionnées, pourquoi sont-ils revenus sur les lieux ?

Voilà une des questions qui subsistent, mais c’est loin d’être la seule. Steve affirme en effet avoir été passé à tabac. Il dit notamment avoir reçu des coups de pied. D’après le procureur, les policiers reconnaissent avoir maintenu le jeune homme au sol "avec leurs pieds" mais nient l’avoir frappé. Et selon leurs déclarations, cette scène aurait eu lieu après le tir de P40 ayant touché Steve au visage. Comment alors n’auraient-ils pas constaté les blessures sur le visage du lycéen ?

Pas de jet de galet

Ce sont autant de questions "auxquelles il appartiendra au juge d’instruction d’apporter des réponses", a indiqué Philippe Muller. Mais ce dernier considère que "les éléments donnés par les policiers ne sont pas en concordance avec les témoignages d’au moins cinq personnes qui sont concordants entre eux alors que ces témoins ne se connaissent pas".

Par ailleurs, ni ces témoignages, ni les déclarations des policiers ne mentionnent un jet de galet de la part de Steve. Or le procureur a indiqué que le tir de P40 des policiers n’était pas accidentel. Dans ce cas, pourquoi Steve aurait-il alors été spécifiquement visé ? Là encore "c’est une question à laquelle le juge d’instruction devra répondre", a confié Philippe Muller. Pour aider le magistrat à lever ces mystères persistants, une expertise balistique va être menée en métropole et les blessures de Steve vont être de nouveau analysées.

"Ils ne vont pas s'enfuir"

Le procureur de la République de Saint-Denis a également indiqué que deux des fonctionnaires de la BAC mis en cause avaient déjà été impliqués dans des faits de violences en 2009 et en 2011. Les deux affaires s’étaient toutefois soldées par des non-lieux.  Aussi, selon Philippe Muller, "la mise en détention ne se justifiait pas" pour les quatre hommes. Car ceux-ci "n’ont jamais posé de problèmes ni de difficultés disciplinaires", "ne vont pas s’enfuir" et ne risquent pas de "faire pression sur la famille".

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3 Commentaires
claude raye ducon
claude raye ducon
10 ans

la loi c'est la loi ! émeutiers ou pas un flic ne tire pas dans le visage de quelqu'un meurtrier ou pas également....mais bon tous sa n'aurai pas eu lieu si les élues aurait lutter contre l'assistanat et les marchés oligopolistique qui tuent la reunion a tous les niveau social comme culturel!

DANORD
DANORD
10 ans

Mettez vous au travail les flics péi et laissez les grandes personnes faire .
Honte à ces quatre membres de la BAC et le syndicaliste brasseur d'air

Claude RAYE
Claude RAYE
10 ans

le Procureur Muller n'est pas à sa place en prenant fait et cause pour les émeutiers. Il pourrait bien le payer un jour de sa personne.