Photographe amateur passionné

Nicolas Villeneuve : l'atout maître de l'observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise

  • Publié le 17 février 2019 à 13:32
  • Actualisé le 17 février 2019 à 15:23

Le volcan n'a aucun secret pour lui. Nicolas Villeneuve est maître de conférences et collaborateur à l'observatoire volcanologique, le Géant de feu, il l'a survolé, arpenté et surtout photographié sous tous les angles. Sa passion pour la photo ne s'arrête pas au volcan. Car elle née avant même qu'il ne s'intéresse au Dolomieu. Aujourd'hui, Nicolas Villeneuve capture des tranches de vie, ces moments fugaces qui font notre quotidien. Et notre photographe amateur passionné du jour a une particularité assez originale, c'est au smartphone qu'il pratique son art.

Une passion née au hasard des rencontres

Celui qui lui a mis le pied à l’étrier, c’est son père " il faisait beaucoup de photos dans les années 70 " explique le quadragénaire. Bien sûr, c’était de l’argentique, peut-être ce qui explique la fascination de Nicolas Villeneuve pour la pellicule " j’aimais bien toutes ces boîtes avec ces photos balancées pêle-mêle " se souvient-il.

À cette époque, Nicolas Villeneuve ne pratique pas encore. Mais la photographie l’attire déjà. Il faudra un grand bond dans le temps pour qu’elle pique à nouveau sa curiosité. C’est en 1998, Nicolas Villeneuve n’est pas encore " Monsieur Volcan ", il finit sa thèse à l’observatoire et assiste à ce qu’il qualifie de " la plus belle éruption ". Ce jour là, dans l’enclos, il rencontre plusieurs photographes professionnels, il les regarde travailler, les écoute. Sans le savoir, ces photographes lui transmettent le virus.

La rencontre déterminante, c’est celle avec Rémy Tézier. Nicolas Villeneuve participe à un tournage, pour le remercier, le réalisateur lui offre un boîtier. C’est là que tout commence " Rémy m’offre ce boîtier et 2-3 mois après, je me fais cambrioler. On me vole l’appareil. Ça m’a réellement attristé alors pour me " venger ", j’ai acheté deux fois plus de matériel ". Ça le taraudait depuis quelques temps et c’est à ce moment précis que Nicolas Villeneuve commence à faire de la photographie.

Petit à petit, l'oiseau fait son nid 

À la fin de sa thèse à l’observatoire, il fait essentiellement des photos du volcan. Puis il élargit ses horizons : marche sur le feu, paysages, animalier… Un jour, Roland Bénard " l’un des meilleurs photographes de l’île " précise-t-il, le contacte. " Il avait besoin d’un assistant alors je l’ai accompagné, il m’a montré les bases du métier, son champ était très large, des mariages, du portrait, des paysages… il m’a appris tellement " se souvient-il.

Puis une période de chômage d’une année, Nicolas Villeneuve s’inscrit en tant que photographe professionnel " je bosse pour des magazines locaux. Actualité, magazine, people, portait, santé, je fais de tout, c’est assez formateur ". Si il n'avait pas été maître de conférence et collaborateur à l'observatoire, il se serait sans doute tourné vers le métier de photographe de presse.

Nicolas Villeneuve devient chercheur à l’observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise, il n’a plus besoin de la " photo alimentaire ". En parallèle de ses voyages où il continue à faire de la photographie animalière, paysagère… Il se rend compte que la photo est un plus dans son travail, pour la science. " Grâce à des photographies aériennes, je reconstitue la topographie du Volcan ou de certains cours d’eau. Cela permet de voir leur évolution dans le temps. J’arrive à extraire des volumes de lave, à voir la construction d’un relief. " Un atout très utile même si " Monsieur Volcan" reste modeste " je n’ai rien inventé, la première campagne de ce type date de 1949 ! " précise-t-il.

Au smartphone

Ces photos aériennes du volcan, c’est ce qui explique le fait que Nicolas Villeneuve se soit tourné vers le smartphone " le matériel était lourd et contraignant et en plus, je l’utilisais dans des conditions particulières. Il a fallu réfléchir. Le smartphone est toujours là et c’est un outil performant et non encombrant. Ça me rappelle même la pellicule parfois. " Le photographe passionné a donc acheté des équipements, un grand angle, un fisheye… Ce qui l’intéresse, c’est la matière " un carreau de ciment, des plantes… Je m’amuse et je trouve que l’outil est assez bien foutu " sourit-il.

Parmi ses photos favorites

L’une de ses plus belles photos, il l'a prise en septembre 2016, pendant une éruption. Un ami le prévient qu’il y aura un lever de lune, plein axe en regardant vers l’Est " c’était une photo préparée, appareil, pied etc, j’étais à l’intérieur de l’enclos, à 300 mètres de l’éruption en face de Piton Partage ", le scientifique se rappelle de tous les détails, une photo dans de telles conditions marque forcément.

La prise de vue plutôt que la photo en elle-même

Prendre des photos a d’ailleurs un effet apaisant " j’ai parfois un peu peur en ULM, prendre des photos me calme, me détend " explique-t-il.

Hormis le smartphone, Nicolas Villeneuve a encore des appareils photos " classiques " " j’ai même un appareil photo argentique, il m’arrive d’en faire quelques unes que je ne développe jamais, vous verriez le nombre de pelloches qu’il y a dans mon frigo " s’amuse-t-il.

Vous l’aurez compris, l’argentique, c’est sa madeleine de Proust " l’argentique, c’était beaucoup de réflexion, ce que j’aimais, c’était de me mettre en condition de prise de vue. Ce n’est pas la photo en elle-même. C’est la prise de vue qui me plaît le plus. Au passage au numérique, j’ai beaucoup perdu sur la qualité de mes photos, aujourd‘hui, on est dans le sur-déclenchement ".

Des photos, Nicolas Villeneuve en fera sans doute ces prochains jours. Le Géant de feu montre des signes de réveil, on ne sait pas encore quand, mais il est possible qu’une éruption se produise incessamment. Et il est aussi possible que vous aperceviez Nicolas Villeneuve dans les airs ou sur terre, smartphone à la main… 

fh/www.ipreunion.com

guest
0 Commentaires