Elles sont entre 300 et 400 à mourir sur les plages tous les ans

Une pétition contre le braconnage des tortues à Mayotte

  • Publié le 11 février 2019 à 02:58
  • Actualisé le 11 février 2019 à 06:20

Le braconnage des tortues de mer à Mayotte n'est pas une nouveauté. Mais il augmente de manière inquiétante, malgré les efforts conjoints des acteurs qui oeuvrent pour la protection des espèces protégées. Les braconniers sont de plus en plus organisés, "en réseau, comme des trafiquants de drogue". L'association Oulanga na Nyamba (Environnement et tortue) a donc lancé une pétition sur Change.fr pour alerter le Ministère de la transition écologique et solidaire. Elle demande notamment à ce que l'État engage plus de moyens humains. En quatre jours, elle a recueilli plus de 1.260 signatures.

"Nous avons un phénomène de braconnage à Mayotte, depuis près d'une vingtaine d'années. Il est très important et très préoccupant," explique Franck Charlier, syndicaliste au SNE-FSU (Syndicat national environnement) à Mayotte, chargé de lutter contre les braconniers. D’après le REMMAT (Réseau d’Echouage Mahorais de Mammifères marins et de Tortues marines), plus de 230 tortues ont été braconnées à Mayotte en 2016, et près de 300 en 2015. En sachant que ce réseau "n'échantillonne que la partie visible de l’iceberg. Les braconniers peuvent cacher les carapaces ou les jeter en mer," soupire Franck Charlier.

Un situation dramatique qui ne cesse de se dégrader selon Oulanga na Nyamba, une association qui oeuvre depuis plus de vingt ans pour les tortues mahoraises. "L'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) a quitté l’île en 2013-2014. Il n'est plus présent et c'était lui l'opérateur spécialisé dans la lutte contre ces atteintes à la biodiversité," explique un membre de l'association.

"Il est présent dans tous les départements français, sauf à Mayotte," déplore le Franck Charlier. De même, "les deux principales plages de ponte de Mayotte, Moya et Saziley étaient auparavant surveillées par des gardes du Conseil départemental, poursuit un membre de l'association Oulanga na Nyamba. Depuis quatre ans, il n'y a plus personne sur Saziley et il y a des problèmes sur Moya avec des cas de braconnages."

Des braconniers "organisés en réseau, comme des trafiquants de drogue"

"Les moyens de l'Etat sont insuffisants, estime le syndicaliste. Les forces de l’ordre ont d’autres missions. Nous ne sommes que 7 agents dédiés à la lutte contre le braconnage…" Sept agents pour surveillés une cinquantaine de plages où viennent pondre les animaux. Bien trop peu… D'autant plus que "les braconniers ont changé de stratégie, témoigne un membre de l'association Oulanga na Nyamba. Ils sont aujourd'hui organisés en réseau, comme des trafiquants de drogue. Ce sont de véritables filières: ils vont en nombre sur les plages et sont agressifs." Il y quelques années, la présence seule de bénévoles sur les plages effrayaient les braconniers. Ce n'est plus le cas maintenant.

En 2017, la réglementation s'est durcie et les contrevenants risquent désormais entre un et deux ans de prison ferme et jusqu'à 150.000 euros d'amende. Mais la loi est peu appliquée et seules quatre à six affaires parviennent jusqu'au tribunal chaque année.

La pétition, lancée par Oulanga na Nyamba réclame donc des moyens humains conséquents et le retour sur l'île de l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS).

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Une viande chère consommée de manière confidentielle

A Mayotte, la viande de tortue est consommée de manière confidentielle, "en petit comité, par des hommes avec de l’alcool. Les familles ne mangent pas des tortues," précise Franck Charlier.

Sur le marché noir, cette viande peut se vendre entre 10 et 15 euros le kilo et peut monter jusqu'à 30-40 euros. "Tout dépend de l'offre et de la demande, remarque un membre de l'association Oulanga na Nyamba. Elle a beaucoup augmenté, surtout en comparaison avec le prix du poisson qui se vend entre 5 à 7 euros le kilo." La tortue est donc une viande de luxe et peu peuvent se le permettre. "Quand un braconnier égorge une tortue il en tire dans les 60 à 80 kilos. Récemment nous avons interpellé deux braconniers qui en avaient tué deux : ils transportaient plus de 100 kilos de viande," raconte Franck Charlier.

A La Réunion, les menaces sur les tortues sont autres

A La Réunion, la situation est très différente. Les plages sont moins nombreuses et beaucoup plus urbanisées. Les tortues ont quasiment déserté. "Seulement deux femelles viennent pondre chaque année et sous haute surveillance, explique Stéphane Ciccione, directeur de Kelonia l'observatoire des tortues marines. Leurs traces sont effacées pour protéger les œufs, les nids sont cachés voire déplacés s’ils sont menacés par la houle."

Les tortues, sont protégées et choyées depuis les années 80 et le dernier cas connu de braconnage remonte à six ans. Les principales menaces qui pèsent sur elles sont dû à la pollution plastique, les filets, fils de pêche et les hameçons.

nt/www.ipreunion.com

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10 Commentaires
Amiridine
Amiridine
4 ans

J'ais une solution pour le site naturel protégé charifou s'il y a moyen de financement.

Louna
Louna
5 ans

Ils faut les protéger... important les sont tellement belles.

Clo
Clo
5 ans

Et vous trouvez qu'il y a trop de fonctionnaires ?

Dan
Dan
5 ans

Il faut interdire le braconnage de ces magnifiques tortues à tout prix sinon cette espèce aussi va disparaître de notre planète ? Il faut agir de toute urgence

laura
laura
5 ans

Qu'est-ce que j'en pense?N'est-ce pas évident?

somny54
somny54
5 ans

Stop le massacre des tortues
Il faut absolument préserver cette espèce marine qui rencontre encore d'autres difficultés de plus que le braconnage, une prise de conscience de la par des gens de Mayotte svp

Magique
Magique
5 ans

Stop. Boycotte des sous développés humains

Pat
Pat
5 ans

Mettre l'arme ils sauveraient 300 a 400 tortues , et cela leurs feraient de l'exercice !.

Freddo
Freddo
5 ans

Il faut absolument préserver cette espèce marine qui rencontre encore d'autres difficultés de plus que le braconnage, celui du plastique qu'elle essaye d'ingérer en mer.

Camille38
Camille38
5 ans

Je comprend pas que des gens s'amuse encore à tuer de pauvre bête qu'est ce qu'ils cherchent ? C'est pas possible qu'en 2019 on en soit encore là c'était tellement triste et je me sente impuissante fasse à tout ces gens qui détruisent la vie sur la planète et qu'ils n'ont aucune punition