Piton de la Fournaise

Voilà, c'est fini

  • Publié le 10 avril 2007 à 00:00

Après un peu plus d'une semaine d'une éruption hors normes, le Piton de la Fournaise s'est éteint ce mardi 10 avril 2007. De mémoire de volcanologue, jamais une telle intensité n'avait été observée sur les pentes du volcan. Les habitants du Tremblet (Saint-Philioppe) en ont eu leur compte d'angoisse tandis que les scientifiques vont analyser l'affaissement de plus de 300 mètres du Dolomieu et les dizaines d'espèces de cadavres poissons étranges péchés au large de Saint-Philippe.

Aussi fulgurante qu'intense, l'éruption du Piton de la Fournaise s'est achevée ce mardi 10 avril 2007 à) 12 heures 30 après plus de dix jours d'activité. De mémoire de beaucoup Réunionnais, on n'avait "jamais vu ça" et jamais, depuis sa création en 1979, l'observatoire du volcan n'avait observé une telle intensité.
Avec plus de 1 000 séismes en 24 heures enregistrés au plus fort de la crise, une telle éruption ne serait observée que tous les cent ou deux cents ans dans l'île. Pourtant, elle avait commencé "gentiment". En effet, vendredi 30 mars à 23 heures, le Piton de la Fournaise entrait en éruption et se taisait le lendemain samedi à 8 heures. Mais comme l'indiquait tous les appareils de l'observatoire volcanologique, la crise était loin d'être terminée. Des séismes étaient en effet toujours enregistrés en sous-sol. De fait, lundi 2 avril à 10 heures, la Fournaise était de nouveau en éruption.

Air pollué

À partir de là, les évènements se sont déroulés à une vitesse aussi grande que la puissance du volcan. Deux bras de lave ont traversé la route et atteint mer ce même jour et dès le lendemain, les volcanologues de l'observatoire du volcan évoquaient un très probable effondrement du cratère principal, le Dolomieu.
Le débit de lave, le trémor et la sismicité allant croissant, les habitants du Tremblet étaient prévenus dès le mercredi d'une possible évacuation de leurs habitations. Sur le qui-vive, ils assistaient, partagés entre l'angoisse et la fascination, aux frasques d'un volcan qu'ils n'avaient jamais vu dans un tel état.
Nombre d'entre eux avaient quitté leur logement le jeudi tandis que l'air devenait irrespirable aux abords des coulées : soufre, acide chlorhydrique et pluies de cendres le polluaient l'atmosphère. Des émanations de gaz volcanique ont été relevées dans quasiment toute l'île jusqu'au dimanche. Les concentrations en dioxyde de soufre pouvaient dépasser les 300 microgrammes par mètre cube d'air et par heure sur certaines zones.

Fausse alerte au Tremblet

Dans la journée de vendredi, une fausse alerte a entraîné l'évacuation de toutes les habitations du Tremblet. Dans la soirée, les habitants ont pu regagner leurs maisons et en ont étaient quitte pour une bonne frayeur. La plupart d'entre eux avaient d'ailleurs préféré dormir chez des proches. Une dizaine de Saint-Philippois a même passé la nuit dans un des centres d'accueil mis en place par la mairie. Le samedi, ils ont finalement regagné leur logement dans un décor de fin du monde.

Le Dolomieu s'effondre

Et pendant qu'ils paniquaient, le Dolomieu s'affaissait. Une reconnaissance menée le samedi matin a permis de constater ce que les volcanologues prévoyaient depuis le début : le Dolomieu s'est effondré. Son plancher s'est affaissé de plus de 300 mètres, laissant place à un décor d'apocalypse. Le majestueux cratère ne sera jamais plus comme avant.

Nombreuses questions

Dans la journée de dimanche 8 avril, une autre découverte de taille a aiguisé la curiosité des scientifiques. Partie filmer les flots au pied de l'éruption, une équipe de tournage a découvert des centaines de cadavres de poissons étranges flottant à la surface.
Le lendemain, des spécialistes de l'aquarium de Saint-Gilles se sont rendus sur place et ont prélevé plusieurs centaines de spécimens provenant d'une trentaine d'espèces dont certaines inconnues. Ils viendraient des profondeurs mais pour le moment, ce sont des heures d'étude et d'analyse qui attendent les scientifiques. Car sur tous les plans, les inconnues restent nombreuses. Pour l'instant, le phénomène n'a jamais été observé et des questions subsistent : des coulées se sont-elles déversées en profondeur? Des explosions se sont-elles produites? Des poches de gaz se seraient-elles libérées? Quel type de phénomène peut avoir de telles répercussions à des centaines de mètres de profondeur comme cela semble être le cas?
Cette éruption d'avril 2007 restera, à n'en pas douter, dans les annales - d'autant que l'observatoire du volcan n'exclut pas une reprise de l'activité. Mais surtout, elle n'a pas fini de livrer ses secrets.
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